Déjà en 1979, le comité contre la répression et pour les Droits de l’homme en Irak, que j’ai présidé plus tard, publiait des témoignages de tortures. Elles ont été la marque du régime de Saddam Hussein pendant 20 ans et elles ne se sont pas arrêtés après la Guerre du Golfe de 1991.
En Irak, j’ai vu les preuves des atrocités commises. Certains affirment que la répression interne n’est pas une question qui doit être traitée par les autres pays. Je ne suis pas d’accord et je pense, au contraire, que les Droits de l’homme essentiels doivent être défendus. Qui aujourd’hui dirait qu’il était normal qu’on n’intervienne pas au Rwanda ?
L’association Indict, que je préside, a essayé, avec toutes les preuves nécessaires, de faire inculper les dirigeants irakiens devant les cours européennes. Milosevic fut inculpé de crimes par l’ONU, mais cette organisation a toujours refusé de faire de même avec Saddam Hussein car les États-Unis et le Royaume-Uni étaient bloqués par la Chine, la Russie et la France. Aujourd’hui, le régime de Saddam Hussein va pouvoir être jugé. Beaucoup d’Irakiens comprennent l’impératif politique et moral qui a conduit à la guerre. Comme les Kurdes le savent, les armes de destruction massive ont souvent servi à la répression.
Les échecs de l’ONU à empêcher les génocides en Irak, au Cambodge, au Rwanda et en Bosnie sont choquants. Le Conseil de sécurité doit être réformé pour pouvoir agir dans de telles situations.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Iraq is free at last », par Ann Clwyd, The Guardian, 30 mars 2004.