Exhortation apostolique post-synodale « Ecclesia in Medio Oriente » du pape Benoît XVI aux patriarches, aux évêques, au clergé, aux personnes consacrées et aux fidèles laïcs sur l’Église au Moyen-Orient, communion et témoignage

INTRODUCTION

1. L’Église au Moyen-Orient qui, depuis
l’aurore de la foi chrétienne, pérégrine
sur cette terre bénie, continue aujourd’hui avec
courage son témoignage, fruit d’une vie de communion
avec Dieu et avec le prochain. Communion
et témoignage ! Telle a été en effet la conviction qui
a animé l’Assemblée spéciale du Synode des Évêques
pour le Moyen-Orient, réunie autour du successeur
de Pierre du 10 au 24 octobre 2010, sur
le thème : L’Église catholique au Moyen-Orient,
communion et témoignage. « La multitude de ceux
qui étaient devenus croyants avait un seul coeur et une seule
âme » (Ac 4, 32).

2. Au début de ce troisième millénaire, je souhaite
confier cette conviction qui puise sa force
dans le Christ-Jésus, à la sollicitude pastorale de
l’ensemble des Pasteurs de l’Église une, sainte,
catholique et apostolique, et de manière plus particulière
aux vénérés frères Patriarches, Archevêques
et Évêques qui veillent ensemble, en union
avec l’Évêque de Rome, sur l’Église catholique
au Moyen-Orient. Dans cette région vivent des
fidèles natifs appartenant aux vénérables Églises
orientales catholiques sui iuris : l’Église patriarcale
d’Alexandrie des Coptes ; les trois Églises patriarcales
d’Antioche : celle des Grecs-melkites, des
Syriaques et des Maronites ; l’Église patriarcale
de Babylone des Chaldéens et celle de Cilicie des
Arméniens. Y vivent également des Évêques, des
prêtres et des fidèles appartenant à l’Église latine.
Sont présents aussi des prêtres et des fidèles venus
d’Inde des Archevêchés majeurs d’Ernakulam-
Angamaly des Siro-malabars et de Trivandrum
des Siro-malankars, et des autres Églises orientales
et latine d’Asie et d’Europe de l’Est, ainsi que de
nombreux fidèles venus d’Éthiopie et d’Érythrée.
Ensemble, ils témoignent de l’unité de la foi dans
la diversité de leurs traditions. Je veux aussi confier
cette conviction à tous les prêtres, religieux et religieuses,
et fidèles laïcs moyen-orientaux, persuadé
qu’elle animera le ministère ou l’apostolat de chacun
dans son Église respective, selon le charisme
qui lui a été accordé par l’Esprit, pour l’édification
de tous.

3. Au regard de la foi chrétienne, « la communion
est la vie même de Dieu qui se communique
dans l’Esprit Saint, par Jésus-Christ ». [1] Elle est un
don de Dieu qui interpelle notre liberté et attend
notre réponse. C’est justement en raison de son
origine divine que la communion a une portée
universelle. Si elle interpelle de façon impérative
les chrétiens, en raison de leur foi apostolique
commune, elle n’en demeure pas moins ouverte à
nos frères juifs et musulmans, et à toutes les personnes,
qui elles aussi, sous des formes diverses,
sont ordonnées au Peuple de Dieu. L’Église catholique
au Moyen-Orient sait qu’elle ne pourra
pas manifester pleinement cette communion aux
plans oecuménique et interreligieux si elle ne la
ravive pas avant tout en elle-même et au sein de
chacune de ses Églises, parmi tous ses membres :
patriarches, évêques, prêtres, religieux, consacrés
et laïcs. L’approfondissement de la vie de foi individuelle
et le renouveau spirituel interne à l’Église
catholique permettront la plénitude de la vie de
grâce et la theosis (la divinisation de l’homme). [2]
Ainsi crédibilité sera donnée au témoignage.

4. L’exemple de la première communauté de
Jérusalem peut servir de modèle pour renouveler
l’actuelle communauté chrétienne afin d’en faire
un espace de communion pour le témoignage.
En effet, les Actes des Apôtres livrent une première
description, simple et saisissante, de cette
communauté qui est née le jour de la Pentecôte :
une multitude de croyants ayant un seul coeur
et une seule âme. Il existe, dès l’origine, un lien
fondamental entre la foi en Jésus et la communion
ecclésiale indiqué par les deux expressions
interchangeables : un seul coeur et une seule âme.
La communion n’est donc point le résultat d’une
construction humaine. Elle est générée avant tout
par la force de l’Esprit-Saint qui crée en nous la
foi opérant par la charité (cf. Ga 5,6).

5. Selon les Actes, l’unité des croyants se reconnaît
au fait qu’« ils étaient assidus à l’enseignement
des Apôtres et à la communion fraternelle, à la
fraction du pain et aux prières » (2, 42). L’unité
des croyants se nourrit donc de l’enseignement
des Apôtres (l’annonce de la Parole de Dieu)
auquel ils répondent par une foi unanime, de la
communion fraternelle (le service de la charité),
de la fraction du pain (l’Eucharistie et l’ensemble
des sacrements), et de la prière personnelle et
communautaire. C’est sur ces quatre piliers que la
communion et le témoignage se fondent au sein
de la première communauté des croyants. Puisse
l’Église, présente de manière ininterrompue
au Moyen-Orient depuis les temps apostoliques
jusqu’à nos jours, trouver dans l’exemple de cette
communauté, les ressources nécessaires pour
maintenir vifs en elle la mémoire et le dynamisme
apostolique des origines !

6. Les participants de l’Assemblée synodale ont
expérimenté l’unité au sein de l’Église catholique,
dans la grande diversité des contextes géographiques,
religieux, culturels et sociopolitiques. La foi
commune se vit et se déploie admirablement bien
dans la diversité de ses expressions théologique,
spirituelle, liturgique et canonique. Comme mes
prédécesseurs sur le Siège de Pierre, je renouvelle
ici ma volonté de « conserver religieusement et
[de] promouvoir les rites des Églises orientales qui
sont patrimoine de l’Église du Christ tout entière,
dans lequel resplendit la tradition qui vient des
Apôtres par les Pères et qui affirme dans la variété
la divine unité de la foi catholique », [3] et j’assure
mes frères latins de mon affection attentive à leurs
besoins et nécessités selon le commandement de
la charité qui préside tout, et selon les normes du
droit.

PREMIÈRE PARTIE

« Nous rendons grâces à Dieu à tout moment pour vous tous,
en faisant mention de vous sans cesse dans nos prières.
 »
(1 Th 1, 2)

7. Par cette action de grâce de saint Paul, je
désire saluer les chrétiens qui vivent au Moyen-
Orient les assurant de ma prière fervente et continue.
L’Église catholique, et avec elle l’ensemble
de la communauté chrétienne, ne les oublie pas
et reconnaît avec gratitude leur noble et antique
contribution à l’édification du Corps du Christ.
Elle les remercie pour leur fidélité et les assure de
son affection.

Le contexte

8. C’est avec émotion que je me souviens de mes
voyages au Moyen-Orient. Terre choisie de manière
particulière par Dieu, elle fut arpentée par les
Patriarches et les Prophètes. Elle servit d’écrin de
l’Incarnation du Messie, elle vit se dresser la croix
du Sauveur, et elle fut témoin de la Résurrection
du Rédempteur et de l’effusion de l’Esprit-Saint.
Parcourue par les Apôtres, des saints et plusieurs
Pères de l’Église, elle fut le creuset des premières
formulations dogmatiques. Pourtant, cette terre
bénie et les peuples qui y habitent, expérimentent
de manière dramatique les convulsions humaines.
Que de morts, que de vies saccagées par l’aveuglement
humain, que de peurs et d’humiliations !
Il semblerait qu’il n’y ait pas de frein au crime de
Caïn (cf. Gn 4, 6-10 ; 1 Jn 3, 8-15) parmi les fils
d’Adam et d’Ève créés à l’image de Dieu (cf. Gn
1, 27). Le péché adamique consolidé par la faute
de Caïn ne cesse de produire épines et chardons
(cf. 3, 18) aujourd’hui encore. Qu’il est triste de
voir cette terre bénie souffrir dans ses enfants qui
s’entredéchirent avec acharnement, et meurent !
Les chrétiens savent que seul Jésus, étant passé
par les tribulations et la mort pour ressusciter,
peut apporter le salut et la paix à tous les habitants
de cette région du monde (cf. Ac 2, 23-24. 32-33).
C’est lui seul, le Christ, le Fils de Dieu, que nous
proclamons ! Repentons-nous donc et convertissons-
nous « afin que les péchés soient effacés et
qu’ainsi le Seigneur fasse venir le temps du répit »
(Ac 3, 19-20a).

9. Selon les Saintes Écritures, la paix n’est pas
seulement un pacte ou un traité qui favorise une
vie tranquille, et sa définition ne peut être réduite
à une simple absence de guerre. La paix signifie
selon son étymologie hébraïque : être complet,
être intact, achever une chose pour rétablir l’intégrité.
Elle est l’état de l’homme qui vit en harmonie
avec Dieu, avec lui-même, avec son prochain
et avec la nature. Avant d’être extérieure, la
paix est intérieure. Elle est bénédiction. Elle est le
souhait d’une réalité. La paix est tellement désirable
qu’elle est devenue une salutation au Moyen-
Orient (cf. Jn 20, 19 ; 1 P 5, 14). La paix est justice
(cf. Is 32, 17) et saint Jacques dans sa Lettre ajoute
 : « Un fruit de justice est semé dans la paix pour
ceux qui produisent la paix » (3, 18 ; cf. Is 32, 17).
Le combat prophétique et la réflexion sapientielle
étaient une lutte et une exigence en vue de la paix
eschatologique. C’est vers cette paix authentique
en Dieu que le Christ nous conduit. Il en est la
seule porte (Jn 10, 9). C’est cette porte unique que
les chrétiens désirent franchir.

10. C’est en commençant par se convertir soimême
à Dieu, par vivre le pardon dans son entourage
proche et communautaire, que l’homme
de bien pourra répondre à l’invitation du Christ à
devenir « fils de Dieu » (cf. Mt 5, 9). Seul l’humble
goûtera les délices d’une paix insondable (cf. Ps
37, 11 ; Pr 3, 2). En inaugurant pour nous l’être
en communion avec Dieu, Jésus crée la véritable
fraternité, non la fraternité défigurée par le péché.
 [4] « C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des
deux … il a fait un seul peuple … il a fait tomber
ce qui les séparait, le mur de la haine … » (Ep 2,
14). Le chrétien sait que la politique terrestre de
la paix ne sera efficace que si la justice en Dieu et
entre les hommes en est la base authentique, et si
cette même justice lutte contre le péché qui est à
l’origine de la division. C’est pourquoi l’Église désire surmonter toute distinction de race, de sexe
et de niveau social (cf. Ga 3, 28 ; Col 3, 11) sachant
que tous ne font qu’un dans le Christ qui est
tout en tous. C’est pourquoi aussi l’Église soutient
et encourage tout effort en vue de la paix dans
le monde et au Moyen-Orient en particulier. De
diverses manières, elle ne ménage pas ses efforts
pour aider les hommes à vivre en paix et elle favorise
aussi l’arsenal juridique international qui la
consolide. Les positions du Saint-Siège sur les différents
conflits qui meurtrissent dramatiquement
la région, et celle sur le Statut de Jérusalem et des
Lieux saints sont largement connues. [5] Cependant,
l’Église n’oublie pas qu’avant tout, la paix est un
fruit de l’Esprit (cf. Ga 5, 22) qu’il ne faut cesser
de demander à Dieu (cf. Mt 7, 7-8).

La vie chrétienne et oecuménique

11. C’est dans ce contexte contraignant, instable
et actuellement enclin à la violence, que Dieu a
permis l’épanouissement de son Église. Elle y vit
dans une multiformité remarquable. Avec l’Église
catholique, sont présentes au Moyen-Orient de
très nombreuses et vénérables Églises auxquelles
se sont ajoutées des communautés ecclésiales
d’origine plus récente. Cette mosaïque requiert un
effort important et constant pour favoriser l’unité,
dans le respect des richesses propres, afin de
raffermir la crédibilité de l’annonce de l’Évangile
et le témoignage chrétien. [6] L’unité est un don de
Dieu qui naît de l’Esprit et qu’il faut faire croître
avec une patiente persévérance (cf. 1 P 3, 8-9).
Nous savons qu’il est tentant, lorsque des divisions
nous opposent, de ne faire appel qu’au seul
critère humain oubliant les sages conseils de saint
Paul (cf. 1 Co 6, 7-8). Il exhorte : « Appliquez-vous
à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est
la paix » (Ep 4, 3). La foi est le centre et le fruit
du véritable oecuménisme. [7] C’est elle qu’il faut
commencer par approfondir. L’unité surgit de la
prière persévérante et de la conversion qui fait vivre
chacun selon la vérité et dans la charité (cf.
Ep 4, 15-16). Le Concile Vatican II a encouragé
cet ‘oecuménisme spirituel’ qui est l’âme du véritable
oecuménisme. [8] La situation du Moyen-Orient
est elle-même un appel pressant à la sainteté de
vie. Les martyrologes attestent que des saints et
des martyrs de toute appartenance ecclésiale, ont
été – et certains le sont aujourd’hui – des témoins
vivants de cette unité sans frontière dans le Christ
glorieux, avant-goût de notre ‘être réunis’ comme
peuple finalement réconcilié en Lui. [9] C’est pourquoi
à l’intérieur même de l’Église catholique, il
faut consolider la communion qui donne un témoignage
de l’amour du Christ.

12. Sur la base des indications du Directoire
oecuménique, [10] les fidèles catholiques peuvent promouvoir
l’oecuménisme spirituel dans les paroisses,
les monastères et les couvents, dans les instituts
scolaires et universitaires, et dans les séminaires.
Les pasteurs auront soin d’habituer les fidèles à
être des témoins de la communion dans tous les
domaines de leur vie. Cette communion n’est certes
pas une confusion. Le témoignage authentique
demande la reconnaissance et le respect de l’autre,
une disposition au dialogue en vérité, la patience
comme une dimension de l’amour, la simplicité et
l’humilité de celui qui se reconnaît pécheur devant
Dieu et le prochain, la capacité de pardon, de réconciliation
et de purification de la mémoire, à un
niveau personnel et communautaire.

13. J’encourage le travail des théologiens qui inlassablement
oeuvrent pour l’unité, tout comme je
salue les activités des Commissions oecuméniques
locales qui existent à différents niveaux, et l’activité
de communautés diverses qui prient et agissent
en faveur de l’unité tant désirée, en promouvant
l’amitié et la fraternité. Dans la fidélité aux origines
de l’Église et à ses traditions vivantes, il est
important également de se prononcer d’une seule
voix sur les grandes questions morales à propos
de la vérité humaine, de la famille, de la sexualité,
de la bioéthique, de la liberté, de la justice et de la
paix.

