Le programme pétrole contre nourriture, qui a généré des milliards de dollars entre 1996 et 2003, a été conçu pour aider les populations irakiennes en permettant à l’Irak d’acquérir de la nourriture et des médicaments. Aujourd’hui, on accuse ce programme d’avoir servi à détourner 4 à 5 milliards de dollars. Les critiques parlent d’échec des agences de l’ONU, citent des exemples de vente de pétrole à bas coût et l’existence d’un système de commission et de pots-de-vin au profit de Saddam et de ses amis. On parle également de la corruption d’au moins un responsable de l’ONU.
Kofi Annan m’a demandé de diriger l’enquête indépendante qui doit faire la lumière sur cette affaire. Nous bénéficions d’une liberté d’investigation totale et du soutien du Conseil de sécurité. Certains ont exprimé leur doute sur l’impartialité d’une commission d’enquête dans l’ONU pour juger de l’ONU et ont appelé à la constitution de commission d’enquête parallèle. Les autorités irakiennes vont vouloir retrouver les fonds volés, les procureurs aux États-Unis et dans d’autres pays je l’espère vont enquêter sur les affaires de corruption. Nous espérons travailler avec eux, mais seule l’enquête de l’ONU bénéficie du mandat international et des ressources humaines et financières nécessaires.
Nous comprenons les inquiétudes de la presse et nous fournirons un dossier complet à la fin de notre enquête même si, jusqu’à la rédaction de nos conclusions, nous ne révèlerons rien, nous devons donner cette assurance aux témoins. Contrairement à ce que certains ont cru, nous disposons des fonds nécessaires pour mener notre enquête et je suis assisté par deux personnes compétentes : Richard Goldstone et Mark Pieth pour diriger une équipe expérimentée. Nous espérons rendre notre rapport dans six à huit mois.

Source
Wall Street Journal (États-Unis)

« A Road Map for Our Inquiry », par Paul A. Volcker, Wall Street Journal, 7 juillet 2004.