Alberto R. Gonzales, conseiller à la Maison-Blanche, a présenté comme un document « non pertinent » l’un des mémos les plus troublants du département de la Justice états-unien. Il considérait que seuls les traitements extrêmes pouvant entraîner la perte de l’usage d’un organe ou de fonctions corporelles pouvaient être considérés comme des tortures. Les actes cruels, inhumains ou dégradants échappent aux procès. Le mois dernier, la Commission Schlessinger sur les opérations de détention du Pentagone a déclaré que le département de la Défense s’était beaucoup appuyé sur ce mémo pour développer les techniques d’interrogatoire à Guantanamo qui ont ensuite été utilisées à Abu Ghraib.
Contrairement à ce qu’affirme la Maison-Blanche, l’analyse des mémos est pertinente pour comprendre ce qui s’est passé à Guantanamo et Abu Ghraib. Le rapport Schlessinger conclue que la responsabilité des sévices va au-delà des soldats jugés, mais il se cantonne à dénoncer les responsables du Pentagone et pas de la Maison-Blanche, de la CIA ou du département de la Justice. La Convention des forces armées du Sénat devra déterminer ces responsabilités et étudier comment les législations de la guerre au terrorisme dérogent aux règlements internationaux. Les sénateurs doivent construire les fondations d’une nouvelle politique, en accord avec les engagements internationaux.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Beyond The Roots Of Abu Ghraib », par Steve Andreasen, Washington Post, 7 septembre 2004.