14. Par ailleurs, il existe déjà un oecuménisme diaconal
dans le domaine caritatif et éducatif entre
les chrétiens des différentes Églises, et ceux des
Communautés ecclésiales. Et le Conseil des Églises
du Moyen-Orient, qui regroupe les Églises
des diverses traditions chrétiennes présentes dans
la région, offre un bel espace à un dialogue qui
pourra se dérouler dans l’amour et le respect réciproque.

15. Le Concile Vatican II indique que pour être
efficace, le cheminement oecuménique doit se
faire « par la prière d’abord, par l’exemple de vie,
par une religieuse fidélité aux anciennes traditions
orientales, par une meilleure connaissance mutuelle,
par la collaboration et l’estime fraternelle
des choses et des hommes ». [11] Il conviendrait surtout
que tous reviennent encore davantage vers
le Christ lui-même. Jésus unit ceux qui croient en
Lui et qui l’aiment en leur donnant l’Esprit de son
Père ainsi que Marie, sa mère (cf. Jn 14, 26 ; 16, 7 ;
19, 27). Ce double don, de niveau différent, peut
aider puissamment et il mérite une attention plus
grande de la part de tous.

16. L’amour commun pour le Christ « qui n’a
commis aucune faute et en qui il n’y a aucune
fourberie » (cf. 1 P 2, 22) et « les liens étroits » [12] entre
les Églises d’Orient qui ne sont pas en pleine
communion avec l’Église catholique, pressent au
dialogue et à l’unité. Dans divers cas, les catholiques
sont liés aux Églises d’Orient qui ne sont pas
en pleine communion par des origines religieuses
communes. Pour une pastorale oecuménique renouvelée,
en vue d’un témoignage commun, il est
utile de bien comprendre l’ouverture conciliaire
vers une certaine communicatio in sacris pour les
sacrements de la pénitence, de l’eucharistie et de
l’onction des malades, [13] qui n’est pas seulement
possible, mais qui peut être recommandable dans
certaines circonstances favorables, selon des normes
précises et avec l’approbation des autorités
ecclésiastiques. [14] Les mariages entre fidèles catholiques
et orthodoxes sont nombreux et ils demandent
une particulière attention oecuménique. [15]
J’encourage les Évêques et les Éparques à appliquer,
dans la mesure du possible, et là où ils existent,
les accords pastoraux pour promouvoir peu
à peu une pastorale oecuménique d’ensemble.

17. L’unité oecuménique n’est pas l’uniformisation
des traditions et des célébrations. Avec l’aide
de Dieu, je suis certain que, pour commencer, des
accords pourront être trouvés pour une traduction
commune de la Prière du Seigneur, le Notre
Père, dans les langues vernaculaires de la région,
là où cela est nécessaire. [16] En priant ensemble
avec les mêmes paroles, les chrétiens reconnaîtront
leur enracinement commun dans l’unique
foi apostolique, sur laquelle se fonde la recherche
de la pleine communion. Par ailleurs, l’approfondissement
commun de l’étude des Pères orientaux
et latins comme celui des traditions spirituelles
respectives, pourrait y aider puissamment dans
l’application correcte des normes canoniques qui
régulent cette matière.

18. J’invite les catholiques du Moyen-Orient à
cultiver les relations avec les fidèles des diverses
Communautés ecclésiales présentes dans la région.
Différentes initiatives conjointes sont possibles.
Une lecture ensemble de la Bible ainsi que
sa diffusion pourraient, par exemple, ouvrir ce
cheminement. Des collaborations particulièrement
fécondes dans le domaine des activités caritatives
et de la promotion des valeurs de la vie
humaine, de la justice et de la paix pourraient, par
ailleurs, se développer ou s’approfondir. Tout cela
contribuera à une meilleure connaissance réciproque
et à la création d’un climat d’estime, qui sont
les conditions indispensables pour promouvoir la
fraternité.

Le dialogue interreligieux

19. La nature et la vocation universelle de l’Église
exigent qu’elle soit en dialogue avec les membres
des autres religions. Ce dialogue est fondé
au Moyen-Orient sur les liens spirituels et historiques
qui unissent les chrétiens aux juifs et aux
musulmans. Ce dialogue, qui n’est pas d’abord
dicté par des considérations pragmatiques d’ordre
politique ou social, repose avant tout sur des
fondements théologiques qui interpellent la foi.
Ils proviennent des Saintes Écritures et sont clairement
définis dans la Constitution dogmatique
sur l’Église, Lumen gentium, et dans la Déclaration
sur les relations de l’Église avec les religions non
chrétiennes, Nostra aetate. [17] Juifs, chrétiens et musulmans,
croient en Dieu Un, créateur de tous les
hommes. Puissent les juifs, les chrétiens et les musulmans
redécouvrir l’un des désirs divins, celui
de l’unité et de l’harmonie de la famille humaine.
Puissent les juifs, les chrétiens et les musulmans
découvrir dans l’autre croyant un frère à respecter
et à aimer pour donner en premier lieu sur leurs
terres le beau témoignage de la sérénité et de la
convivialité entre fils d’Abraham. Au lieu d’être
instrumentalisée dans des conflits répétés et injustifiables
pour un croyant authentique, la reconnaissance
d’un Dieu unique peut – si elle est vécue
avec un coeur pur – contribuer puissamment à la
paix de la région et à la cohabitation respectueuse
de ses habitants.

20. Nombreux et profonds sont les liens entre
les chrétiens et les juifs. Ils s’ancrent dans un précieux
patrimoine spirituel commun. Il y a certes
la foi en un Dieu unique, créateur, qui se révèle et
se lie à l’homme pour toujours, et qui par amour
veut la rédemption. Il y a aussi la Bible qui est
en grande partie commune aux juifs et aux chrétiens.
Elle est ‘Parole de Dieu’ pour les uns et les
autres. La fréquentation commune de l’Écriture
Sainte nous rapproche. Par ailleurs, Jésus, un fils
du Peuple choisi, est né, a vécu et est mort juif (cf.
Rm 9, 4-5). Marie, sa mère, nous invite, elle aussi,
à redécouvrir les racines juives du christianisme.
Ces liens étroits sont un bien unique dont tous les
chrétiens sont fiers et redevables au Peuple élu.
Si la judaïté du Nazaréen permet aux chrétiens de
goûter avec bonheur au monde de la Promesse
et les introduit de manière résolue dans la foi du
Peuple choisi en les unissant à lui, la personne et
l’identité profonde de ce même Jésus séparent,
car les chrétiens reconnaissent en lui le Messie, le
Fils de Dieu.

21. Il est bon que les chrétiens prennent davantage
conscience de la profondeur du mystère de
l’Incarnation pour aimer Dieu de tout leur coeur,
de toute leur âme et de tout leur pouvoir (cf. Dt 6,
5). Le Christ, le Fils de Dieu, s’est fait chair dans
un peuple, dans une tradition de foi et dans une
culture dont la connaissance ne peut qu’enrichir
la compréhension de la foi chrétienne. Les chrétiens
ont enrichi cette connaissance par l’apport
spécifique donné par le Christ lui-même à travers
sa mort et sa résurrection (cf. Lc 24, 26). Mais, ils
doivent toujours être conscients et reconnaissants
de leurs racines. Car pour que la greffe sur l’antique
arbre puisse prendre (cf. Rm 11, 17-18), elle
a besoin de la sève qui vient des racines.

22. Les relations entre les deux communautés
croyantes ont été marquées par l’histoire et par les
passions humaines. Innombrables et répétées ont
été les incompréhensions et les méfiances réciproques.
Inexcusables et hautement condamnables
sont les persécutions insidieuses ou violentes du
passé ! Et pourtant, malgré ces tristes situations,
les apports réciproques au cours des siècles ont
été si féconds qu’ils ont contribué à la naissance
et à l’épanouissement d’une civilisation et d’une
culture appelées communément judéo-chrétiennes.
Comme si ces deux mondes se disant différents
ou contraires pour diverses raisons, avaient décidé
de s’unir pour offrir à l’humanité un noble alliage.
Ce lien qui unit tout en les séparant juifs et chrétiens,
doit les ouvrir à une responsabilité nouvelle
les uns pour les autres, les uns avec les autres. [18]
Car, les deux peuples ont reçu la même Bénédiction,
et des promesses d’éternité qui permettent
d’avancer avec confiance vers la fraternité.
23. L’Église catholique, fidèle à l’enseignement
du Concile Vatican II, regarde les musulmans avec
estime, eux qui rendent un culte à Dieu, surtout
par la prière, l’aumône et le jeûne, qui vénèrent
Jésus comme prophète sans reconnaître toutefois
sa divinité, et qui honorent Marie, sa mère
virginale. Nous savons que la rencontre de l’islam
et du christianisme a souvent pris la forme de la
controverse doctrinale. Malheureusement, ces différences
doctrinales ont servi de prétexte aux uns
et aux autres pour justifier, au nom de la religion,
des pratiques d’intolérance, de discrimination, de
marginalisation et même de persécution. [19]

24. Malgré ce constat, les chrétiens partagent
avec les musulmans la même vie quotidienne au
Moyen-Orient où leur présence n’est ni nouvelle
ni accidentelle, mais historique. Faisant partie intégrante
du Moyen-Orient, ils ont élaboré au long
des siècles un type de relation avec leur entourage
qui peut servir d’enseignement. Ils se sont laissés
interpeller par la religiosité des musulmans, et ils
ont continué, selon leurs moyens et dans la mesure
du possible, à vivre et à promouvoir les valeurs
de l’Évangile dans la culture ambiante. Il en
résulte une symbiose particulière. C’est pourquoi,
il est juste de reconnaître l’apport juif, chrétien et
musulman dans la formation d’une culture riche
propre au Moyen-Orient. [20]

25. Les catholiques du Moyen-Orient dont la
majorité sont des citoyens natifs de leur pays, ont
le devoir et le droit de participer pleinement à la vie
nationale en oeuvrant à l’édification de leur patrie.
Ils doivent jouir d’une pleine citoyenneté et ne pas
être traités en citoyens ou en croyants mineurs.
Comme par le passé où, pionniers de la renaissance
arabe, ils ont été partie intégrante de la vie
culturelle, économique et scientifique des diverses
civilisations de la région, ils désirent aujourd’hui,
encore et toujours, partager avec les musulmans
leurs expériences en apportant leur contribution
spécifique. C’est à cause de Jésus que le chrétien
est sensible à la dignité de la personne humaine
et à la liberté religieuse qui en découle. C’est par
amour pour Dieu et pour l’humanité, glorifiant
ainsi la double nature du Christ et par goût de la vie
éternelle, que les chrétiens ont construit des écoles,
des hôpitaux et des institutions de toutes sortes
où tous sont reçus sans discrimination aucune
(cf. Mt 25, 31ss.). C’est pour ces raisons que les
chrétiens portent une attention particulière aux
droits fondamentaux de la personne humaine.
Affirmer pour autant que ces droits ne sont que
des droits chrétiens de l’homme, n’est pas juste.
Ils sont simplement des droits exigés par la dignité
de toute personne humaine et de tout citoyen
quels que soient ses origines, ses convictions religieuses
et ses choix politiques.

26. La liberté religieuse est le sommet de toutes
les libertés. Elle est un droit sacré et inaliénable.
Elle comprend à la fois, au niveau individuel et
collectif, la liberté de suivre sa conscience en matière
religieuse, et la liberté de culte. Elle inclut la
liberté de choisir la religion que l’on juge être vraie
et de manifester publiquement sa propre croyance.
 [21] Il doit être possible de professer et de manifester
librement sa religion et ses symboles, sans
mettre en danger sa vie et sa liberté personnelle.
La liberté religieuse s’enracine dans la dignité de la
personne ; elle garantit la liberté morale et favorise
le respect mutuel. Les juifs qui ont longtemps subi
des hostilités souvent meurtrières, ne peuvent pas
oublier les bienfaits de la liberté religieuse. Pour
leur part, les musulmans partagent avec les chrétiens
la conviction qu’aucune contrainte en matière
religieuse, et encore moins par la force, n’est
permise. Cette contrainte qui peut prendre des
formes multiples et insidieuses aux plans personnel
et social, culturel, administratif et politique,
est contraire à la volonté de Dieu. Elle est une
source d’instrumentalisation politico-religieuse,
de discrimination et de violence qui peut conduire
à la mort. Dieu veut la vie, non la mort. Il interdit
le meurtre, même celui du meurtrier (cf. Gn 4, 15-
16 ; 9, 5-6 ; Ex 20, 13).

27. La tolérance religieuse existe dans de nombreux
pays, mais elle n’engage pas beaucoup car
elle demeure limitée dans son champ d’action. Il
est nécessaire de passer de la tolérance à la liberté
religieuse. Ce pas n’est pas une porte ouverte au
relativisme, comme l’affirment certains. Ce pas
à franchir n’est pas une fissure ouverte dans la
croyance, mais une reconsidération du rapport
anthropologique à la religion et à Dieu. Il n’est
pas une atteinte portée aux vérités fondatrices de la
croyance, car, en dépit des divergences humaines
et religieuses un rayon de vérité illumine tous les
hommes. [22] Nous savons bien que la vérité hors
de Dieu n’existe pas comme un en soi. Elle serait
alors une idole. La vérité ne peut se développer
que dans l’altérité qui ouvre à Dieu qui veut faire
connaître sa propre altérité à travers et dans mes
frères humains. Ainsi, il ne convient pas d’affirmer
de manière excluante : ‘je possède la vérité’. La
vérité n’est possédée par personne, mais elle est
toujours un don qui nous appelle à un cheminement
d’assimilation toujours plus profonde à la
vérité. La vérité ne peut être connue et vécue que
dans la liberté, c’est pourquoi, nous ne pouvons
pas imposer la vérité à l’autre ; la vérité se dévoile
seulement dans la rencontre d’amour.

28. Le monde entier fixe son attention sur le
Moyen-Orient qui cherche sa voie. Puisse cette
Région montrer que le vivre ensemble n’est pas
une utopie et que la méfiance et le préjudice ne
sont pas une fatalité. Les religions peuvent se
mettre ensemble au service du bien commun et
contribuer à l’épanouissement de chaque personne
et à la construction de la société. Les chrétiens
moyen-orientaux vivent depuis des siècles le dialogue
islamo-chrétien. Pour eux, il s’agit du dialogue
de et dans la vie quotidienne. Ils en connaissent
les richesses et les limites. Ils vivent aussi le
dialogue judéo-chrétien plus récent. Depuis longtemps
existe également un dialogue bilatéral ou
trilatéral d’intellectuels ou de théologiens juifs,
chrétiens et musulmans. C’est là un laboratoire
de rencontres et de recherches diverses qu’il faut
promouvoir. Y contribuent efficacement tous les
Instituts ou Centres catholiques divers – de philosophie,
de théologie et d’autres encore –, qui sont
nés au Moyen-Orient, il y a longtemps, et qui y
travaillent dans des conditions parfois difficiles. Je
les salue cordialement et les encourage à continuer
leur oeuvre de paix, sachant qu’il faut soutenir
tout ce qui combat l’ignorance en favorisant la
connaissance. L’union heureuse du dialogue de la
vie quotidienne et de celui des intellectuels ou des
théologiens contribuera certainement peu à peu,
avec l’aide de Dieu, à améliorer la convivialité judéo-
chrétienne, judéo-islamique, et islamo-chrétienne.
C’est le souhait que je formule, et l’intention
pour laquelle je prie.

