M. Kieran Prendergast, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, donnant lecture d’un message du Secrétaire général, M. Kofi Annan, a rappelé que les Israéliens et les Palestiniens, avec l’aide du Quartet et de la communauté internationale, se sont engagés à l’égard de la Feuille de route dont les objectifs sont clairs : mettre fin au terrorisme et à la violence, mettre fin à l’occupation, assurer un règlement permanent du conflit sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, concrétiser la vision de deux Etats vivant côte à côte en paix dans des frontières sûres et reconnues. Si l’on veut que les Palestiniens aient une vie normale et que les Israéliens vivent en paix et en sécurité à l’abri de la peur, nous devons poursuivre nos efforts pour le respect de la Feuille de route. Cependant, la route vers la paix compte de nombreux obstacles, au premier rang desquels figure l’interruption du cessez-le-feu, l’accroissement du niveau de violence et les attaques suicide meurtrières. Des civils continuent d’être tués. C’est pourquoi nous lançons un appel pour que les parties fassent preuve de retenue et mettent fin au cycle de la violence. Les deux parties doivent coopérer pour faire évoluer le processus de sécurité. La Feuille de route offre la meilleure façon d’aboutir à la création d’un Etat palestinien. Les deux parties doivent donc suivre cette voie avec l’aide de la communauté internationale. 

Les colonies de peuplement représentent un obstacle grave pour la mise en œuvre de la Feuille de route, de même que la construction du mur. Ces activités menacent la vision d’un Etat palestinien viable. De son côté, l’Autorité palestinienne doit agir de façon décisive pour qu’il soit mis fin aux attaques terroristes. La société civile doit élever sa voix contre le terrorisme qui porte préjudice à la cause palestinienne. Les Nations Unies et les donateurs internationaux s’engagent pour leur part à poursuivre le travail de développement sur le terrain. Le travail de la société civile en partenariat avec les Nations Unies contribue aux efforts de paix. Dans le même temps, il faut souligner que les initiatives de coopération entre les Organisations non gouvernementales israéliennes et palestiniennes revêtent une importance toute particulière en vue de créer des ponts et favoriser la confiance et le respect mutuel des deux peuples. 

M. PAPA LOUIS FALL, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a déclaré que la majorité des gouvernements et organisations de la société civile s’accordent à penser que pour apporter la paix à la région troublée du Moyen-Orient, il faut s’attaquer à la cause profonde du conflit, à savoir l’occupation israélienne du territoire palestinien. Le Président du Comité a décrit la situation sur le terrain comme étant sombre. En dépit des efforts des parties et de la communauté internationale, l’affrontement et la violence règnent sur le terrain et le processus politique relancé par la Feuille de route du Quatuor s’est encore une fois enrayé. Le coût humain de près de trois années de violence et de destruction est dévastateur, tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens. Les privations économiques du peuple palestinien ont atteint un niveau de crise rarement égalée. Des milliers de familles n’ont plus de source de revenu et sont tributaires des secours d’urgence tandis que la crise humanitaire atteint des proportions catastrophiques. 

Malgré les condamnations internationales, l’expansion israélienne des colonies de peuplement se poursuit sur le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem. Contrairement aux exigences de la Feuille de route, le Gouvernement israélien examine actuellement des plans d’expansion des colonies de peuplement à Jérusalem-Est, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Le Gouvernement a décidé d’intensifier sa politique du fait accompli et de construire un mur de séparation dont les parties pénètrent profondément en territoire palestinien.

La période de calme relatif qui a suivi la déclaration du cessez-le-feu par les factions palestiniennes en juin a pris fin avec la reprise du cycle de violence en août 2003 avec la poursuite des incursions israéliennes dans des villes palestiniennes et avec les trois attaques suicide à la bombe perpétrées par des Palestiniens déclarant venger des dirigeants tués par Israël. L’attaque du 19 août contre un bus à Jérusalem était la plus meurtrière causant la mort de 20 Israéliens dont six enfants et en blessant une centaine. Le Comité, une fois de plus, a condamné ces actes odieux qui frappent non seulement la sécurité personnelle des Israéliens et des Palestiniens et portent un coup sérieux aux efforts investis pour le règlement pacifique du conflit. Il est urgent que la communauté internationale convainque les parties à revenir à la table des négociations.

La mise en œuvre de la Feuille de route exige aujourd’hui plus que jamais l’appui international le plus large possible. Ce processus ne réussira que si les parties s’engagent à respecter le principe de l’échange de « la terre contre la paix ». Si la supervision de l’application de la Feuille de route est confiée au Quatuor, nombre de représentants de la société civile jouent un rôle complémentaire des plus significatifs. Les organisations de la société civile doivent maintenir et intensifier leurs initiatives. Il est impérieux de lancer des campagnes d’information sur les causes profondes du conflit et sur les droits légitimes des parties palestiniennes et israéliennes. Apporter des secours d’urgence aux Palestiniens et restaurer leur économie doivent être des autres priorités de la société civile.

