Est ce que vous vous souvenez des listes "interdit de vol" compilées par le Department of Homeland Security qui bloquaient aléatoirement des enfants de trois ans, des sénateurs démocrates et des douzaines d’hommes portant le nom de David Nelson comme étant des terroristes qu’il ne fallait pas laisser monter à bord d’un avion ? Et bien, avec la nouvelle loi sur l’immigration en cours de discussion au Congrès des États-unis, les experts en matière de défense de la vie privée nous annoncent l’arrivée prochaine de la liste noire des "interdits de travail".

Une section de cette nouvelle loi, passée inaperçue, impose la vérification obligatoire par l’employeur que le demandeur d’emploi n’est pas sur une liste noire. Ce qui aura un impact collosal sur le marché du travail états-unien et concernera tout le monde, qu’il soit immigré ou citoyen du pays . « Toute personne voulant travailler sera affectée par cette loi, » explique Tim Sparapani, conseil légal de l’association de défense des droits civiques American Civil Liberties Union (ACLU).

Pour les experts, le nouveau système impose la mise en place d’une base de données nationale comprenant la quasi totalité de la population en âge de travailler, base de données dont les inévitables erreurs vont exclure du marché du travail des dizaines de milliers de personnes, tout comme c’est déjà le cas avec les listes noires des compagnies d’aviation ou bien les dossiers du FBI.

Pour Mark Rotenberg, président du Electronic Privacy Information Center, la plupart des citoyens des États-unis croient à tort qu’ils seront exempts de ce processus de vérification. « D’une manière générale, les personnes qui ne font pas partie de la communauté immigrée pensent qu’elles ne seront pas concernées par ce processus de vérification préalable à l’embauche. Mais pour que le système fonctionne, il doit inclure toute la main d’œuvre du pays. »

Selon lui, la nouvelle législation, “place l’administration de la Sécurité Sociale et le Département de la Sécurité Intérieure au cœur de toute décision d’embauche aux États-unis. »

« Employee verification system would affect all workers, privacy experts say », par Lisa Friedman, Ontario Daily Bulletin, 13 juin 2006.