Deux nouvelles réalités

29. Comme le reste du monde, le Moyen-Orient
connaît deux réalités opposées : la laïcité avec ses
formes parfois extrêmes, et le fondamentalisme
violent qui revendique une origine religieuse.
C’est avec grande suspicion que certains responsables
politiques et religieux moyen-orientaux,
toutes communautés confondues, considèrent la
laïcité comme athée ou immorale. Il est vrai que la
laïcité peut affirmer parfois de manière réductrice
que la religion relève exclusivement de la sphère
privée comme si elle n’était qu’un culte individuel
et domestique situé hors de la vie, de l’éthique, de
l’altérité. Dans sa forme extrême et idéologique,
cette laïcité devenue sécularisme, nie au citoyen
l’expression publique de sa religion et prétend que
l’État seul peut légiférer sur sa forme publique.
Ces théories sont anciennes. Elles ne sont plus
seulement occidentales et elles ne peuvent pas
être confondues avec le christianisme. La saine
laïcité, en revanche, signifie libérer la croyance du
poids de la politique et enrichir la politique par les
apports de la croyance, en maintenant la nécessaire
distance, la claire distinction et l’indispensable
collaboration entre les deux. Aucune société
ne peut se développer sainement sans affirmer le
respect réciproque entre politique et religion en
évitant la tentation constante du mélange ou de
l’opposition. Le rapport approprié se fonde, avant
toute chose, sur la nature de l’homme – sur une
saine anthropologie donc – et sur le respect total
de ses droits inaliénables. La prise de conscience
de ce rapport approprié permet de comprendre
qu’il existe une sorte d’unité-distinction qui doit
caractériser le rapport entre le spirituel (religieux)
et le temporel (politique), puisque tous deux sont
appelés, même dans la nécessaire distinction, à
coopérer harmonieusement pour le bien commun.
Une telle laïcité saine garantit à la politique
d’opérer sans instrumentaliser la religion, et à
la religion de vivre librement sans s’alourdir du
politique dicté par l’intérêt, et quelquefois peu
conforme, voire même contraire, à la croyance.
C’est pourquoi la saine laïcité (unité-distinction)
est nécessaire, et même indispensable aux deux.
Le défi constitué par la relation entre le politique
et le religieux peut être relevé avec patience et courage
par une formation humaine et religieuse adéquate.
Il faut rappeler continuellement la place de
Dieu dans la vie personnelle, familiale et civile, et
la juste place de l’homme dans le dessein de Dieu.
Et surtout à cette fin, il faut prier davantage.

30. Les incertitudes économico-politiques, l’habileté
manipulatrice de certains et une compréhension
déficiente de la religion, entre autres, font
le lit du fondamentalisme religieux. Celui-ci afflige
toutes les communautés religieuses, et refuse le vivre-
ensemble séculaire. Il veut prendre le pouvoir,
parfois avec violence, sur la conscience de chacun
et sur la religion pour des raisons politiques. Je
lance un appel pressant à tous les responsables
religieux juifs, chrétiens et musulmans de la ré30
gion, afin qu’ils cherchent par leur exemple et leur
enseignement à tout mettre en oeuvre afin d’éradiquer
cette menace qui touche indistinctement et
mortellement, les croyants de toutes les religions.
« Utiliser les paroles révélées, les Écritures Saintes
ou le nom de Dieu, pour justifier nos intérêts, nos
politiques si facilement accommodantes, ou nos
violences, est une faute très grave ». [23]

Les migrants

31. La réalité moyen-orientale est riche par sa
diversité, mais elle est trop souvent contraignante
et même violente. Elle concerne l’ensemble des
habitants de la région et tous les aspects de leur
vie. Placés dans une position souvent délicate,
les chrétiens ressentent de manière particulière,
et parfois avec lassitude et peu d’espérance, les
conséquences négatives de ces conflits et de ces
incertitudes. Ils se sentent souvent humiliés. Par
expérience, ils savent aussi qu’ils sont des victimes
désignées lorsqu’il y a des troubles. Après
avoir participé activement pendant des siècles à la
construction des nations respectives et contribué
à la formation de leur identité et à leur prospérité,
les chrétiens sont nombreux à choisir des cieux
plus propices, des lieux de paix où eux et leurs
familles pourront vivre dignement et en sécurité,
et des espaces de liberté où leur foi pourra s’exprimer
sans être soumis à des contraintes diverses. [24]
Ce choix est déchirant. Il affecte gravement les
individus, les familles et les Églises. Il ampute les
nations et contribue à l’appauvrissement humain,
culturel et religieux moyen-oriental. Un Moyen-
Orient sans ou avec peu de chrétiens n’est plus le
Moyen-Orient, car les chrétiens participent avec
les autres croyants à l’identité si particulière de la
région. Les uns sont responsables des autres devant
Dieu. Il importe donc que les dirigeants politiques
et les responsables religieux comprennent
cette réalité et évitent une politique ou une stratégie
communautariste qui tendrait vers un Moyen-
Orient monochrome qui ne reflètera en rien sa
riche réalité humaine et historique.

32. Les pasteurs des Églises orientales catholiques
sui iuris constatent, avec préoccupation et
douleur, que le nombre de leurs fidèles se réduit
sur les territoires traditionnellement patriarcaux
et, depuis quelque temps, ils se voient obligés
de développer une pastorale de l’émigration. [25] Je
suis certain qu’ils font leur possible pour exhorter
leurs fidèles à l’espérance, à rester dans leur pays
et à ne pas vendre leurs biens. [26] Je les encourage
à continuer à entourer d’affection leurs prêtres et
leurs fidèles de la diaspora en les invitant à rester
en contact étroit avec leurs familles et leurs Églises,
et surtout à garder avec fidélité leur foi en
Dieu grâce à leur identité religieuse construite sur
des traditions spirituelles vénérables. [27] C’est en
conservant cette appartenance à Dieu et à leurs
Églises respectives, et en cultivant un amour profond
pour leurs frères et soeurs latins, qu’ils apporteront
à l’ensemble de l’Église catholique un
grand bénéfice. Par ailleurs, j’exhorte les pasteurs
des circonscriptions ecclésiastiques qui accueillent
les catholiques orientaux à les recevoir avec charité
et estime comme des frères, à favoriser les liens de
communion entre les émigrés et leurs Églises de
provenance, à donner la possibilité de célébrer selon
les propres traditions et à exercer des activités
pastorales et paroissiales, là où cela est possible. [28]

33. L’Église latine présente au Moyen-Orient
tout en souffrant de l’hémorragie de nombreux
de ses fidèles, expérimente une autre situation et
se trouve confrontée à relever de nombreux et
nouveaux défis pastoraux. Ses pasteurs doivent
gérer l’arrivée massive et la présence dans les pays
à économie forte de la région, de travailleurs de
toute sorte venant d’Afrique, d’Extrême-Orient et
du sous-continent indien. Ces populations constituées
d’hommes et de femmes souvent seuls ou
de familles entières, sont confrontées à une double
précarité. Ils sont étrangers dans le pays où ils
travaillent, et ils expérimentent trop souvent des
situations de discrimination et d’injustice. L’étranger
est l’objet de l’attention de Dieu et il mérite
donc le respect. Son accueil sera pris en compte
au Jugement dernier (cf. Mt 25, 35 et 43). [29]

34. Corvéables à merci sans pouvoir se défendre,
ayant des contrats de travail plus ou moins
limités ou légaux, ces personnes sont parfois victimes
d’infractions des lois locales et des conventions
internationales. Par ailleurs, elles subissent
de fortes pressions et de graves limitations religieuses.
La tâche de leurs pasteurs est nécessaire
et délicate. J’encourage tous les fidèles catholiques
et tous les prêtres quelle que soit leur Église
d’appartenance, à la communion sincère et à la
collaboration pastorale avec l’Évêque du lieu, et
celui-ci à une compréhension paternelle envers les
fidèles orientaux. C’est en collaborant ensemble
et surtout en parlant d’une seule voix, que, dans
cette situation particulière, tous pourront vivre et
célébrer leur foi en s’enrichissant par la diversité
des traditions spirituelles tout en demeurant en
contact avec les communautés chrétiennes d’origine.
J’invite aussi les gouvernants des pays qui
reçoivent ces populations nouvelles à respecter et
à défendre leurs droits, à leur permettre la libre
expression de leur foi en favorisant la liberté religieuse
et l’édification de lieux de culte. La liberté
religieuse « pourrait faire l’objet d’un dialogue
entre les chrétiens et les musulmans, un dialogue
dont l’urgence et l’utilité ont été réaffirmées par
les Pères synodaux ». [30]

35. Alors que par nécessité, lassitude ou désespoir
des catholiques natifs du Moyen-Orient se
décident au choix dramatique de laisser la terre
de leurs aïeux, leur famille et leur communauté
croyante, d’autres, au contraire pleins d’espérance,
font le choix de rester dans leur pays et dans leur
communauté. Je les encourage à consolider cette
belle fidélité et à demeurer fermes dans la foi.
D’autres catholiques enfin, faisant un choix tout
aussi déchirant que les chrétiens moyen-orientaux
qui émigrent, et fuyant des précarités dans l’espoir
de construire un avenir meilleur, choisissent les
pays de la région pour y travailler et y vivre.
36. En tant que Pasteur de l’Église universelle, je
m’adresse ici à l’ensemble des fidèles catholiques
de la région, les natifs et les nouveaux arrivés,
dont la proportion s’est rapprochée ces dernières
années, car pour Dieu, il n’y a qu’un seul peuple,
et pour les croyants, qu’une seule foi ! Cherchez
à vivre respectueusement unis et en communion
fraternelle les uns avec les autres dans l’amour et
l’estime réciproques pour témoigner de manière
crédible de votre foi dans la mort et la résurrection
du Christ ! Dieu écoutera votre prière, bénira votre
comportement et vous donnera son Esprit pour
affronter le poids du jour. Car, « là où est l’Esprit
du Seigneur, là est la liberté » (2 Co 3, 17). Saint
Pierre écrivait à des fidèles expérimentant des situations
similaires, des paroles que je reprends
volontiers pour vous les adresser en exhortation :
« Et qui vous ferait du mal, si vous devenez zélés
pour le bien ? […] N’ayez d’eux aucune crainte
et ne soyez pas troublés. Au contraire, sanctifiez
dans vos coeurs le Seigneur Christ, toujours prêts
à la défense contre quiconque vous demande raison
de l’espérance qui est en vous » (1 P 3, 13.
14b-15).

DEUXIÈME PARTIE

« La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait
un seul coeur et une seule âme.
 »
(Ac 4, 32)

37. La visibilité de la communauté chrétienne
naissante est décrite par des qualités immatérielles
exprimant la koinonia ecclésiale : un seul coeur et une
seule âme, traduisant ainsi le sens profond du témoignage.
Il est le reflet d’une intériorité personnelle
et communautaire. Se laissant pétrir de l’intérieur
par la grâce divine, toute Église particulière peut
retrouver la beauté de la première communauté
des croyants cimentée par une foi animée par
la charité, qui caractérise les disciples du Christ
aux yeux des hommes (cf. Jn 13, 35). La koinonia
donne consistance et cohérence au témoignage et
exige une conversion permanente. Celle-ci perfectionne
la communion et consolide à son tour
le témoignage. « Sans communion, il ne peut pas
y avoir de témoignage : le grand témoignage est
précisément la vie de communion ». [31] La communion
est un don à accueillir pleinement par tous et
une réalité à construire sans relâche. En ce sens,
j’invite tous les membres des Églises présentes au
Moyen-Orient, chacun selon sa vocation propre,
à raviver la communion, avec humilité et dans la
prière, afin que se réalise l’unité pour laquelle Jésus
a prié (cf. Jn 17, 21).

38. Le concept d’Église ‘catholique’ contemple
la communion entre l’universel et le particulier. Il y
a là un rapport de ‘mutuelle intériorité’ entre Église
universelle et Églises particulières, qui identifie
et concrétise la catholicité de l’Église. La présence
‘du tout dans la partie’ met la partie en tension
vers l’universalité, tension qui se manifeste – en
un sens – dans le souffle missionnaire de chacune
des Églises, et – dans un autre sens – dans l’appréciation
sincère de la bonté des ‘autres parties’,
qui comprend l’action en syntonie et en synergie
avec elles. L’Église universelle est une réalité préalable
aux Églises particulières, qui naissent dans
et par l’Église universelle. [32] Cette vérité reflète
fidèlement la doctrine catholique et particulièrement
celle du Concile Vatican II. [33] Elle introduit à
la compréhension de la dimension ‘hiérarchique’
de la communion ecclésiale et permet à la diversité
riche et légitime des Églises particulières de
s’articuler toujours dans l’unité, lieu dans lequel
les dons particuliers deviennent une authentique
richesse pour l’universalité de l’Église. Une prise
de conscience renouvelée et vécue de ces points
fondamentaux de l’ecclésiologie permettra de redécouvrir
la spécificité et la richesse de l’identité
‘catholique’ en terre d’Orient.

Les Patriarches

39. « Pères et Chefs » d’Églises sui iuris, les Patriarches
sont les signes visibles référentiels et les
gardiens vigilants de la communion. Par leur identité
et leur mission propres, ce sont des hommes
de communion, des veilleurs sur le troupeau selon
Dieu (cf. 1 P 5, 1-4), des serviteurs de l’unité ecclésiale.
Ils exercent un ministère qui opère par le
moyen de la charité vécue réellement à tous les
niveaux : entre les Patriarches eux-mêmes, entre
chaque Patriarche et les évêques, les prêtres, les
personnes consacrées et les fidèles laïcs sous sa
juridiction.

