À présent que l’Autorité provisoire de la Coalition ferme ses portes et transfère son pouvoir aux Irakiens, il est temps de considérer les critiques qui ont été faites contre les efforts de reconstruction de l’après-guerre de l’administration Bush. Il est également temps de faire la distinction entre nos vrais échecs et les problèmes que personne ne pouvait éviter.
Beaucoup disent que le Pentagone aurait davantage dû écouter les conseils des experts du département d’État et de la CIA, mais les spécialistes de ces deux agences ne comprenaient pas non plus l’Irak suffisamment bien, car ce pays a dramatiquement changé depuis la fermeture de notre ambassade à Bagdad en 1991. Par exemple, nous n’avons découvert l’importance du grand ayatollah Sistani que quelques mois après la guerre.
Il n’y a pas de modèle parfait pour la reconstruction et cela dépend du contexte. La vraie erreur des États-Unis est de ne pas avoir suffisamment fait travailler ensemble les agences en les faisant coopérer. Les rivalités se sont installées et le Pentagone a demandé le contrôle de toute la reconstruction sans en avoir la capacité. Le manque de préparation a eu pour conséquence que l’Autorité provisoire de la Coalition a passé des mois à se construire au lieu de reconstruire l’Irak, puis il y a eu des rivalités entre l’autorité et les militaires au sein de l’autorité. Il aurait fallu constituer un bureau de la reconstruction bien avant la guerre et y intégrer des vétérans de ce type d’activité. D’autre part ce bureau aurait dû être dirigé par L. Paul Bremer dès août 2002.
Difficile de dire si nous allons surmonter nos erreurs mais en tout cas nous devons nous en souvenir pour la prochaine fois que nous devrons reconstruire un pays.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« By the Time War Starts, It’s Too Late », par Francis Fukuyama, Los Angeles Times, 27 juin 2004