Compte tenu de la gravité de la situation actuelle, il faudrait tout particulièrement mobiliser un soutien plus large en vue du déploiement d’observateurs internationaux, voire de l’envoi d’une force multinationale de stabilisation. Il faut que les parlements, les ONG et l’opinion publique fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour garantir l’application de la quatrième Convention de Genève et de la Déclaration relative au Territoire palestinien occupé. Pour sa part, le Comité est prêt à appuyer toute initiative visant à mobiliser et coordonner les actions orientées vers le règlement pacifique de la question de Palestine

M. Nasser Al-Kidwa, Observateur permanent de la Palestine auprès des Nations Unies, a regretté que la communauté internationale ne soit pas en mesure d’assurer la protection de tous ceux qui travaillent sur le terrain dans le Territoire occupé. Il faut garantir de meilleures conditions de travail pour ces agents, lesquelles représentent le prélude à une protection de tous les Palestiniens vivant sous occupation. La campagne meurtrière d’Israël s’est traduite par de nombreux crimes de guerre ainsi que par des exécutions arbitraires et extrajudiciaires. L’utilisation excessive et arbitraire de la force, la démolition injustifiée de maisons, la destruction d’infrastructures et de terres palestiniennes de même que les restrictions imposées aux déplacements des personnes et au mouvement des marchandises constituent une politique visant à détruire toutes les suites du processus d’Oslo pour revenir à la situation qui prévalait avant ce processus et empêcher la création d’un Etat palestinien souverain. Certains ont qualifié M. Sharon d’homme de paix alors que le Président Arafat était considéré comme un obstacle à la paix. Cette logique a mené certains à considérer que le conflit israélo-palestinien est une question de terrorisme alors qu’il s’agit d’occupation et de peuplement. 

Nous nous opposons au terrorisme et aux attentats à la bombe qui prennent pour cible les civils israéliens en Israël car ils desservent la cause palestinienne et sont en contravention avec le droit international. Cependant, il faut aussi rappeler que le premier de ces attentats est survenu 27 ans après le début de l’occupation et l’implantation de 350 000 colons au sein des territoires occupés. La violence pour se défendre soi-même n’est pas du terrorisme mais une réaction contre les crimes odieux d’Israël. Nous ne pouvons pas accepter de donner une légitimité aux colonies de peuplement. Les choses achoppent car la partie israélienne refuse de se retirer des territoires. Les deux parties doivent accepter leurs droits respectifs. La Feuille de route représente une option raisonnable mais les problèmes sont survenus dès les premiers instants de son adoption par l’acceptation des réserves israéliennes qui ont sapé la quasi-totalité de son contenu. Dans le même temps, le mur expansionniste continue d’être construit et des milliers de domaines sont confisqués. La situation de fait est que ces territoires sont annexés. Il faut à présent revitaliser la Feuille de route sur la base d’un engagement réel et sérieux de la part des deux parties. Ce qui est également exigé est de préserver la légitimité internationale et le travail mené par l’ONU et ses agences. La mission palestinienne va tenter d’obtenir une position claire sur le mur expansionniste. Enfin, nous estimons que le travail des Nations Unies restera déterminant pour soutenir le peuple palestinien et sa lutte et permettre le retour à la table de négociations. 

M. FINN MARTÍN VALLERSNES, Président du Comité sur la question du Moyen-Orient de l’Union interparlementaire et membre du Parlement norvégien, a évoqué les travaux récents du Comité pour relancer la confiance et la coopération entre les législateurs palestiniens et israéliens. Le Comité a toujours demandé aux deux parties de prendre des mesures de nature à mener à la fin du conflit, à savoir, faire cesser les attaques terroristes et le développement des colonies de peuplement. Un groupe de travail associant Israéliens et Palestiniens sera créé prochainement et sa première réunion est prévue fin septembre à Genève, donnant ainsi un exemple de coopération entre les parties et la société civile. Nous savons qu’il est quasiment impossible de s’entendre quand la confiance n’existe pas.

Il s’agit donc dans un premier temps de créer la confiance et de créer une brèche dans le mur de méfiance qui sera plus difficile à démolire que le mur de séparation israélien. Ce processus ne pourra progresser de manière durable que si les parties concernées avancent dans la même direction. Tous les éléments du processus de paix sont interdépendants et doivent être étudiés et mis en œuvre simultanément. Ces deux derniers mois ont prouvé que les parties doivent œuvrer à la mise en œuvre de leurs propres engagements et la communauté internationale de son côté doit mettre en place un mécanisme de vérification et de suivi plus robuste si l’on veut faire avancer la Feuille de route.

M. Thomas Neu, Président de l’Association des organismes internationaux pour le développement (AIDA), et représentant dans le territoire palestinien occupé, a précisé que les Organisations non gouvernementales (ONG) se heurtent à des difficultés énormes sur le terrain. Le taux de chômage dans le territoire dépasse les 40%, le revenu par habitant est de 46% de moins qu’au début de l’Intifada et 65% de la population dépend d’une aide extérieure. 150 villages ne sont pas raccordés à l’eau et dépendent du ravitaillement de camions citernes qui ont des difficultés à se déplacer. Les difficultés de transport d’eau entraînent une augmentation du prix du mètre cube. La malnutrition chez les enfants demeure également une question préoccupante et l’économie connaît un marasme profond. Les réunions entre les ONG se concentrent sur des questions telles que le contournement des barrages et les moyens pour les travailleurs humanitaires de rester en vie. Les ONG se heurtent à des difficultés opérationnelles graves sur le terrain. Certaines ONG, internationales et locales, doivent voyager le long de routes dangereuses en se procurant des permis de courte durée qui sont parfois annulés sans préavis. Il faut reconstruire le territoire palestinien en mettant fin à l’occupation pour que la société puisse vivre normalement.

Source : ONU