40. Les Patriarches dont l’union indéfectible
avec l’Évêque de Rome est enracinée dans l’ecclesiastica
communio qu’ils ont demandée au Souverain
Pontife et reçue au lendemain de leur élection canonique,
rendent tangibles par ce lien particulier
l’universalité et l’unité de l’Église. [34] Leur sollicitude
va à tout disciple de Jésus Christ vivant sur
le territoire patriarcal. En signe de communion
pour le témoignage, ils sauront renforcer l’union
et la solidarité au sein du Conseil des Patriarches
catholiques d’Orient et des différents synodes
patriarcaux, en privilégiant toujours la concertation
sur des questions de grande importance pour
l’Église en vue d’une action collégiale et unitaire.
Pour la crédibilité de son témoignage, le Patriarche
cherchera la justice, la piété, la foi, la charité,
la constance et la douceur (cf. 1 Tm 6, 11), ayant à
coeur un style de vie sobre à l’image du Christ qui
s’est dépouillé pour nous enrichir de sa pauvreté
(cf. 2 Co 8, 9). Il veillera aussi à promouvoir entre
les circonscriptions ecclésiastiques une réelle
solidarité dans une saine gestion du personnel et
des biens ecclésiastiques. C’est ce qui relève de
son devoir. [35] À l’imitation de Jésus parcourant
toutes les villes et les villages dans l’accomplissement
de sa mission (cf. Mt 9, 35), le Patriarche
effectuera avec zèle la visite pastorale dans ses
circonscriptions ecclésiastiques. [36] Il le fera non
seulement pour exercer son droit et son devoir
de vigilance mais aussi pour témoigner concrètement
de sa charité fraternelle et paternelle envers
les Évêques, les prêtres et les fidèles laïcs, surtout
envers les personnes qui sont pauvres, malades et
marginalisées, ainsi qu’envers celles qui souffrent
spirituellement.

Les Évêques

41. En vertu de son ordination, l’Évêque est
établi à la fois membre du Collège épiscopal et
pasteur d’une communauté locale à travers son
ministère d’enseignement, de sanctification et de
gouvernement. Avec les Patriarches, les Évêques
sont les signes visibles de l’unité dans la diversité
de l’Église comprise comme Corps, dont le Christ
est la Tête (cf. Ep 4, 12-15). Ils sont les premiers
à être choisis gratuitement et à être envoyés parmi
toutes les nations pour faire des disciples, pour
leur apprendre à observer tout ce que le Ressuscité
leur a prescrit (cf. Mt 28, 19-20). [37] Il est alors vital
qu’ils écoutent et conservent dans leur coeur la
Parole de Dieu. Ils ont à l’annoncer avec courage,
et à défendre avec fermeté l’intégrité et l’unité de
la foi, dans les situations difficiles, qui malheureusement
ne manquent pas au Moyen-Orient.

42. Pour promouvoir la vie de communion et
de diakonia, il est important que les Évêques travaillent
toujours à leur renouvellement personnel.
Cette vigilance du coeur passe « d’abord par leur
vie de prière, d’abnégation, de sacrifice et d’écoute ;
puis par leur vie exemplaire d’apôtres et de pasteurs, faite de simplicité, de pauvreté et d’humilité ;
enfin par leur souci constant de défendre la vérité,
la justice, les moeurs et la cause des faibles ». [38] En
outre, le renouveau tant désiré des communautés
passe par le soin paternel qu’ils auront pour tous
les baptisés et particulièrement pour leurs collaborateurs
immédiats, les prêtres. [39]

43. La communion au sein de chaque Église locale
est le fondement premier de la communion
inter-ecclésiale, qui se nourrit toujours de la Parole
de Dieu et des sacrements, ainsi que d’autres
formes de prières. J’invite alors les Évêques à
montrer leur sollicitude à l’égard de tous les fidèles
chrétiens présents dans leur juridiction sans
acception de condition, de nationalité et de provenance
ecclésiale. Qu’ils paissent le troupeau de
Dieu qui leur est confié, en veillant sur lui, « non
pas en faisant les seigneurs à l’égard de ceux qui
[leur] sont échus en partage, mais en devenant les
modèles du troupeau » (1 P 5, 3). Puissent-ils prêter
une attention particulière à ceux qui ont une
pratique religieuse inconstante et à ceux qui l’ont
abandonnée pour diverses raisons. [40] Ils auront
aussi à coeur d’être la présence aimante du Christ
auprès des personnes qui ne professent pas la foi
chrétienne. Ainsi, ils pourront promouvoir l’unité
entre les chrétiens eux-mêmes et la solidarité
entre tous les hommes créés à l’image de Dieu
(cf. Gn 1, 27), car tout vient du Père et c’est vers
lui qui nous allons (cf. 1 Co 8, 6).

44. Il revient aux Évêques d’assurer une gestion
saine, honnête et transparente des biens temporels
de l’Église, en conformité avec le Code des Canons
des Églises orientales ou le Code de Droit canonique
de l’Église latine. Les Pères synodaux ont estimé
nécessaire que soit fait un audit sérieux des finances
et des biens dans le souci d’éviter la confusion
entre les biens personnels et ceux de l’Église. [41]
L’apôtre Paul dit que le serviteur de Dieu est un
intendant des mystères de Dieu. « Or, ce qu’en
fin de compte on demande à des intendants, c’est
que chacun soit fidèle. » (1 Co 4, 2). L’intendant
gère des biens qui ne sont pas à lui, et qui, selon
l’apôtre, sont destinés à un usage supérieur, celui
des mystères de Dieu (cf. Mt 19, 28-30 ; 1 P 4,
10). Cette gestion fidèle et désintéressée voulue
par les moines fondateurs – véritables colonnes
de nombreuses Églises orientales – doit servir
prioritairement à l’évangélisation et à la charité.
Les Évêques veilleront à assurer aux prêtres, leurs
premiers collaborateurs, une juste subsistance
afin qu’ils ne se perdent pas dans la recherche du
temporel, et puissent se consacrer dignement aux
choses de Dieu et à leur mission pastorale. Par
ailleurs, qui aide un pauvre, gagne le ciel ! Saint
Jacques insiste sur le respect dû au pauvre, sur sa
grandeur et sur sa vraie place dans la communauté
(cf. 1, 9-11 ; 2, 1-9). C’est pourquoi il est nécessaire
que la gestion des biens devienne un lieu
d’annonce efficace du message libérateur de Jésus
 : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il
m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne
nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux
captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la
vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer
une année de grâce du Seigneur » (Lc 4, 18-19).
L’intendant fidèle est celui qui a compris que seul
le Seigneur est la perle fine (cf. Mt 13, 45-46), et
que lui seul est le vrai trésor (cf. Mt 6, 19-21 ; 13,
44). Puissent les Évêques le manifester de manière
exemplaire aux prêtres, aux séminaristes et aux
fidèles ! Par ailleurs, l’aliénation des biens d’Église
doit répondre strictement aux normes canoniques
et aux dispositions pontificales en vigueur.

Les prêtres, les diacres et les séminaristes

45. L’ordination sacerdotale configure le prêtre
au Christ et le rend proche collaborateur du
Patriarche et de l’Évêque, dont il devient participant
au triple munus. [42] Il est par ce fait même un
serviteur de la communion ; et l’accomplissement
de cette tâche requiert son lien constant avec le
Christ et son zèle dans la charité et les oeuvres de
miséricorde envers tous. Il pourra ainsi rayonner
la sainteté à laquelle tous les baptisés sont appelés.
Il éduquera le Peuple de Dieu à construire la civilisation
de l’amour évangélique et de l’unité. Pour
cela, il renouvellera et fortifiera la vie des fidèles
par la transmission sage de la Parole de Dieu, de
la Tradition et de la Doctrine de l’Église, et par
les sacrements. [43] Les traditions orientales ont eu
l’intuition de la direction spirituelle. Puissent les
prêtres, les diacres et les consacrés la pratiquer
eux-mêmes et ouvrir par elle aux fidèles les chemins
d’éternité.

46. En outre, le témoignage de communion
exige une formation théologique et une spiritualité
solide, qui requièrent une régénération intellectuelle
et spirituelle permanente. Il convient aux
Évêques de fournir aux prêtres et aux diacres les
moyens nécessaires pour leur permettre d’approfondir
leur vie de foi pour le bien des fidèles afin
qu’ils puissent leur donner « la nourriture en son
temps » (Ps 145 [144], 15). Par ailleurs, les fidèles
attendent d’eux l’exemple d’une conduite sans reproches
(cf. Ph 2, 14-16).

47. Je vous invite chers prêtres à redécouvrir
chaque jour le sens ontologique de l’ordre sacré
qui pousse à vivre le sacerdoce comme une
source de sanctification pour les baptisés, et
pour la promotion de tout homme. « Paissez le
troupeau de Dieu qui vous est confié (…) non
pour un gain sordide, mais avec l’élan du coeur »
(1 P 5, 2). Ayez aussi en estime la vie en équipe
– là où elle est possible –, malgré les difficultés
qui lui sont inhérentes (cf. 1 P 4, 8-10), car
elle vous aide à apprendre et à mieux vivre la
communion sacerdotale et pastorale au niveau
local et universel. Chers diacres, en communion
avec votre Évêque et les prêtres, servez le Peuple
de Dieu selon votre ministère propre dans les
charges spécifiques qui vous seront confiées.

48. Le célibat sacerdotal est un don inestimable
de Dieu à son Église, qu’il convient d’accueillir
avec reconnaissance, aussi bien en Orient qu’en
Occident, car il représente un signe prophétique
toujours actuel. Rappelons, en outre, le ministère
des prêtres mariés qui sont une composante ancienne
des traditions orientales. Je voudrais adresser
aussi mes encouragements à ces prêtres qui,
avec leurs familles, sont appelés à la sainteté dans
le fidèle exercice de leur ministère et dans leurs
conditions de vie parfois difficiles. À tous, je redis
que la beauté de votre vie sacerdotale [44] suscitera
sans doute de nouvelles vocations qu’il vous incombera
de cultiver.

49. La vocation du jeune Samuel (cf. 1 Sa 3,
1-19) enseigne que les humains ont besoin de guides
avisés pour les aider à discerner la volonté du
Seigneur et à répondre généreusement à son appel.
En ce sens, l’éclosion des vocations doit être favorisée
par une pastorale propre. Elle doit être soutenue
par la prière en famille, en paroisse, au sein
des mouvements ecclésiaux et dans les structures
éducatives. Les personnes qui répondent à l’appel
du Seigneur ont besoin de grandir dans des lieux
de formation spécifiques et d’être accompagnées
par des formateurs idoines et exemplaires. Ceuxci
les éduqueront à la prière, à la communion, au
témoignage et à la conscience missionnaire. Des
programmes appropriés aborderont les aspects de
la vie humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale
et géreront avec sagesse la diversité des milieux,
des origines, des appartenances culturelles
et ecclésiales. [45]

50. Chers séminaristes, de même que privé d’eau,
le jonc ne peut croître (cf. Jb 8, 11), de même vous
ne pourrez pas être de véritables artisans de communion
et d’authentiques témoins de la foi, sans
un enracinement profond en Jésus Christ, sans une
conversion permanente à sa Parole, sans un amour
pour son Église et sans une charité désintéressée
pour le prochain. C’est aujourd’hui que vous êtes
appelés à vivre et à perfectionner la communion
en vue d’un témoignage courageux sans ombre.
L’affermissement de la foi du Peuple de Dieu dépendra
aussi de la qualité de votre témoignage. Je
vous invite à vous ouvrir davantage à la diversité
culturelle de vos Églises, par l’apprentissage par
exemple des langues et des cultures autres que les
vôtres en vue de votre future mission. Soyez aussi
ouverts à la diversité ecclésiale, oecuménique, et
au dialogue interreligieux. Une étude attentive de
ma Lettre adressée aux séminaristes, vous sera de
grand profit. [46]

La vie consacrée

51. Le monachisme sous ses diverses formes,
est né au Moyen-Orient et il est à l’origine de
certaines des Églises qui s’y trouvent. [47] Puissent
les moines et les moniales qui consacrent leur vie
à la prière, sanctifiant les heures du jour et de la
nuit, portant dans leur prières les soucis et les besoins
de l’Église et de l’humanité, être pour tous
le rappel permanent de l’importance de la prière
dans la vie de l’Église et de chaque fidèle. Que
les monastères soient également des lieux où les
fidèles puissent se laisser guider dans l’initiation à
la prière !

52. La vie consacrée, contemplative et apostolique,
est un approfondissement de la consécration
baptismale. Les religieux et les religieuses
cherchent en effet à suivre plus radicalement le
Christ à travers la profession des conseils évangéliques
 : l’obéissance, la chasteté et la pauvreté. [48]
Le don d’eux-mêmes sans réserve au Seigneur
et leur amour désintéressé pour tout homme,
témoignent de Dieu et sont des signes réels de
son amour pour le monde. Vécue comme un don
précieux de l’Esprit Saint, la vie consacrée est un
soutien irremplaçable pour la vie et la pastorale de
l’Église. [49] En ce sens, les communautés religieuses
seront des signes prophétiques de communion
dans leurs Églises et dans le monde entier, si elles
sont fondées réellement sur la Parole de Dieu, la
communion fraternelle et le témoignage de la diaconie
(cf. Ac 2, 42). Dans la vie cénobitique, la communauté
ou le monastère a pour vocation d’être
l’espace privilégié de l’union avec Dieu et de la
communion avec le prochain. C’est le lieu où la
personne consacrée apprend à repartir toujours
du Christ [50] pour être fidèle à sa mission dans la
prière et le recueillement, et pour être pour tous
les fidèles un signe de la vie éternelle déjà commencée
ici-bas (cf. 1 P 4, 7).

53. Je vous invite, vous tous qui êtes appelés à
la sequela Christi dans la vie religieuse au Moyen-
Orient, à vous laisser séduire toujours par la Parole
men gentium, n. 44 ; Décret sur la rénovation et l’adaptation de la
vie religieuse Perfectae caritatis, n. 5 ; Jean-Paul II, Exhort. apost.
post-synodale Vita consecrata (25 mars 1996), nn. 14. 30 : AAS
88 (1996), p. 387-388 et 403-404.
de Dieu, à l’instar du Prophète Jérémie et à la garder
en votre coeur comme un feu dévorant (cf. Jr 20,
7-9). Elle est la raison d’être, le fondement et la
référence ultime et objective de votre consécration.
La Parole de Dieu est vérité. En lui obéissant,
vous sanctifiez vos âmes pour vous aimer
sincèrement comme des frères et des soeurs (cf. 1
P 1, 22). Quel que soit le statut canonique de votre
congrégation religieuse, montrez-vous disponibles
pour collaborer, dans un esprit de communion,
avec l’évêque à l’activité pastorale et missionnaire.
La vie religieuse est une adhésion personnelle au
Christ, Tête du Corps (cf. Col 1, 18 ; Ep 4, 15), et
elle reflète le lien indissoluble entre le Christ et
son Église. En ce sens, soutenez les familles dans
leur vocation chrétienne et encouragez les paroisses
à s’ouvrir aux diverses vocations sacerdotales
et religieuses. Cela contribue à consolider la vie
de communion pour le témoignage, au sein de
l’Église locale. [51] Ne vous lassez pas de répondre
aux appels des hommes et des femmes de notre
temps, en leur indiquant le chemin et le sens profond
de l’existence humaine.

