Moi, Mohammed, fils d’Aâb-Allah, décrète pour
tous comme un message divin et comme déclaration
comminatoire, moi qui suis chargé par les
fidences d’en haut de sauvegarder les grâces divines
accordées à l’humanité par la Providence Je
prescris les présents ordres à -l’égard des chrétiens
et de ceux qui sont initiés à cette religion, qu’ils
se trouvent dans les pays lointains ou rapprochés,
dans les villes connues ou inconnues, en Orient aussi
bien qu’en Occident ; que ceci leur serve de loi.

Celui qui voudrait contrevenir au présent
décret, s’opposer à ce qu’il prescrit et attaquer ma
loi prophétique , qu’il soit monarque ou simple
citoyen musulman, serait condamné comme ayant
violé ses vœux envers la Providence, comme
s’étant moqué de la vraie foi, comme passible de
l’éternelle malédiction.

Si l’un de leurs prêtres [des chrétiens] ou l’un
de leurs coreligionnaires voyage, venant d’une
plaine, d’une montagne, se trouvant dans un
couvent, arrivant d’un pays aride, d’un désert de
sable, d’un village, d’un champ cultivé, se trou
vont, dans n’importe quel lieu, c’est moi qui suis
leur protecteur, ainsi que tous mes disciples, et qui
me charge de les défendre ; je leur enlève leur
fardeau ; je fais disparaître pour eux les difficultés,
car ils sont mes sujets et mes protégés. Je les
dispense de toutes les charges qui pèsent sur mes
autres protégés non chrétiens, je ne tolérerai pas
qu’ils soient molestés.

On peut percevoir les taxes qu’ils voudront
volontairement payer, mais on ne doit pas les
persécuter pour cela. On ne peut jamais entraver le
chef de leur religion dans l’exercice de ses
fonctions épiscopales, ni un prêtre dans son sacerdoce,
ni un moine dans sa vie monacale, ni le voyageur
dans son voyage. On ne peut pas non plus démolir
une église, ses dépendances, un couvent, pour les
transformer en des édifices pieux musulmans ou en
faire des mosquées.

Quiconque oserait enfreindre ces prescriptions
serait considère comme violateur des décrets de
Dieu et de son prophète.

On ne peut pas non plus frapper de taxes les
chefs hiérarchiques de la religion chrétienne, les
moines et ceux qui consacrent leur vu aux prières.

Je protège leurs droits en quelque endroit qu’ils se
trouvent. Il faut les entourer de sollicitude, les
défendre contre toute agression sur mer comme
sur terre, en Orient comme en Occident, au Nord
comme au Sud, car ils sont sous ma protection et
ma mansuétude.

Il ne faut pas non plus percevoir la dîme sur les
récoltes, ou une taxe, quelle quelle soit, de ceux
qui consacrent leur vie aux prières, soit dans les
montagnes, soit dans les monastères. Il ne faut pas
non plus vouloir partager avec eux le produit de
leurs travaux agricoles, car il en est parmi eux
qui cultivent pour assurer leur existence.

Il ne faut jamais les incommoder et les déranger
violemment pendant une guerre comme une
insurrection.

Les chrétiens qui possèdent des biens et des
propriétés, les négociants et ceux qui sont soumis à la
taxe, ne doivent au fisc que douze drachmes par
an. Il ne faut jamais les pressurer .

On doit discuter avec eux raisonnablement, sans
jamais les humilier ou insulter à l’occasion de leur religion. Il faut les protéger généreusement et avec
magnanimité, s’abstenir complètement de les froisser
par de mauvais procédés, en quelque lieu qu’ils se
trouvent.

Si une femme chrétienne est mariée à un
musulman, il faut respecter ses droits, ne jamais
agir contre sa volonté, ne pas l’entraver dans
l’exercice de sa religion. Il faut aider et contribuer
à la réparation de leurs églises et de leurs
établissements pieux suivant leurs désirs.

Ceux qui voudraient s’écarter des prescriptions
de ce décret sont des traîtres au pacte divin et
détruisent l’engagement du prophète.

Le présent pacte restera en vigueur jusqu’à la
fin du monde et au dernier jour du jugement.

Document daté du 3 de Moharrem, an 2 de
l’hégire. Traduit en français par L.D.H.