La secrétaire d’État américaine, Mme Condoleezza Rice, est d’avis qu’un cessez-le-feu et un règlement durable du conflit entre Israël et le Hezbollah interviendront dans les jours à venir.

« Je persiste à croire que si nous y mettons du nôtre et travaillons, cela peut arriver cette semaine. À l’évidence, nous parlons de jours, et non de semaines. Il est temps de mettre fin à la violence », a-t-elle déclaré, le 1er août, lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision PBS.

Selon elle, il y aura un cessez-le-feu dès qu’il sera clair que le Conseil de sécurité de l’ONU aura rédigé une résolution soutenant l’extension de l’autorité du gouvernement libanais sur l’ensemble du pays.

Après des entretiens approfondis avec les dirigeants israéliens et libanais, Mme Rice a soumis le dossier du conflit au Conseil de sécurité où des diplomates américains et français sont en train de préparer une résolution prévoyant un cessez-le-feu durable, la formation d’une force multinationale pour soutenir l’armée libanaise dans le sud du Liban et l’instauration d’une paix durable permettant au gouvernement libanais d’exercer son autorité sur l’ensemble du territoire.

À New York, le représentant permanent des États-Unis à l’ONU, M. John Bolton, a déclaré, le 2 août, que les diplomates travaillaient d’arrache-pied afin de surmonter leurs divergences au sujet de la résolution. « Nous sommes presque d’accord sur le cadre politique fondamental qui doit être mis en place », a-t-il dit.

Les divergences portent sur la « façon d’aborder la cessation des hostilités et d’instaurer une paix durable. Ce sont là des divergences importantes, parce qu’elle soulignent l’idée fondamentale que nous ne voulons par revenir au statu quo précédent. »

« Je ne pense pas qu’un simple cessez-le-feu soit suffisant pour entraîner un changement fondamental dans la région. Mais la façon précise par laquelle cela sera accompli reste à déterminer, en partie également parce que la situation évolue sur le terrain. »

Toute action du Conseil de sécurité doit aboutir à un changement considérable dans la région, a-t-il souligné.

Pour sa part, Mme Rice ne s’attend pas à voir un changement complet de la situation politique et de sécurité dans le sud du Liban avant la déclaration d’un cessez-le-feu, « mais il faut souhaiter que ce soit le cas. Chacun doit comprendre clairement que c’est la base d’un cessez-le-feu ou d’une cessation des hostilités. Il doit être clair que les groupes armés ne peuvent pas être autorisés à opérer dans le pays comme avant. »

Elle a ajouté que le Hezbollah agissait en fait comme un État armé au sein de l’État libanais. « Ceci est un fait, et il faut faire quelque chose. Il ne peut y avoir d’État, armé qui plus est, au sein de l’État. Le gouvernement libanais doit exercer son autorité sur l’ensemble du territoire, sur toutes les armes et sur toutes les personnes armées. »

Dans une autre interview accordée à la chaîne Fox, Mme Rice a déclaré que la conférence de Rome sur le Liban avait débouché sur un consensus relatif à la nécessité de déployer une force internationale de stabilisation au Liban afin d’aider le gouvernement de ce pays à étendre son autorité dans le sud et « de supprimer le vide dans lequel le Hezbollah s’était installé ».

Le Conseil de sécurité est en train de discuter de la nature de cette force multinationale, mais une réunion des pays susceptibles de fournir des troupes, qui devait avoir lieu le 3 août, a été reportée.

La façon dont la cessation des hostilités ou un cessez-le-feu sera mis en œuvre déterminera la taille, la composition et le mandat d’une éventuelle mission de maintien de la paix, a déclaré M. Bolton.

Selon lui, en effet, la force qui serait déployée au début pourrait être fort différente de celle dont on aurait besoin six mois plus tard ou à plus long terme.

Mme Rice a affirmé qu’aucune force multinationale ne serait déployée au Liban tant qu’il n’y aurait pas de cessez-le-feu.

Elle a également exprimé sa profonde tristesse au sujet des victimes civiles dans les deux camps. Elle a qualifié le bombardement de Cana (Liban), le 30 juillet, par l’armée israélienne de « circonstance terriblement tragique », mais a ajouté : « Le fait est, malheureusement, que ces groupements terroristes s’abritent dans ces villages et qu’il est difficile de les en extirper. »

« Les images tragiques que nous voyons et les pertes humaines impressionnent les gens, mais je pense que nous devons reconnaître que ce qui importe, c’est de garder notre objectif clairement à l’esprit », a-t-elle dit.

Le porte-parole de la Maison-Blanche, M. Tony Snow, a défini cet objectif comme suit : « Le Hezbollah cesse d’agir comme milice indépendante dans le sud du Liban. En d’autres termes, nous voulons que les conditions prévues dans la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’ONU soient respectées. » Adoptée en septembre 2004, cette résolution exige le démantèlement et le désarmement de toutes les milices indépendantes du Liban.

« Au bout du compte, le Hezbollah sera vaincu par la volonté de s’assurer qu’il n’a plus de moyens militaires et qu’il perdra aussi la bataille politique », a dit Mme Rice en se déclarant convaincue que le gouvernement libanais était prêt à assumer ses responsabilités vis-à-vis du Hezbollah et à exercer son autorité sur l’ensemble du pays.

De son côté, le président du Conseil de sécurité, M. Nana Effah-Apenteng (Ghana), a indiqué que le Conseil donnait aux États-Unis et à la France le temps de surmonter leurs divergences et qu’il était prêt à se réunir à tout moment. « Nous sommes conscients de l’urgence de la situation, mais nous devons tenir compte des réalités sur le terrain », a-t-il dit.

Source
États-Unis (Department of State)