54. Je désire ajouter une considération supplémentaire
qui va au-delà des seuls consacrés et qui
s’adresse à l’ensemble des membres des Églises
catholiques orientales. Elle concerne les conseils
évangéliques qui caractérisent notamment la vie
monastique sachant que cette même vie religieuse
a été déterminante à l’origine de nombreuses
Églises sui iuris, et continue à l’être dans leur vie
présente. Il me semble qu’il conviendrait de méditer
longuement et avec soin sur les conseils évangéliques
 : l’obéissance, la chasteté et la pauvreté,
pour redécouvrir aujourd’hui leur beauté, la force
de leur témoignage et leur dimension pastorale. Il
ne peut y avoir de régénération interne du fidèle,
de la communauté croyante, et de l’Église tout entière
que s’il y a un retour déterminé et sans équivoque,
chacun selon sa vocation, vers le quaerere
Deum (la recherche de Dieu) qui aide à définir et
à vivre en vérité le rapport à Dieu, au prochain et
à soi-même. Ceci concerne certes les Églises sui
iuris, mais aussi l’Église latine.

Les laïcs

55. Par le baptême, les fidèles laïcs sont pleinement
membres du Corps du Christ et sont associés
à la mission de l’Église universelle. [52] Leur
participation à la vie et aux activités internes de
l’Église est la source spirituelle permanente qui
leur permet d’aller au-delà des confins des structures
ecclésiales. Comme apôtres dans le monde,
ils traduisent en actions concrètes l’Évangile, la
doctrine et l’enseignement social de l’Église. [53] En
effet, « les chrétiens, citoyens de plein droit, peuvent
et doivent apporter leur contribution avec
l’esprit des béatitudes, en devenant des constructeurs
de paix et des apôtres de la réconciliation au
profit de la société tout entière ». [54]
56. Puisque le temporel est votre domaine
propre, [55] je vous encourage, chers fidèles laïcs, à
renforcer les liens de fraternité et de collaboration
avec les personnes de bonne volonté pour la
recherche du bien commun, la saine gestion des
biens publics, la liberté religieuse, et le respect
de la dignité de chaque personne. Même quand
la mission de l’Église est rendue difficile dans les
milieux où l’annonce explicite de l’Évangile rencontre
des obstacles ou n’est pas possible, « ayez
au milieu des nations une belle conduite afin que
(…) la vue de vos bonnes oeuvres les amène à glorifier
Dieu, au jour de sa Visite » (1 P 2, 12). Ayez
à coeur de rendre raison de votre foi (cf. 1 P 3, 15)
par la cohérence de votre vie et de votre agir quotidiens. [56] Pour que votre témoignage porte réellement
du fruit (cf. Mt 7, 16.20), je vous exhorte
à surmonter les divisions et toute interprétation
subjectiviste de la vie chrétienne. Veillez à ne pas
séparer celle-ci – avec ses valeurs et ses exigences
– de la vie en famille ou dans la société, dans le
travail, dans la politique et dans la culture, parce
que tous les divers domaines de la vie du laïc rentrent
dans le dessein de Dieu. [57] Je vous invite à
avoir de l’audace à cause du Christ, sûrs que ni la
tribulation, ni l’angoisse, ni la persécution ne peuvent
vous séparer de Lui (cf. Rm 8, 35).

57. Au Moyen-Orient, les laïcs sont habitués à
vivre des relations fraternelles et assidues avec les
fidèles catholiques des diverses Églises patriarcales
ou latine, et à fréquenter leurs lieux de culte
surtout s’il n’y a aucune autre possibilité. À cette
admirable réalité qui démontre une communion
authentiquement vécue, s’ajoute le fait que les
diverses juridictions ecclésiales sont superposées
de manière féconde sur un même territoire. Sur
ce point particulier, l’Église au Moyen-Orient est
exemplaire pour les autres Églises locales du reste
du monde. Le Moyen-Orient est ainsi, en quelque
sorte, un laboratoire qui actualise déjà l’avenir de
la situation ecclésiale. Cette exemplarité qui demande
à être perfectionnée et continuellement
purifiée, concerne également l’expérience acquise
localement dans le domaine oecuménique.

La famille

58. Institution divine fondée sur le mariage
tel qu’il a été voulu par le Créateur lui-même
(cf. Gn 2, 18-24 ; Mt 19, 5), la famille est exposée
aujourd’hui à plusieurs périls. La famille chrétienne
en particulier est plus que jamais confrontée à la
question de son identité profonde. En effet, les
propriétés essentielles du mariage sacramentel –
unité et indissolubilité (cf. Mt 19, 6) – et le modèle
chrétien de la famille, de la sexualité et de l’amour
sont de nos jours sinon contestés du moins incompris
par certains fidèles. La tentation existe de
s’approprier des modèles contraires à l’Évangile
véhiculés par une certaine culture contemporaine
répandue partout dans le monde. L’amour conjugal
est inséré dans l’Alliance définitive entre Dieu
et son Peuple, pleinement scellée dans le sacrifice
de la croix. Son caractère de don mutuel de soi à
l’autre jusqu’au martyre, est manifeste dans certaines
des Églises d’Orient, où chacun des fiancés
reçoit l’autre pour « couronne » durant la cérémonie
du mariage, appelée à juste titre « office
du couronnement ». L’amour conjugal n’est pas
l’oeuvre d’un moment, mais le projet patient de
toute une vie. Appelée à vivre quotidiennement
l’amour christique, la famille chrétienne est un
instrument privilégié de la présence et de la mission
de l’Église dans le monde. En ce sens, elle
a besoin d’être accompagnée pastoralement [58] et
soutenue dans ses problèmes et ses difficultés,
surtout là où les repères sociaux, familiaux et religieux
tendent à s’affaiblir ou à se perdre. [59]
59. Familles chrétiennes au Moyen-Orient, je
vous invite à vous régénérer toujours par la force
de la Parole de Dieu et des sacrements, pour être
davantage l’Église domestique qui éduque à la prière
et à la foi, la pépinière des vocations, l’école naturelle
des vertus et des valeurs éthiques, la cellule
vivante et première de la société. Contemplez toujours
la Famille de Nazareth [60] qui a eu la joie d’accueillir
la vie et d’exprimer sa piété en observant
la Loi et les pratiques religieuses de son temps
(cf. Lc 2, 22-24. 41). Regardez cette Famille qui
a vécu aussi l’épreuve de la perte de Jésus-enfant,
la douleur de la persécution, de l’émigration et le
dur labeur quotidien (cf. Mt 2, 13ss. ; Lc 2, 41ss.).
Aidez vos enfants à grandir en sagesse, en taille et
en grâce sous le regard de Dieu et des hommes
(cf. Lc 2, 52) ; enseignez-leur à faire confiance au
Père, à imiter le Christ et à se laisser guider par
l’Esprit Saint.

60. Après ces quelques réflexions sur la dignité
et la vocation communes de l’homme et de la femme
dans le mariage, ma pensée se tourne avec une
attention particulière vers les femmes au Moyen-
Orient. Le premier récit de la création montre
l’égalité ontologique entre l’homme et la femme
(cf. Gn 1, 27-29). Cette égalité est blessée par les
conséquences du péché (cf. Gn 3, 16 ; Mt 19, 4).
Surmonter cet héritage, fruit du péché, est un devoir
pour tout être humain, homme ou femme. [61]
Je voudrais assurer toutes les femmes que l’Église
catholique, se situant dans la fidélité au dessein
divin, promeut la dignité personnelle de la femme,
et son égalité avec l’homme, en face des formes
les plus variées de discrimination auxquelles elle
est soumise, du seul fait qu’elle est femme. [62] De
telles pratiques blessent la vie de communion et
de témoignage. Elles offensent gravement non
seulement la femme mais aussi et surtout Dieu,
le Créateur. Reconnaissant leur sensibilité innée
pour l’amour et la protection de la vie humaine,
et leur rendant hommage pour leur apport spécifique
dans l’éducation, la santé, le travail humanitaire
et la vie apostolique, j’estime que les femmes
doivent s’engager et être impliquées davantage
dans la vie publique et ecclésiale. [63] Elles apporteront ainsi leur part propre à l’édification d’une
société plus fraternelle et d’une Église rendue plus
belle par la communion réelle entre les baptisés.

61. Par ailleurs, lors des différends juridiques
qui, malheureusement, peuvent opposer l’homme
et la femme surtout dans des questions d’ordre
matrimonial, la voix de la femme doit être écoutée
et prise en considération avec respect à l’égal de
celle de l’homme pour faire cesser certaines injustices.
Dans ce sens, il faudrait encourager une
application plus saine et plus juste du Droit de
l’Église. La justice de l’Église doit être exemplaire
à tous ses niveaux et dans tous les domaines qu’elle
touche. Il faut absolument veiller à ce que les différends
juridiques relatifs aux questions matrimoniales
ne conduisent pas à l’apostasie. Par ailleurs,
les chrétiens des pays de la région doivent avoir la
possibilité d’appliquer dans le domaine matrimonial
et dans les autres domaines, leur droit propre
sans restriction.

Les jeunes et les enfants

62. Je salue avec sollicitude paternelle tous les
enfants et les jeunes de l’Église au Moyen-Orient.
Je pense aux jeunes en quête d’un sens humain et
chrétien durable pour leur vie, sans oublier ceux
pour qui la jeunesse coïncide avec un éloignement
progressif de l’Église, se traduisant par l’abandon
de la pratique religieuse.

63. Je vous invite chers jeunes à cultiver en permanence
l’amitié vraie avec Jésus (cf. Jn 15, 13-15)
par la force de la prière. Plus elle est solide, plus
elle vous servira de phare et vous protégera des
égarements de la jeunesse (cf. Ps 25, 7). La prière
personnelle deviendra plus forte par la fréquentation
régulière des sacrements qui permettent une
rencontre authentique avec Dieu et avec les frères
en Église. N’ayez pas peur ou honte de témoigner
de l’amitié avec Jésus dans la sphère familiale et publique.
Faites-le toutefois en respectant les autres
croyants, juifs et musulmans, avec qui vous partagez
la croyance en Dieu, Créateur du ciel et de la
terre, et aussi de grands idéaux humains et spirituels.
N’ayez pas peur ou honte d’être chrétiens.
La relation avec Jésus vous rendra disponibles
pour collaborer sans réserve avec vos concitoyens,
quelle que soit leur appartenance religieuse, pour
construire l’avenir de vos pays sur la dignité humaine,
source et fondement de la liberté, de l’égalité
et de la paix dans la justice. En aimant le Christ
et son Église, vous pourrez discerner avec sagesse
dans la modernité les valeurs utiles à votre pleine
réalisation et les maux qui intoxiquent lentement
votre vie. Cherchez à ne pas vous laisser séduire
par le matérialisme et par certains réseaux sociaux
dont l’usage, sans discernement, pourrait mutiler
la vraie nature des relations humaines. L’Église au
Moyen-Orient compte beaucoup sur votre prière,
sur votre enthousiasme, sur votre créativité, sur
votre savoir-faire et sur votre engagement plénier
pour servir le Christ, l’Église, la société et surtout
les autres jeunes de votre âge. [64] N’hésitez pas à adhérer
à toute initiative qui vous aidera à renforcer
votre foi et à répondre à l’appel spécifique que le
Seigneur vous adressera. N’hésitez pas non plus à
suivre l’appel du Christ en choisissant la vie sacerdotale,
religieuse ou missionnaire.

64. Ai-je besoin de vous rappeler, chers enfants
à qui je m’adresse maintenant, que dans votre cheminement
avec le Seigneur, un honneur particulier
doit être rendu à vos parents (cf. Ex 20, 12 ; Dt 5,
16) ? Ils sont vos éducateurs dans la foi. Dieu vous a
confiés à eux comme un don inouï pour le monde
afin qu’ils prennent soin de votre santé, de votre
éducation humaine, chrétienne et de votre formation
intellectuelle. Et pour leur part, les parents,
les éducateurs et les formateurs, les institutions
publiques, ont le devoir de respecter le droit des
enfants à partir du moment de la conception. [65]
Quant à vous chers enfants, apprenez dès maintenant
l’obéissance à Dieu en étant obéissants à
vos parents, comme Jésus-enfant (cf. Lc 2, 51).
Apprenez aussi à vivre chrétiennement en famille,
à l’école et partout. Le Seigneur ne vous oublie
pas (cf. Is 49, 15). Il marche toujours à vos côtés
et désire que vous marchiez avec Lui en étant sérieux, courageux et gentils (cf. Tb 6, 2). En toute
circonstance, bénissez le Seigneur Dieu, demandez-
lui de diriger vos voies, et de faire aboutir vos
sentiers et vos projets ; rappelez-vous toujours de
ses commandements et ne les laissez pas s’effacer
de votre coeur (cf. Tb 4, 19).

65. Je désire insister à nouveau sur la formation
des enfants et des jeunes qui revêt une importance
particulière. La famille chrétienne est le lieu
naturel du développement de la foi des enfants et
des jeunes, leur première école de catéchèse. En
ces temps tourmentés, éduquer un enfant ou un
jeune, est difficile. Cette tâche irremplaçable est
rendue plus complexe encore à cause des circonstances
sociopolitiques et religieuses particulières
que vit la région. C’est pourquoi je désire assurer
les parents de mon appui et de ma prière. Il est
important que l’enfant grandisse dans une famille
unie qui vit sa foi simplement et avec conviction.
Il est important pour l’enfant et le jeune de voir
ses parents prier. Il est important qu’il les accompagne
à l’église et qu’il voit et comprenne que ses
parents aiment Dieu et désirent mieux le connaître.
Et il est tout aussi important que l’enfant et
le jeune voit la charité de ses parents envers celui
qui a authentiquement besoin. Il comprend ainsi
qu’il est bon et beau d’aimer Dieu, et il aimera être
en Église et il en sera fier car il aura saisi de l’intérieur
et expérimenté qui est le vrai roc sur lequel
il construira sa vie (cf. Mt 7, 24-27 ; Lc 6, 48). Aux
enfants et aux jeunes qui n’ont pas cette chance,
je souhaite de trouver sur leur chemin d’authentiques
témoins pour les aider à rencontrer le Christ
et à découvrir la joie de se mettre à sa suite.

TROISIÈME PARTIE

«  Nous proclamons … un Christ crucifié …
puissance de Dieu et sagesse de Dieu.
 »
(1 Co 1, 23-24)

66. Le témoignage chrétien, première forme de
la mission, fait partie de la vocation originelle de
l’Église, qui se réalise dans la fidélité au mandat
reçu du Seigneur Jésus : « Vous serez mes témoins
à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et
jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). Quand
elle proclame le Christ crucifié et ressuscité
(cf. Ac 2, 23-24), l’Église devient de plus en plus ce
qu’elle est déjà par nature et vocation : sacrement
de communion et de réconciliation avec Dieu et
entre les hommes. [66] Communion et témoignage
au Christ constituent donc les deux aspects d’une
même réalité, car l’un et l’autre puisent à la même
source, la Trinité sainte, et reposent sur les mêmes
fondements : la Parole de Dieu et les sacrements.

