(19 juin 2006)- Après avoir indiqué que la situation était « fluide » en Somalie, la secrétaire d’État adjointe aux affaires africaines, Mme Jendayi Frazer, a déclaré, le 16 juin, que l’ouverture d’un dialogue était essentielle et que la communauté internationale avait commencé à s’occuper de ce dossier.

« Il nous faut, a-t-elle dit, réserver notre jugement (...) au sujet des intentions de l’Union des tribunaux islamiques », mouvement qui a déclaré récemment avoir obtenu la maîtrise de la capitale de la Somalie, Mogadiscio, après des semaines de combats.

Lors de la première réunion à New York du Groupe de contact sur la Somalie, les États-Unis ont souligné qu’il était « très important que les institutions fédérales de transition (le gouvernement nominal de la Somalie) et le président de l’Union des tribunaux islamiques entament un dialogue (...) pour décider du rôle que cette union devrait jouer », a-t-elle dit.

Les institutions fédérales de transition, a-t-elle fait remarquer, constituent la seule forme de gouvernement que l’on puisse trouver en Somalie, État qui est, selon elle, en situation d’échec.

D’après certaines indications, l’Union des tribunaux islamiques n’est pas désireuse de prendre le pouvoir ni de faire partie du gouvernement, a-t-elle dit en ajoutant que la situation en Somalie était « dynamique et fluide ».

La Somalie n’a pas de gouvernement central efficace depuis le début de 1991, où des chefs de tribus ont renversé le gouvernement du président Mohamed Siad Barré, un dictateur de tendance marxiste qui s’était emparé du pouvoir en 1969, à la suite d’un coup d’État militaire. Un gouvernement provisoire formé avec le soutien de l’ONU n’a pas réussi à entrer dans Mogadiscio et s’est retrouvé coincé à Baidoa, qui est située à 240 km de là.

Le Groupe de contact sur la Somalie

Les États-Unis se sont joints à d’autres États intéressés et à des organisations internationales pour former le Groupe de contact sur la Somalie, dont la vocation est de coordonner les efforts de ces États et organisations et d’appuyer l’évolution positive en Somalie, indique le communiqué que ce groupe a diffusé le 15 juin à l’issue de sa réunion à New York.

La situation en Somalie présente toute une série de problèmes en ce qui concerne les domaines socio-économique et humanitaire, la gouvernance, les droits de l’homme, la sécurité et le terrorisme.

L’objectif du Groupe de contact sur la Somalie est d’encourager les tendances positives sur le plan politique et d’entretenir des relations avec les intervenants dans le pays.

Selon son communiqué, ce groupe cherchera à traiter les questions d’ordre humanitaire, à faciliter la mise en place d’un gouvernement efficace et le rétablissement de la stabilité ainsi qu’à répondre aux préoccupations de la communauté internationale relatives au terrorisme. « Il existe un besoin urgent d’une aide humanitaire accrue et d’une meilleure protection de la population civile. »

Le Groupe de contact incite aussi « toutes les parties à fournir aux organismes d’aide un accès sans entrave aux populations qui sont dans un état de vulnérabilité ».

Les membres du groupe sont les États-Unis, l’Italie, la Norvège, le Royaume-Uni, la Suède, la Tanzanie et l’Union européenne. D’autres intéressés tels que l’ONU, l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale de développement et la Ligue des États arabes seront invités à participer aux travaux du groupe en qualité d’observateurs.

Le 14 juin, le porte-parole du département d’État, M. Sean McCormack a indiqué à la presse que les États-Unis étaient prêts à collaborer avec toutes les parties en vue de promouvoir la paix et le rétablissement d’un gouvernement efficace en Somalie.

« Nous sommes résolus, a-t-il dit, à œuvrer de concert avec nos partenaires locaux et internationaux pour aider à faire face à nos préoccupations communes au sujet du terrorisme, à réduire la crise humanitaire croissante en Somalie et à permettre à la population somalienne de retrouver la stabilité sur les plans politique et économique. »

Terrorisme

De leur côté, le coordonnateur du département d’État chargé de la lutte contre le terrorisme, M. Henry Crumpton, et le directeur du Centre national antiterroriste, M. John Scott Redd, ont informé les membres de la commission sénatoriale des affaires étrangères de la situation en Somalie, le 13 juin.

M. Redd a incité les sénateurs à faire preuve de prudence en déclarant : « Je ne tirerais pas des conclusions hâtives (...) pour dire qu’Al-Qaïda règne maintenant en Somalie. » Il faisait ainsi allusion au fait que les islamistes qui avaient chassé de Mogadiscio des chefs de tribu compteraient parmi eux des agents d’Al-Qaïda.

« Il est clair que la Somalie est l’une des zones importantes (...) qui nous préoccupent et qu’elle n’a pas de gouvernement central. Il s’agit d’empêcher qu’elle devienne un sanctuaire pour Al-Qaïda ou pour le terrorisme en général. »

M. Crumpton a déclaré pour sa part que les États-Unis cherchaient aussi à collaborer avec un gouvernement de transition qui était très faible pour voir s’il pouvait gagner de la force. En outre, ils souhaitent apporter une aide humanitaire à la population somalienne. Depuis le début de l’année budgétaire 2006 (1er octobre 2005), leur aide humanitaire à la Somalie, essentiellement une aide alimentaire et une aide médicale, a atteint plus de 80 millions de dollars.

La Somalie, a-t-il dit, est une « entité politique disloquée », où les chefs de tribu rivalisent et entrent en conflit. « Il s’agit maintenant de savoir si ce gouvernement en puissance peut établir un certain de degré de légitimité et de pouvoir, car il en a très peu pour le moment. »