Réunion des chefs d’état-major de l’Alliance, le 13 septembre 2015, en Turquie.

Cinq cents extracommunautaires sont en train de traverser l’Europe : ce ne sont pas des réfugiés mais des soldats états-uniens du 2ème Régiment de cavalerie qui, avec 110 véhicules blindés, sont en train d’avancer depuis leur base en Allemagne vers la Hongrie à travers la République Tchèque et la Slovaquie, pour « assurer les alliés de l’Otan que l’armée des États-Unis est prête, si nécessaire ».

Pour assurer que les forces de l’Alliance puissent « se déployer dans la région orientale de façon rapide et se préparer à des opérations successives » —annonce le secrétaire général de l’Otan Stoltenberg— six nouveaux quartiers généraux ont été activés en Lituanie, Estonie, Lettonie, Pologne, Roumanie et Bulgarie. Et tandis que se termine en Allemagne, Italie, Bulgarie et Roumanie la Swift Response, le plus grand exercice Otan de forces aérotransportées depuis la fin de la Guerre froide, commence en République Tchèque l’Ample Strike dans laquelle des contrôleurs aériens et des pilotes de l’Otan s’entraînent à l’attaque aérienne. De la base de Geilenkirchen en Allemagne décollent chaque jour des avions radar Awacs pour contrôler non seulement l’espace aérien le long des frontières orientales de l’Alliance, mais le russe puisqu’ils peuvent « voir » à plus de 400 km de distance. Le Readiness Action Plan prévoit une série d’activités terrestres, navales et aériennes sur le flanc oriental de l’Otan, dont la « mission de patrouille aérienne sur les États baltiques » à laquelle participe l’Italie avec des chasseurs-bombardiers Eurofighter Typhoon.

Ce déploiement de forces sera testé et renforcé par l’exercice Trident Juncture 2015 (3 octobre-6 novembre). Y participeront, en même temps que des unités terrestres et navales, plus de 180 avions de 16 pays Otan et 3 partenaires, dont des avions Awacs qui opèreront depuis Trapani Birgi. Dirigés par le Jfac (Joint Force Air Component) italien, dont le siège est à Poggio Renatico (Ferrare), doté aussi de « capacités de déploiement » pour des opérations aériennes hors de l’aire Otan. Un rôle central dans l’exercice sera joué par le Jfc Naples, commandement Otan (avec un état-major de 800 militaires au quartier général de Lago Patria, Naples), qui dirige entre autres les opérations navales en Mer Noire dans une fonction anti-russe. Dirigé par l’amiral états-unien Ferguson —qui est aussi commandant des Forces navales états-uniennes en Europe, des forces navales états-uniennes de l’AfriCom et des Forces de l’Otan au Kosovo— le Jfc Naples, en alternance annuelle avec Brunssum (Hollande), joue le rôle de commandement opérationnel de la « Force de riposte » de l’Otan.

Toutes ces forces et opérations de l’Otan dépendent du Commandeur suprême allié en Europe, qui est toujours un général états-unien nommé par le président (actuellement le général Breedlove). Sous commandement et impulsion états-uniens, l’Otan —qui a déjà englobé tous les pays de l’ex-Pacte de Varsovie, trois de l’ex-URSS et deux de l’ex-Yougoslavie (démolie par une guerre de l’Otan)— avance pour en englober d’autres. À cette fin elle établit des rapports militaires croissants avec le Monténégro, où des navires de guerre de l’Otan font souvent escale dans le port de Bar, et avec la Géorgie, où a été ouvert un centre d’entraînement de l’Otan.

L’Ukraine, où l’Otan entraîne et arme depuis des années des forces néonazies (utilisées pour le putsch de Place Maïdan et ensuite intégrées dans la Garde nationale) et à présent, aussi, les forces armées, participera comme partenaire à la Trident Juncture 2015. Et sous peu, elle recevra la visite du secrétaire Stoltenberg, à laquelle Kiev attribue « une grande valeur symbolique ».

Ainsi d’autres pays de l’Est, attelés à l’Otan, se trouvent liés surtout aux États-Unis qui, avec leur politique du « diviser pour régner », sont en train de transformer de nouveau l’Europe en première ligne d’une confrontation militaire non moins dangereuse que celle de la Guerre froide.

Traduction
M.-A.
Source
Il Manifesto (Italie)