67. Ceux-ci alimentent et authentifient les autres
actes du culte divin tout comme les pratiques dévotionnelles
de piété populaire. La consolidation
de la vie spirituelle fait grandir la charité et porte
naturellement au témoignage. Le chrétien est
avant tout un témoin. Et le témoignage requiert
non seulement une formation chrétienne adéquate
à l’intelligibilité des vérités de foi, mais aussi la
cohérence d’une vie conforme à cette même foi
afin de pouvoir répondre aux exigences de nos
contemporains.

La Parole de Dieu, âme et source de la communion et du
témoignage

68. « Ils étaient assidus à l’enseignement des
Apôtres » (Ac 2, 42). Par cette affirmation, saint
Luc fait de la première communauté le prototype
de l’Église apostolique, c’est-à-dire fondée sur les
Apôtres choisis par le Christ et sur leur enseignement.
La mission principale de l’Église, qu’elle tient
du Christ lui-même, est de garder intact le dépôt
de la foi apostolique (cf. 1 Tm 6, 20), fondement
de son unité, en proclamant cette foi au monde
entier. L’enseignement des Apôtres a explicité le
rapport de l’Église aux Écritures de la Première
Alliance, qui trouvent leur accomplissement en
la personne de Jésus-Christ (cf. Lc 24, 44-53).

69. La méditation du mystère de l’Église, comme
communion et témoignage, à la lumière des Écritures,
ce grand Livre de l’Alliance entre Dieu et son
peuple (cf. Ex 24, 7), conduit à la connaissance de
Dieu, « lumière sur la route » (Ps 119 [118], 105)
« pour ne pas chanceler » (Ps 121, 3). [67] Puissent les
fidèles, héritiers de cette Alliance, chercher toujours
la vérité dans toute l’Écriture qui est inspirée
de Dieu (cf. 2 Tm 3, 16-17). Elle n’est pas un objet
de curiosité historique, mais « l’oeuvre de l’Esprit-
Saint, par laquelle nous pouvons entendre la voix
même du Seigneur et connaître sa présence dans
l’histoire », [68] dans notre histoire humaine.

70. Les écoles exégétiques d’Alexandrie, d’Antioche,
d’Édesse ou de Nisibe ont contribué
puissamment à l’intelligence et à la formulation
dogmatique du mystère chrétien aux IVe et Ve siècles.
 [69] L’Église entière leur en est reconnaissante.
Les tenants des divers courants d’interprétation
des textes s’accordaient sur des principes traditionnels
en exégèse, communément admis par les
Églises d’Orient et d’Occident. Le plus important
est la croyance que Jésus-Christ incarne l’unité intrinsèque
des deux Testaments et par conséquent
l’unité du dessein salvifique de Dieu dans l’histoire
(cf. Mt 5, 17). Les disciples ne commencent
à comprendre cette unité qu’à partir de la Résurrection,
lorsque Jésus aura été glorifié (cf. Jn 12,
16). Vient ensuite la fidélité à une lecture typologique
de la Bible, selon laquelle certains faits de
l’Ancien Testament sont une préfiguration (type
et figure) des réalités de la Nouvelle Alliance en
Jésus-Christ, clé de lecture de toute la Bible (cf. 1
Co 15, 22 . 45-47 ; He 8 , 6-7). Les textes liturgiques
et spirituels de l’Église témoignent de la permanence
de ces deux principes d’interprétation qui
structurent la célébration ecclésiale de la Parole
de Dieu et inspirent le témoignage chrétien. À
ce propos, le Concile Vatican II a ultérieurement
précisé que pour découvrir le sens exact des textes
sacrés, il faut prêter attention au contenu et à
l’unité de toute l’Écriture, eu égard à la Tradition
vivante de toute l’Église et à l’analogie de la foi. [70]
Dans la perspective d’une approche ecclésiale de
la Bible, une lecture, individuelle et en groupe, de
l’Exhortation apostolique post-synodale Verbum
Domini sera de grand apport.

71. La présence chrétienne dans les pays bibliques
moyen-orientaux va bien au-delà d’une appartenance
sociologique ou d’une simple réussite
économique et culturelle. En retrouvant la sève
des origines, à la suite des premiers disciples choisis
par Jésus pour être ses compagnons et pour les
envoyer prêcher (cf. Mc 3, 14), la présence chrétienne
prendra un nouvel élan. Pour que la Parole
de Dieu soit l’âme et le fondement de la vie chrétienne,
la diffusion de la Bible dans les familles favorisera
la lecture et la méditation au quotidien de
la Parole de Dieu (lectio divina). Il s’agit de mettre
en place de façon appropriée une véritable pastorale
biblique.

72. Les moyens de communication modernes
peuvent être un instrument adapté à l’annonce de
la Parole, et favoriser sa lecture et sa méditation.
En expliquant la Bible de manière simple et accessible,
on contribuera à dissiper bien des préjugés
ou des idées erronées sur la Bible, qui entraînent
des controverses inutiles et humiliantes. [71] À ce
propos, il serait judicieux d’y inclure les distinctions
nécessaires entre inspiration et révélation, car
l’ambiguïté de ces deux concepts dans l’esprit de
beaucoup fausse leur intelligence des textes sacrés,
ce qui n’est pas sans conséquence sur l’avenir du
dialogue interreligieux. Ces moyens peuvent aussi
aider à la diffusion du Magistère de l’Église.

73. Pour que ces objectifs soient atteints, il
convient de soutenir les moyens de communication
déjà existants ou de favoriser le développement
de nouvelles structures appropriées. La
formation d’un personnel spécialisé dans ce secteur
névralgique non seulement du point de vue
technique, mais aussi doctrinal et éthique est une
urgence toujours plus grande, notamment en vue
de l’évangélisation.

74. Mais, quelle que soit la place accordée aux
moyens de communication sociale mis en oeuvre,
ils ne sauraient se substituer à la méditation de
la Parole de Dieu, à son intériorisation et à son
application en vue de répondre aux questions des
fidèles. Naîtront ainsi en eux une familiarité avec
les Écritures, une quête et un approfondissement
de la spiritualité, et un engagement à l’apostolat et
à la mission. [72] Selon les conditions pastorales de
chaque pays de la région, une Année biblique pourrait
éventuellement être proclamée, et être suivie,
si cela est opportun, d’une Semaine annuelle de la
Bible. [73]

La liturgie et la vie sacramentaire

75. Tout au long de l’histoire, la liturgie a été pour
les fidèles du Moyen-Orient un élément essentiel
d’unité spirituelle et de communion. En effet, la
liturgie témoigne de façon privilégiée de la Tradition
des Apôtres, continuée et développée dans
les traditions particulières des Églises d’Orient et
d’Occident. Entreprendre un renouvellement des
textes et des célébrations liturgiques, là où c’est nécessaire,
pourrait permettre aux fidèles de mieux
s’approprier la tradition et la richesse biblique et
patristique, théologique et spirituelle des liturgies,
dans l’expérience du Mystère auquel elles introduisent.
 [74] Une telle entreprise doit bien sûr être
menée, autant qu’il est possible, en collaboration
avec les Églises qui ne sont pas en pleine communion,
mais qui sont co-dépositaires des mêmes
traditions liturgiques. Le renouveau liturgique
souhaité doit être fondé sur la Parole de Dieu, sur
la tradition propre à chaque Église, et sur les nouvelles
données théologiques et anthropologiques
chrétiennes. Il portera du fruit si les chrétiens acquièrent la conviction que la vie sacramentelle les
introduit profondément dans la vie nouvelle dans
le Christ (cf. Rm 6, 1-6 ; 2 Co 5, 17), source de
communion et de témoignage.

76. Un lien vital existe entre la liturgie, source et
sommet de la vie de l’Église, qui fonde l’unité de
l’épiscopat et de l’Église universelle, et le ministère
de Pierre qui maintient cette unité. La liturgie
exprime cette réalité, surtout lors de la célébration
eucharistique qui est faite en union non seulement
avec l’Évêque, mais d’abord avec le Pape, avec
l’ordre épiscopal, avec tout le clergé et le peuple
de Dieu tout entier.

77. Par le sacrement du Baptême, conféré au
nom de la Trinité sainte, nous entrons dans la
communion du Père, du Fils et du Saint-Esprit,
et sommes conformés au Christ, en vue de mener
une vie nouvelle (cf. Rm 6, 11-14 ; Col 2, 12), une
vie de foi et de conversion (cf. Mc 16, 15-16 ; Ac
2, 38). Le Baptême nous incorpore aussi dans le
Corps du Christ, l’Église, germe et anticipation de
l’humanité réconciliée dans le Christ (cf. 2 Co 5,
19). En communion avec Dieu, les baptisés sont
appelés à vivre ici et maintenant en communion
fraternelle entre eux, tout en développant une
réelle solidarité avec les autres membres de la famille
humaine, sans discrimination basée sur la
race et la religion, par exemple. Dans ce contexte,
il convient de veiller à ce que la préparation sacramentelle
des jeunes et des adultes se fasse avec la
plus grande profondeur et sur une période qui ne
soit pas trop brève.

78. L’Église catholique tient le Baptême validement
conféré comme « le lien sacramentel
d’unité existant entre ceux qui ont été régénérés
par lui ». [75] Puisse un accord oecuménique sur la
reconnaissance mutuelle du Baptême voir le jour
sans tarder entre l’Église catholique et les Églises
avec lesquelles elle est en dialogue théologique, en
vue de restaurer par la suite la pleine communion
dans la foi apostolique ! La crédibilité du message
et du témoignage chrétiens au Moyen-Orient en
dépend partiellement.

79. L’Eucharistie où l’Église célèbre le grand
mystère de la mort et de la résurrection de Jésus-
Christ pour le salut de la multitude, fonde la
communion ecclésiale et la mène à sa plénitude.
Saint Paul l’a admirablement érigé en un principe
ecclésiologique par ces termes : « Puisqu’il n’y a
qu’un seul pain, nous sommes tous un seul corps ;
car nous participons à cet unique pain » (1 Co 10,
17). Souffrant dans sa mission du drame des divisions
et des séparations, et ne désirant pas que ses
membres se réunissent pour leur propre condamnation
(cf. 1 Co 11, 17-34), l’Église du Christ espère
ardemment que proche soit le jour où tous les
chrétiens pourront enfin communier ensemble au
même pain dans l’unité d’un seul corps.

80. Dans la célébration de l’Eucharistie, l’Église
fait aussi l’expérience quotidienne de la communion
de ses membres en vue du témoignage
quotidien dans la société, qui est une dimension
essentielle de l’espérance chrétienne. L’Église
prend ainsi conscience de l’unité intrinsèque de
l’espérance eschatologique et de l’engagement
dans le monde quand elle fait mémoire de toute
l’économie du salut : de l’Incarnation à la Parousie.
Cette notion pourrait être davantage approfondie
à une époque où la dimension eschatologique
de la foi s’est affaiblie, et où le sens chrétien
de l’histoire, comme marche vers son achèvement
en Dieu, s’estompe au profit de projets limités
au seul horizon humain. Pèlerins en marche vers
Dieu, à la suite des innombrables ermites et moines,
chercheurs d’Absolu, les chrétiens vivant au
Moyen-Orient sauront trouver dans l’Eucharistie
la force et la lumière nécessaires pour témoigner,
souvent à contre-courant et malgré d’innombrables
contraintes, de l’Évangile. Ils s’appuieront sur
l’intercession des justes, des saints, des martyrs et
des confesseurs et de tous ceux qui ont plu au Seigneur
comme le chantent nos liturgies d’Orient et
d’Occident.

81. Le sacrement du pardon et de la réconciliation,
dont je souhaite avec l’ensemble des pères
synodaux un renouveau dans la compréhension
et la pratique parmi les fidèles, est une invitation
à la conversion du coeur. [76] En effet, le Christ demande clairement : « avant de présenter ton offrande
à l’autel […] va d’abord te réconcilier avec
ton frère » (Mt 5, 23-24). La conversion sacramentelle
est un don qui réclame d’être mieux accueilli
et mis en oeuvre. Le sacrement du pardon et de
la réconciliation remet certes les péchés, mais il
guérit aussi. Une pratique plus fréquente ne peut
que favoriser la formation de la conscience et la
réconciliation, en aidant à surmonter les peurs diverses
et à lutter contre la violence. Car Dieu seul
donne la paix authentique (cf. Jn 14, 27). Dans
cette ligne, j’exhorte les Pasteurs et les fidèles qui
leur sont confiés à purifier sans cesse la mémoire
individuelle et collective, en libérant les esprits des
préjugés, à travers l’acceptation mutuelle et la collaboration
avec des personnes de bonne volonté.
Je les exhorte également à promouvoir toute initiative
de paix et de réconciliation, même au milieu
des persécutions, pour devenir de vrais disciples
du Christ, selon l’esprit des Béatitudes (cf. Mt
5, 3-12). Il convient que la « bonne conduite » des
chrétiens (cf. 1 P 3, 16) devienne par son exemplarité
le levain dans la pâte humaine (cf. Lc 13,
20-21), car elle se fonde sur le Christ qui invite à la
perfection (cf. Mt 5, 48 ; Jc 1, 4 ; 1 P 1, 16).

La prière et les pèlerinages

82. L’Assemblée spéciale du Synode des Évêques
pour le Moyen-Orient a souligné avec vigueur
la nécessité de la prière dans la vie de l’Église afin
que celle-ci se laisse transformer par son Seigneur,
et que chaque fidèle laisse le Christ vivre en lui
(cf. Ga 2, 20). En effet, comme Jésus lui-même
l’a montré en se retirant pour prier aux moments
décisifs de sa vie, l’efficacité de la mission évangélisatrice
et donc du témoignage trouve sa source
dans la prière. En s’ouvrant à l’action de l’Esprit
de Dieu, le croyant, par sa prière personnelle et
communautaire, fait pénétrer dans le monde la
richesse de l’amour et la lumière de l’espérance
qui sont en lui (cf. Rm 5, 5). Puisse le désir de
la prière grandir chez les Pasteurs du peuple de
Dieu et chez les fidèles afin que leur contemplation
du visage du Christ inspire toujours plus leur
témoignage et leurs actions ! Jésus a recommandé
à ses disciples de prier sans cesse et de ne pas se
décourager (cf. Lc 18, 1). Les situations humaines
douloureuses engendrées par l’égoïsme, l’iniquité
ou la volonté de puissance, peuvent susciter de
la lassitude et du découragement. Pourtant Jésus
recommande la prière continuelle. Elle est la véritable
‘tente de la rencontre’ (cf. Ex 40, 34), le lieu
privilégié de la communion avec Dieu et avec les
hommes. N’oublions pas la signification du nom
de l’Enfant dont la naissance est annoncée par
Isaïe et qui apporte le salut : Emmanuel, « Dieu
avec nous » (cf. Is 7, 14 ; Mt 1, 23). Jésus est notre
Emmanuel, vrai Dieu avec nous. Invoquons-le
avec ferveur !

