L’administration Bush a beau mener des vendettas contre tous ceux qui critiquent sa politique, petit à petit, les preuves s’accumulent démontrant que l’invasion de l’Irak a été parmi les pires erreurs de l’histoire états-unienne. Si l’administration Bush ne reconnaît pas ses erreurs, elle ne peut pas corriger sa politique.
La guerre est une mauvaise métaphore pour parler de notre combat contre le terrorisme, mais elle a été employé pour justifier l’usage de notre force militaire. Elle implique de combattre des États et nous a égaré. Ainsi, par ce que nous sommes en guerre, nous avons mené une guerre à l’Afghanistan car il abritait des terroristes, ce faisant, nous n’avons pas combattu les terroristes eux-mêmes. Si nous avions qualifié les attentats du 11 septembre de crime contre l’humanité, nous aurions poursuivi Ben Laden en Afghanistan, mais nous n’aurions pas envahi l’Irak. Cela n’aurait pas signifié que nous n’aurions pas pu utiliser notre puissance militaire pour capturer les terroristes et les traduire en justice.
Pour nous protéger, nous avons besoin du soutien des populations parmi lesquelles les terroristes se cachent. Déclarer la guerre à ces populations est une grave erreur. Aujourd’hui, nous devons admettre que la guerre au terrorisme a fait plus de victimes civiles en Irak et en Afghanistan que nous n’en avons subies le 11 septembre, mais cette comparaison est peu débattue aux États-Unis car on n’y estime pas la vie d’un États-Uniens de la même façon que la vie d’un étranger. La guerre au terrorisme menée par l’administration Bush est plus susceptible de provoquer un état de guerre permanent que la fin du terrorisme.
Les terroristes étant invisibles, ils ne disparaîtront jamais, mais ils serviront de prétextes pour maintenir la suprématie états-unienne par des moyens militaires, cela génèrera de la résistance et un cycle de violence. Les attentats du 11 septembre ont permis cette situation et c’est ce que voulaient les islamistes. Les États-Unis doivent changer de politique pour viser le bien-être du monde en se lançant dans une politique de coopération.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Playing Into Their Hands », par George Soros, Los Angeles Times, 4 avril 2004.