L’attaque meurtrière contre quatre civils américains à Faludja en Irak a fait les unes du monde entier, mais a aussi amené les Américains à s’intéresser à une entreprise dont peu avaient entendu parler : Blackwater USA. Il s’agit d’une compagnie militaire privée qui assurait la sécurité d’un convoi alimentaire en Irak quand ses hommes ont été attaqués.
Elle offre une vaste quantité de services autrefois fournis par les seuls militaires. L’entreprise entraîne des soldats au contre-terrorisme ou au combat urbain. Elle loue également des soldats. En février, elle a entraîné des ex-commandos chiliens, dont certains ont servis sous Pinochet, pour les envoyer en Irak. Blackwater n’est pas la seule de ces compagnies et aujourd’hui 10 000 contractants privés sont en Irak, cela représente plus que le nombre de Britanniques.
Certains sont membres de grandes compagnies comme Halliburton, mais la plupart appartiennent à des entreprises au nom obscur . Elles se trouvent partout dans le monde et représentent un marché de 100 milliards de dollars par an. Cette activité a réellement explosé sous George W. Bush, même si on en voyait les prémisses sous Bill Clinton. Le président de Blackwater affirme aujourd’hui vouloir posséder la plus grande et la plus professionnelle armée privée du monde.
Cela soulève un certain nombre de préoccupations. La guerre n’est-elle pas censée être l’affaire des gouvernements ? Les contractants privés sont supposés être moins chers, mais leur bon rapport qualité-prix n’a jamais été démontré. Cela permet surtout au Pentagone de mener des opérations attirant moins l’attention (les 20 morts qu’ont connu ces compagnies lors d’une opération en Colombie ont à peine été enregistrés) et qui demandent de moins rendre de compte (en Bosnie, des agents de DynCorp mêlés à un trafic sexuel pédophile impliquant des filles de 12 ans ont été renvoyés en Amérique alors que des militaires seraient passés en cour martiale). Toutefois, rien n’interdit à ces compagnies de cesser leurs activités quand elles l’entendent en laissant les États-Unis dans un bourbier.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Need an Army ? Just Pick Up the Phone », par Barry Yeoman, New York Times, 2 avril 2004.