Dans des discours récents, George W. Bush a insisté sur la diffusion de la démocratie de par le monde, phénomène qu’il juge inévitable. Il aime à rappeler que, de 1970 à nos jours, les États organisant des élections sont passés de 40 à 120, mais des élections ne sont pas suffisantes pour garantir la constitution d’un gouvernement démocratique et la représentation de tous les groupes d’intérêt du pays. Pour Bush, être apte à devenir une démocratie vient avec la pratique, mais il occulte le fait que cet apprentissage est long.
Dans ces discours, il oublie que les États-Unis, comme durant la Guerre froide, soutiennent des dictatures à la condition que ces dernières les soutiennent à l’ONU ou dans leur guerre au terrorisme. Au vu de la récente censure dont a fait l’objet une chaîne arabe en Irak par le Conseil de Gouvernement irakien avec le soutien de Paul Bremer, la question des Droits de l’homme est également épineuse.
Le président Bush a affirmé lors de sa visite aux États-Unis que l’idéalisme du président Wilson n’avait pas empêché la Seconde Guerre mondiale car la Société des Nations avait manqué de « crédibilité et de volonté ». Bush sous-entend ainsi que l’ONU ne peut pas se passer de la direction des États-Unis puisque Washington n’avait pas adhéré à la SDN. Pourtant, de même que l’intransigeance de Wilson avait poussé le Sénat à refuser l’adhésion, l’intransigeance de Bush nous a isolé du reste du monde. Wilson et Bush par ailleurs partagent la même vision messianique du monde centrée sur la diffusion de démocratie, au Mexique pour Wilson au Moyen-Orient pour Bush, avec ou sans le consentement des populations.

Source
Christian Science Monitor (États-Unis)

« Bush idealism at odds with realities of democracy », par Pat M. Holt, Christian Science Monitor, 4 décembre 2003.