83. Terre de la révélation biblique, le Moyen-
Orient est devenu très tôt un but de pèlerinage
privilégié pour beaucoup de chrétiens venus du
monde entier pour consolider leur foi et vivre une
expérience profondément spirituelle. Il s’agissait
alors d’une démarche pénitentielle qui répondait
à une authentique soif de Dieu. Le pèlerinage biblique
actuel doit revenir à cette intuition initiale.
En se situant dans la pénitence pour la conversion
et dans la recherche de Dieu, mettant ses pas
dans les pas temporels du Christ et des apôtres,
le pèlerinage vers les lieux saints et apostoliques
peut être, s’il est vécu avec foi et profondeur, une
authentique sequela Christi. Dans un second temps,
il permet également aux fidèles de s’imprégner
davantage de la richesse visuelle de l’histoire biblique
qui retrace devant eux les grands moments
de l’économie du salut. Au pèlerinage biblique, il
convient aussi d’associer le pèlerinage aux sanctuaires
des martyrs et des saints, en qui l’Église
vénère le Christ, source de leur martyre et de leur
sainteté.

84. Certes, l’Église vit dans l’attente vigilante et
confiante de l’avènement final de l’Époux (cf. Mt
25, 1-13). Elle rappelle à la suite de son Maître que
la véritable adoration se fait en esprit et en vérité,
et n’est pas limitée à un lieu saint, quelle que soit
son importance symbolique et religieuse dans la
conscience des croyants (cf. Jn 4, 21.23). L’ Église,
et en elle chaque baptisé, ressent néanmoins le
besoin légitime d’un retour aux sources. Dans les
lieux où se sont déroulés les événements du salut,
chaque pèlerin pourra s’engager sur un chemin de
conversion à son Seigneur et trouver un nouvel
élan. Je souhaite que les fidèles du Moyen-Orient
puissent se faire eux-mêmes pèlerins en ces lieux
sanctifiés par le Seigneur lui-même et avoir accès
librement sans restriction aux lieux saints. Par
ailleurs, les pèlerinages dans ces lieux feront découvrir
aux chrétiens non orientaux la richesse
liturgique et spirituelle des Églises orientales. Ils
contribueront également à soutenir et à encourager
les communautés chrétiennes à demeurer fidèlement
et vaillamment sur ces terres bénies.

L’évangélisation et la charité : mission de l’Église

85. La transmission de la foi chrétienne est une
mission essentielle pour l’Église. Afin de mieux
répondre aux défis du monde d’aujourd’hui, j’ai
invité l’ensemble des fidèles de l’Église à une
nouvelle évangélisation. Pour qu’elle porte ses
fruits, elle devra demeurer dans la fidélité à la foi
en Jésus-Christ. « Malheur à moi si je n’annonçais
pas l’Évangile ! » (1 Cor 9, 16) s’exclamait saint
Paul. Dans les situations mouvantes actuelles,
cette nouvelle évangélisation désire faire prendre
conscience au fidèle que son témoignage de vie [77]
donne force à sa parole quand il ose parler de Dieu
ouvertement et courageusement afin d’annoncer
la Bonne Nouvelle du salut. Aussi l’ensemble de
l’Église catholique présente au Moyen-Orient estelle
invitée, avec l’Église universelle, à s’engager
dans cette évangélisation, en tenant compte avec
discernement du contexte culturel et social actuel,
sachant reconnaître ses attentes et ses limites.
C’est avant tout un appel à se laisser évangéliser à
nouveau par la rencontre avec le Christ, appel qui
s’adresse à toute communauté ecclésiale comme
à chacun de ses membres. Car, ainsi que le rappelait
le Pape Paul VI : « Celui qui a été évangélisé
évangélise à son tour. C’est là le test de vérité, la
pierre de touche de l’évangélisation : il est impensable
qu’un homme ait accueilli la Parole et se soit
donné au Règne sans devenir quelqu’un qui témoigne
et annonce à son tour ». [78]

86. L’approfondissement du sens théologique
et pastoral de cette évangélisation est une tâche
importante afin de « partager le don inestimable
que Dieu a voulu nous faire, en nous faisant participer
à sa vie même ». [79] Une telle réflexion devra
être ouverte aux deux dimensions oecuménique
et interreligieuse, inhérentes à la vocation et à la
mission propres de l’Église catholique au Moyen-
Orient.

87. Depuis plusieurs années les mouvements
ecclésiaux et les communautés nouvelles sont présents
au Moyen-Orient. Ils sont un don de l’Esprit
à notre époque. S’il ne faut pas éteindre l’Esprit
(cf. 1 Th 5, 19), il incombe néanmoins à chacun et
à chaque communauté de mettre son charisme au
service du bien commun (cf. 1 Cor 12, 7). L’Église
catholique au Moyen-Orient se réjouit du témoignage
de foi et de communion fraternelle de ces
communautés où se rassemblent des chrétiens de
plusieurs Églises, sans confusion ni prosélytisme.
J’encourage les membres de ces mouvements et
communautés à être des artisans de communion
et des témoins de la paix qui vient de Dieu, en
union avec l’Évêque du lieu et selon ses directives
pastorales, en tenant compte de l’histoire, de la
liturgie, de la spiritualité et de la culture de l’Église
locale. [80] Ils démontreront ainsi leur attachement
généreux et leur désir de servir l’Église locale et
l’Église universelle. Enfin, leur bonne intégration
exprimera la communion dans la diversité et aidera
à la nouvelle évangélisation.

88. Héritière d’un élan apostolique qui a porté
la Bonne Nouvelle dans des terres lointaines, chacune
des Églises catholiques présentes au Moyen-
Orient est aussi invitée à renouveler son esprit
missionnaire par la formation et l’envoi d’hommes
et de femmes fiers de leur foi dans le Christ mort
et ressuscité, et capables d’annoncer avec courage
l’Évangile, tant dans la région que dans des territoires
de la diaspora, ou encore en d’autres pays
du monde. [81] L’Année de la Foi qui se situe dans le
contexte de la nouvelle évangélisation, sera, si elle
est vécue avec une intense conviction, un excellent
stimulant pour promouvoir une évangélisation interne
des Églises de la région, et pour consolider
le témoignage chrétien. Faire connaître le Fils de
Dieu mort et ressuscité, seul et unique Sauveur
de tous, est un devoir constitutif de l’Église et
une responsabilité impérative pour tout baptisé.
« Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et
parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm
2, 4). Face à cette tâche urgente et exigeante, et
dans un contexte multiculturel et pluri-religieux,
l’Église jouit de l’assistance de l’Esprit Saint, don
du Seigneur ressuscité, qui continue de soutenir
les siens, et du trésor des grandes traditions spirituelles
qui aident à chercher Dieu. J’encourage les
circonscriptions ecclésiastiques, les instituts religieux
et les mouvements à développer un authentique
souffle missionnaire qui sera pour eux un
gage de renouveau spirituel. Pour cette tâche,
l’Église catholique au Moyen-Orient peut compter
sur l’appui de l’Église universelle.

89. Depuis longtemps, l’Église catholique au
Moyen-Orient oeuvre grâce à un réseau d’institutions
éducatives, sociales et caritatives. Elle fait
sien l’appel de Jésus : « Dans la mesure où vous
l’avez fait à l’un de ces petits de mes frères, c’est
à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). Elle accompagne
l’annonce de l’Évangile d’oeuvres de
charité, conformément à la nature même de la
charité chrétienne, en réponse aux nécessités immédiates
de tous, quelle que soit leur religion, indépendamment
des partis et des idéologies, dans
le seul but de vivre sur terre l’amour de Dieu pour
les humains. [82] À travers le témoignage de la charité,
l’Église apporte sa contribution à la vie de la
société et désire contribuer à la paix dont la région
a besoin.

90. Le Christ Jésus s’est fait proche des plus faibles.
Guidée par son exemple, l’Église oeuvre au
service de l’accueil des enfants dans des maternités
et des orphelinats, de celui des pauvres, des
personnes handicapées, des malades et de toute
personne nécessiteuse afin qu’elle soit toujours
mieux insérée dans la communauté humaine.
L’Église croit en la dignité inaliénable de chaque
personne humaine et elle adore Dieu, créateur et
père, en servant sa créature dans le besoin tant
matériel que spirituel. C’est à cause de Jésus, vrai
Dieu et vrai homme, que l’Église accomplit son
ministère de consolation qui ne cherche qu’à refléter
la charité de Dieu pour l’humanité. Je voudrais
dire ici mon admiration et ma reconnaissance envers
toutes les personnes qui consacrent leur vie
à ce noble idéal, et les assurer de la bénédiction
de Dieu.

91. Les centres d’éducation, les écoles, les instituts
supérieurs et les universités catholiques du
Moyen-Orient sont nombreux. Les religieux, les
religieuses et les laïcs qui y oeuvrent, réalisent un
travail impressionnant que je salue et encourage.
Étrangères à tout prosélytisme, ces institutions
éducatives catholiques accueillent des élèves ou
des étudiants d’autres Églises et d’autres religions. [83]
Étant d’inestimables instruments de culture pour
la formation à la connaissance des jeunes, elles démontrent
de manière éclatante la possibilité qu’il
y a au Moyen-Orient de vivre dans le respect et la
collaboration, par une éducation à la tolérance et
par une recherche continuelle de qualité humaine.
Elles sont également attentives aux cultures locales
qu’elles désirent promouvoir en soulignant
les éléments positifs qu’elles contiennent. Une
grande solidarité entre les parents, les étudiants,
les universités et les éparchies et diocèses, y compris
à l’aide de caisses de mutuelles, permettra
de garantir à tous l’accès à l’éducation, surtout à
ceux qui sont privés des ressources nécessaires.
L’Église demande aussi aux divers responsables
politiques de soutenir ces institutions qui, par leur
activité, collaborent réellement et efficacement au
bien commun, à la construction et à l’avenir des
diverses nations. [84]

La catéchèse et la formation chrétienne

92. Saint Pierre rappelle dans sa Première
Lettre qu’il faut être « toujours prêts à la défense
contre quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous. Mais que ce soit avec douceur
et respect … » (3, 15b-16a). Les baptisés ont
reçu le don de la foi. Elle inspire toute leur vie
et les porte à en rendre raison avec délicatesse et
respect des personnes, mais aussi avec franchise
et courage (cf. Ac 4, 29ss). Aussi seront-ils initiés
de manière adéquate à la célébration des saints
Mystères, introduits à la connaissance de la doctrine
révélée et invités à la cohérence de la vie et
de l’agir quotidien. Cette formation des fidèles
est assurée avant tout par la catéchèse, autant que
possible dans une fraternelle collaboration entre
les différentes Églises.

93. La liturgie, et en premier lieu la célébration
de l’Eucharistie, est une école de foi qui conduit
au témoignage. La Parole de Dieu annoncée de
façon adaptée doit conduire les fidèles à découvrir
sa présence et son efficacité dans leur vie et dans
celle des hommes d’aujourd’hui. Le Catéchisme de
l’Église catholique est une base nécessaire. Comme
je l’ai déjà indiqué, sa lecture et son enseignement
doivent être encouragés, tout comme une initiation
concrète à la Doctrine sociale de l’Église,
exprimée notamment dans le Compendium de la
Doctrine sociale de l’Église, ainsi que dans les grands
documents du Magistère pontifical. [85] La réalité de
la vie ecclésiale moyen-orientale et l’entraide dans
la diaconie de la charité permettront à cette formation
d’avoir une dimension oecuménique, selon
la spécificité des lieux et en accord avec les autorités
ecclésiales respectives.

94. Par ailleurs, l’engagement des chrétiens
dans l’Église et dans les institutions de la cité sera
renforcé par une solide formation spirituelle. Il
semble nécessaire de faciliter aux fidèles, surtout
à ceux qui vivent dans les traditions orientales et
à cause de l’histoire de leurs Églises, l’accès aux
trésors des Pères de l’Église et des maîtres spirituels.
J’invite les Synodes et les autres organismes
épiscopaux à réfléchir sérieusement à la réalisation
progressive de ce souhait et à l’actualisation
nécessaire de l’enseignement patristique qui complétera
la formation biblique. Ceci implique qu’en
premier lieu les prêtres, les consacrés et les séminaristes
ou novices puisent dans ces trésors pour
approfondir leur vie personnelle de foi, afin de
pouvoir ensuite les partager avec sûreté. Les enseignements
des maîtres spirituels de l’Orient et
de l’Occident, et ceux des saints et saintes aideront
celui ou celle qui cherche vraiment Dieu.

CONCLUSION

95. « Sois sans crainte, petit troupeau ! » (Lc 12,
32) C’est avec ces paroles du Christ, que je désire
encourager tous les pasteurs et les fidèles chrétiens
au Moyen-Orient à garder courageusement
vivante la flamme de l’amour divin dans l’Église
et dans leurs milieux de vie et d’activités. C’est
ainsi qu’ils maintiendront intègres l’essence et la
mission de l’Église telles que le Christ les a voulues.
C’est ainsi aussi que les diversités légitimes
et historiques enrichiront la communion entre
les baptisés, avec le Père et avec son Fils Jésus-
Christ dont le sang purifie de tout péché (cf. 1 Jn
1, 3.6-7). À l’aube de la chrétienté, saint Pierre,
Apôtre de Jésus Christ, a écrit sa Première Lettre
à des communautés croyantes d’Asie mineure en
difficultés. Au début de ce nouveau millénaire, il
a été bon que se réunissent en Synode autour du
successeur de Pierre des Pasteurs et des fidèles du
Moyen-Orient et d’ailleurs, pour prier et réfléchir
ensemble. L’exigence apostolique et la complexité
du moment invitent à la prière et au dynamisme
pastoral. L’urgence de l’heure et l’injustice de tant
de situations dramatiques demandent, en faisant
une relecture de la Première Lettre de saint Pierre,
de s’unir pour témoigner ensemble du Christ
mort et ressuscité. Cet être-ensemble, cette communion
voulue par notre Seigneur et Dieu, est
nécessaire plus que jamais. Mettons de côté tout
ce qui semble être cause d’insatisfaction, même
légitime, pour nous concentrer d’un seul coeur
sur l’unique nécessaire : unir dans le Fils unique
tous les hommes et tout l’univers (cf. Rm 8, 29 ;
Ep 1, 5.10).

96. Le Christ a confié à Pierre la mission spécifique
de faire paître ses brebis (cf. Jn 21, 15-17) et
c’est sur lui qu’il a édifié son Église (cf. Mt 16, 18).
Le Successeur de Pierre que je suis, n’oublie pas
les tribulations et les souffrances des fidèles du
Christ et, surtout, de ceux qui vivent au Moyen-
Orient. Le Pape leur est particulièrement uni spirituellement.
Voilà pourquoi au nom de Dieu, je
demande aux responsables politiques et religieux
des sociétés non pas seulement de soulager ces
souffrances, mais d’éliminer les causes qui les produisent.
Je leur demande de tout mettre en oeuvre
pour qu’enfin règne la paix.

97. Le Pape n’oublie pas non plus que l’Église –
la Cité sainte, la Jérusalem céleste – dont le Christ
est la pierre angulaire (cf. 1 P 2, 4. 7) et dont luimême
a reçu la mission de prendre soin sur terre,
est construite sur des assises faites de pierreries
différentes, colorées et précieuses (cf. Ap 21, 14.
19-20). Les vénérables Églises orientales et l’Église
de rite latin sont ces joyaux resplendissants, qui
s’effacent en adoration devant « le fleuve de vie,
limpide comme le cristal, qui jaillit du trône de
Dieu et de l’Agneau » (Ap 22, 1).

98. C’est pour permettre aux hommes de voir
la face de Dieu et son nom inscrit sur leurs fronts
(cf. Ap 22, 4), que j’invite l’ensemble des fidèles
catholiques à se laisser conduire par l’Esprit
de Dieu pour consolider davantage entre eux la
communion, et à la vivre dans une fraternité simple
et joyeuse. Je sais que certaines circonstances
peuvent parfois conduire à incliner vers des accommodements
qui menacent de rompre la communion
humaine et chrétienne. Elles y arrivent
malheureusement trop souvent, et cette tiédeur
déplaît à Dieu (cf. Ap 3, 15-19). La lumière du
Christ (cf. Jn 12, 46) veut rejoindre les recoins de
la terre et de l’homme, même les plus obscurs
(cf. 1 P 2, 9). Pour être un lampadaire porteur de
l’unique Lumière (cf. Lc 11, 33-36) et pour pouvoir
témoigner partout (cf. Mc 16, 15-18), il importe
de choisir le chemin qui mène à la vie (cf.
Mt 7,14) en laissant derrière soi les oeuvres stériles
des ténèbres (cf. Ep 5, 9-14) et en les rejetant avec
détermination (cf. Rm 13, 12s).

99. Puisse la fraternité des chrétiens devenir par
son témoignage, un levain dans la pâte humaine
(cf. Mt 13, 33) ! Puissent les chrétiens du Moyen-
Orient, catholiques et autres, donner dans l’unité
avec courage ce témoignage peu facile, mais exaltant
à cause du Christ, pour recevoir la couronne
de vie (cf. Ap 2, 10b) ! L’ensemble de la communauté
chrétienne les encourage et les soutient.
Puisse l’épreuve que vivent certains de nos frères
et soeurs (cf. Ps 66 [65] 10 ; Is 48, 10 ; 1P 1, 7), fortifier
la fidélité et la foi de tous ! « À vous grâce et
paix en abondance … Paix à vous tous, qui êtes
dans le Christ » (1P 1, 2b ; 5, 14b) !

100. Le coeur de Marie, Théotókos et Mère de
l’Église, a été transpercé (cf. Lc 2, 34-35) à cause
de la ‘contradiction’ que son Divin Fils a apportée,
c’est à dire à cause des oppositions et de
l’hostilité à la mission de lumière que le Christ a
affrontées et que l’Église, son Corps mystique,
continue de vivre. Marie, que l’Église entière,
aussi bien en Orient qu’en Occident, vénère avec
tendresse, nous assistera maternellement. Marie,
la toute Sainte, qui a cheminé parmi nous, saura
une nouvelle fois présenter nos nécessités à son
Divin Fils. Elle nous offre son Fils. Écoutons-la
qui nous ouvre à l’espérance : « Tout ce qu’il vous
dira, faites-le ! » (Jn 2, 5).

Donné à Beyrouth, au Liban, le 14 septembre
2012, fête de la Croix Glorieuse, en la huitième
année de mon Pontificat.

[1Benoît XVI, Homélie de la messe d’ouverture de l’Assemblée
spéciale du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient (11 octobre
2010) : AAS 102 (2010), p. 805.

[2Cf. Proposition 4.

[3Code des Canons des Églises Orientales, canon 39 ; cf. Conc.
oecum. Vat. II, Décret sur les Églises orientales catholiques
Orientalium Ecclesiarum, n. 1 ; Jean-Paul II, Exhort. Apost.
post-synodale Une espérance nouvelle pour le Liban (10 mai 1997),
n. 40 : AAS 89 (1997), pp. 346-347 où est développé le thème de
l’unité entre la Tradition apostolique commune et les traditions
ecclésiales qui en sont issues en Orient.

[4Cf. Benoît XVI, Homélie de la messe de minuit (24 décembre
2010) : AAS 103 (2011), pp. 17-21.

[5Cf. Proposition 9.

[6Cf. Conc. oecum. Vat. II, Décret sur l’oecuménisme,
Unitatis redintegratio, n. 1.

[7Cf. Benoît XVI, Discours aux participants à l’assemblée plénière
de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (27 janvier 2012),
AAS 104 (2012), p. 109.

[8Cf. Conc. oecum. Vat. II, Décret sur l’oecuménisme,
Unitatis redintegratio, n. 8

[9Cf. Jean-Paul II, Lett. enc. Ut unum sint (25 mai 1995),
nn. 83-84 : AAS 87 (1995), pp. 971-972.

[10Cf. Conseil pontifical pour la promotion de l’unité
des chrétiens, Directoire pour l’application des principes et des normes
de l’oecuménisme (25 mars 1993) : AAS 85 (1993), pp. 1039-1119.

[11Décret sur les Églises orientales catholiques, Orientalium
Ecclesiarum, n. 24.

[12Cf. Conc. oecum. Vat. II, Décret sur l’oecuménisme,
Unitatis redintegratio, n. 15.

[13Cf. idem, Décret sur les Églises orientales catholiques,
Orientalium Ecclesiarum, nn. 26-27.

[14Cf. idem, Décret sur l’oecuménisme, Unitatis redintegratio,
n. 15 ; Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des
chrétiens, Directoire pour l’application des principes et des normes de
l’oecuménisme (25 mars 1993), nn. 122-128 : AAS 85 (1993), pp.
1086-1088.

[15Cf. Conseil pontifical pour la promotion de l’unité
des chrétiens, Directoire pour l’application des principes et des normes
de l’oecuménisme (25 mars 1993), n. 145 : AAS 85 (1993), p. 1092.

[16Cf. Proposition 28, dont certaines initiatives proposées
sont de compétences pastorales locales et d’autres qui engagent
l’ensemble de l’Église catholique, seront étudiées en accord avec
le Siège de Pierre.

[17Cf. Proposition 40.

[18Cf. Benoît XVI, Discours au Centre Heichal Shlomo, Jérusalem
(12 mai 2009) : AAS 101 (2009), pp. 522-523 ; Proposition 41.

[19Cf. Proposition 5.

[20Cf. Proposition 42.

[21Cf . Conc. oecum. Vat. II, Déclaration sur la liberté religieuse
Dignitatis humanae, nn. 2-8 ; Benoit XVI, Message pour la
célébration de la Journée mondiale pour la paix 2011 : AAS 103 (2011),
pp. 46-58 ; Discours aux membres du Corps diplomatique accrédité près
le Saint-Siège (10 janvier 2011) : AAS 103 (2011), pp. 100-107.

[22Cf. Conc. oecum. Vat. II, Déclaration sur les relations
de l’Église avec les religions non chrétiennes, Nostra aetate, n. 2.

[23Benoit XVI, Discours lors de la rencontre avec les membres
du Gouvernement, les représentants des Institutions de la République, le
Corps diplomatique et les représentants des principales religions (Cotonou,
19 novembre 2011), AAS 103 (2011), p. 820.

[24Cf . Benoit XVI, Message pour la journée mondiale des
migrants et des réfugiés 2006 : AAS 97(2005), pp. 981-983 ; idem
2008 : AAS 100 (2008), pp. 805-808 ; et ibidem 2012 : AAS 103
(2011), pp. 763-766.

[25Cf. Proposition 11.

[26Cf. Propositions 6 et 10.

[27Cf. Proposition 12.

[28Cf. Proposition 15.

[29Cf. Proposition 14.

[30Benoît XVI, Homélie de la messe de clôture de l’Assemblée
spéciale du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient (24 octobre
2010) : AAS 102 (2010), p. 815.

[31Cf. Benoit XVI, Homélie d’ouverture de l’Assemblée spéciale
du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient (11 octobre 2010) : AAS
102 (2010), p. 805.

[32Cf. Congregation pour la Doctrine de la Foi, Lettre
aux Évêques de l’Église catholique sur certains aspects de l’Église comprise
comme communion – Communionis notio, (28 mai 1992), 9 : AAS
85 (1993), pp. 843-844 : notamment dans le 1er paragraphe :
« ‘l’Église universelle ne peut être conçue ni comme la somme
des Églises particulières, ni comme une fédération d’Églises
particulières’. Elle n’est pas le résultat de leur communion, mais
elle est, dans son mystère essentiel, une réalité ontologiquement
et chronologiquement préalable à toute Église particulière singulière.
 »

[33Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. sur l’Église Lumen
gentium, n. 23.

[34Cf. Code des Canons des Églises Orientales, canons 76, §§ 1
et 2, et 92, §§ 1 et 2.

[35Cf. idem, canon 97.

[36Cf. idem, canon 83, § 1.

[37Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Pastores
gregis (16 octobre 2003), n. 26 : AAS 96 (2004), pp. 859-860.

[38Idem, Exhort. apost. post-synodale Une espérance pour le
Liban (10 mai 1997), n. 60 : AAS 89 (1997), p. 364.

[39Cf. Proposition 22.

[40Cf. Code des Canons des Églises Orientales, canon 192, §1.

[41Cf. Proposition 7.

[42Cf. Conc. oecum. Vat. II, Décret sur le ministère et la
vie des prêtres Presbyterorum ordinis, nn. 4-6.

[43Cf. Message final de l’Assemblée spéciale du Synode des Évêques
pour le Moyen-Orient (22 octobre 2010), n. 4, 3 : L’Osservatore
Romano, édition française, n. 3.159 (09 novembre 2010), p. 23.

[44Cf. Conc. oecum. Vat. II, Décret sur le ministère et la
vie des prêtres, Presbyterorum ordinis, n. 11.

[45Cf. Congrégation pour l’Éducation catholique, Ratio
fundamentalis Institutionis sacerdotalis (19 mars 1985), nn. 5-10.

[46Cf. Lettre aux séminaristes (18 octobre 2010) : AAS 102
(2010), pp. 793-798.

[47Cf. Jean-Paul II, Lett. Apost. Orientale Lumen (02 mai
1995) : AAS 87 (1995), p. 745-774

[48Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. sur l’Église Lu51

[49Cf. Proposition 26.

[50Cf. Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée
et les Sociétés de Vie Apostolique, Instruction Repartir
du Christ. Un engagement renouvelé de la vie consacrée au troisième millénaire
(19 mai 2002) : Ench. Vat. 21, nn. 372-510 ; L’Osservatore Romano,
édition française, n. 2.741 (10 septembre 2002), pp. 5-14.

[51Cf. Congrégation pour les Religieux et les Instituts
Séculiers et Congrégation pour les Évêques, Directives
de base sur les rapports entre les évêques et les religieux
dans l’Église Mutuae relationes (14 mai 1978), nn. 52-65 : AAS
70 (1978) pp. 500-505. Sur la place des moines dans les Églises
orientales catholiques, voir Code des Canons des Églises Orientales,
canons 410-572.

[52Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. sur l’Église
Lumen gentium, nn. 30-38 ; Décret sur l’apostolat des laïcs Apostolicam
actuositatem ; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale,
Christifideles laici (30 décembre 1988) : AAS 81 (1989), pp. 393-
521.

[53Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Une espérance
pour le Liban (10 mai 1997), nn. 45.103 : AAS 89 (1997),
pp 350-352 et 400 ; Proposition 24

[54Benoît XVI, Homélie de la messe de clôture de l’Assemblée
spéciale du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient (24 octobre
2010) : AAS 102 (2010), p. 814.

[55Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. sur l’Église Lumen
gentium, n. 31.

[56Cf. Proposition 30.

[57Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles
laici (30 décembre 1988), nn. 57-63 : AAS 81 (1989), pp.
506-518.

[58Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. Familiaris consortio (22
novembre 1981) : AAS 74 (1982), pp. 81-191 ; Saint-Siège,
Charte des droits de la famille (22 octobre 1983), Cité du Vatican,
1983 ; Jean-Paul II, Lettre aux familles (02 février 1994) : AAS 86
(1994), pp. 868-925 ; Conseil pontifical justice et paix, Compendium
de la doctrine sociale de l’Église, nn. 209-254.

[59Cf. Proposition 35.

[60Cf. Benoît XVI, Homélie de la messe au Mont du Précipice,
Nazareth (14 mai 2009) : AAS 101 (2009), pp. 478-482.

[61Cf. Jean-Paul II, Lett. apost. Mulieris dignitatem (15 août
1988), n. 10 : AAS 80 (1988), pp. 1676-1677.

[62Cf. Idem, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici
(30 décembre 1988), n. 49 : AAS 81 (1989), p. 487.

[63Cf. Idem, Exhort. apost. post-synodale Une espérance pour
le Liban (10 mai 1997), n. 50 : AAS 89 (1997), p. 355 ; Message de l’Assemblée spéciale du Synode des Évêques (22 octobre 2010), n. 4.4 :
L’Osservatore Romano, édition française, n. 3.159, (9 novembre
2010), p. 22 ; Proposition 27.

[64Cf. Proposition 36.

[65Cf. Proposition 27.

[66Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. sur l’Église Lumen
gentium, n. 1

[67Cf. Benoît XVI, Exhort. Apost. post-synodale Verbum
Domini (30 septembre 2010), n. 24 : AAS 102 (2010), p. 704.

[68Idem, n. 19 : AAS 102 (2010), p. 701.

[69Cf. Conc. oecum. Vat. II, Décret sur l’oecuménisme,
Unitatis redintegratio, n. 14.

[70Cf. Const. dogm. sur la révélation divine, Dei Verbum,
n. 12.

[71Cf. Proposition 2.

[72Cf. Ibidem.

[73Cf. Proposition 3.

[74Cf. Proposition 39.

[75Cf. Conc. oecum. Vat. II, Décret sur l’oecuménisme,
Unitatis redintegratio, n. 22.

[76Cf. Proposition 37.

[77Cf. Benoît XVI, Exhort. Apost. post-synodale, Verbum
Domini (30 septembre 2010), n. 97 : AAS 102 (2010) , pp. 767-768.

[78Exhort. Apost. Sous forme de motu proprio Evangelii
nuntiandi (8 décembre 1975), n. 24 : AAS 68 (1976), p. 21.

[79Benoît XVI, Lett. apost. Ubicumque semper (21 septembre
2010) : AAS 102 (2010), p. 791.

[80Cf. Proposition 17.

[81Cf. Proposition 34.

[82Cf . Benoit XVI, Lett. enc. Deus caritas est (25 décembre
2005) n.31 : AAS 98 (2006), pp. 243-245.

[83Cf . Congregation pour la Doctrine de la Foi, Note
doctrinale sur certains aspects de l’évangélisation, (3 décembre 2007), n.
12, note 49 traitant du prosélytisme : AAS 100 (2008), p. 502.

[84Cf. Proposition 32.

[85Cf. Proposition 30.