Tendances et événements au Proche-Orient

La société de sécurité américaine Blackwater, qui dirige la plus grande armée de mercenaires en Irak, a repris du service à l’instigation de l’Administration US. Et cela malgré la décision du gouvernement de Nouri al-Maleki de lui retirer la licence. Il est clair que les mercenaires étrangers, dont le nombre dépasse les 100 000, constituent un bras militaire et sécuritaire dont l’occupant ne peut se passer. Ces mercenaires sont utilisés pour exécuter les sales besognes allant des attentas à l’explosif aux massacres de civils, dans le but d’exacerber les tensions sectaires entre les Irakiens.
L’affaire Blackwater constitue l’un des scandales de l’occupation aussi bien en Irak qu’à l’intérieur même des Etats-Unis. Elle montre à l’opinion publique arabe la vraie nature du projet US au Moyen-Orient. Après avoir dissous et détruit toutes les institutions militaires irakiennes, les forces d’occupation les ont remplacé par des compagnies de mercenaires qui contrôlent le processus de reconstruction des nouveaux services sécuritaires. Ces escadrons de la mort commettent en Irak les plus affreux massacres et pillages.
Blackwater n’est pas un simple détail de la guerre d’Irak, c’est le symbole d’une ère nouvelle marquée par la mort de 800 000 civils irakiens depuis l’invasion du pays, en mars 2003. C’est le modèle que propose George Bush aux peuples et aux pays de la région. C’est le sort qui attend les Etats du Moyen-Orient si les élites qui les dirigent, et qui tournent dans l’orbite US, continuent à donner la priorité aux instructions de Washington au détriment des intérêts nationaux de leurs pays.

Presse et agences internationales

* L’entreprise de sécurité Blackwater, impliquée dans un incident sanglant le 16 septembre, a repris du service vendredi à Bagdad, en dépit de l’interdiction du gouvernement irakien, accusé dans un rapport états-unien d’être rongé par la corruption.
« Nous avons repris des déplacements limités aujourd’hui », a déclaré la porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis, Mirembe Nantango, quatre jours après que les diplomates US eurent été confinés dans la « zone verte », enclave fortifiée au coeur de Bagdad.
Un peu plus tard, à Washington, la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice a toutefois indiqué avoir ordonné une évaluation détaillée des mesures de sécurité pour ses diplomates.
Cette évaluation a pour but « une révision totale et complète de la manière dont nous organisons » ces mesures de sécurité, a-t-elle indiqué. Elle inclura « les règles d’ouverture du feu », selon un porte-parole du département d’Etat.
Les déplacements des diplomates états-uniens en Irak avaient été suspendus après une fusillade, le 16 septembre, qui avait coûté la vie à 10 Irakiens dont neuf civils, et dans laquelle la société Blackwater, la plus connue des entreprises privées de protection opérant en Irak, était impliquée.
Le gouvernement irakien avait interdit les activités de Blackwater, présent depuis 2003 en Irak, et le Premier ministre Nouri al-Maliki avait demandé aux Etats-Unis de trouver une autre entreprise pour assurer la sécurité de leurs diplomates. Mais aucune mesure concrète n’avait été prise contre la société.
Vendredi, M. Maliki, déjà sous forte pression de Washington, a par ailleurs été directement attaqué par un rapport états-unien, rendu public à Bagdad et dénonçant la corruption de son gouvernement et son refus de la combattre.
Le rapport, mis en ligne sur le site Iraqslogger, présente les résultats préliminaires d’une enquête de l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad.
Le document de 82 pages conclut que l’ensemble des ministères irakiens sont sous la coupe de milices et de mafias et que le Premier ministre s’est montré « ouvertement hostile » à l’idée d’autoriser des audits indépendants.
Au cours de la journée de vendredi, un GI a été tué et un autre blessé par l’explosion d’un engin piégé au passage de leur véhicule dans la province de Diyala, au nord-est de Bagdad. Un deuxième soldat est mort près de Kirkouk (nord) dans un incident non lié à des opérations de combat.
Ces décès portent à 3793 le nombre de GI’s tués en Irak depuis le début de l’intervention des Etats-Unis dans ce pays en mars 2003, selon un décompte de l’AFP à partir des chiffres du Pentagone.

Un survol d’oiseaux migrateurs à la frontière syrienne a mis en émoi vendredi l’armée de l’air israélienne qui a envoyé des chasseurs à leur rencontre, rapporte la radio militaire.
Le survol avait été repéré par les radars israéliens sans qu’ils puissent déterminer avec certitude s’il s’agissait bien d’oiseaux et non d’appareils ennemis.
Dans le climat de tension qui règne à la frontière nord depuis le raid aérien mené le 6 septembre par Israël en Syrie, le commandement militaire a préféré ne pas prendre le moindre risque, selon cette source.
Un responsable militaire a toutefois souligné que ce genre de fausse alerte était fréquent et qu’il entraînait souvent un décollage d’avions de chasse à titre de précaution.

Rossia (Chaine publique russe)
Le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov a mis en garde contre des problèmes d’approvisionnement en pétrole en Occident en cas de guerre en Iran, ajoutant que cela provoquerait également un afflux de réfugiés en Russie.
« C’est une région clé pour l’approvisionnement en hydrocarbures de la plupart des pays occidentaux et toute défaillance dans ce domaine provoquerait des crises graves », a déclaré M. Lavrov. La guerre entraînerait également un flux de réfugiés d’origine azerbaïdjanaise vers la Russie qui n’a pas de frontière protégée avec l’Azerbaïdjan. Nous avons un régime sans visa et c’est aussi un problème.

UPI-United Press International (agence états-unienne)
Un rapport publié par l’Agence royale britannique révèle que le Royaume-Uni possède une réserve de 100 tonnes de plutonium qui suffisent à fabriquer 17 milles bombes atomiques. Le rapport met en garde contre l’utilisation par des groupes terroristes de ce plutonium pour la fabrication d’armes nucléaires. L’association invite le gouvernement britannique à élaborer une stratégie d’utilisation de ce plutonium à long terme ou de s’en débarrasser. Un reportage de la BBC précise que la plus grande partie de ce plutonium provient du traitement des déchets d’uranium venant des installations nucléaires du royaume.

Al Akhbar (Quotidien libanais proche de l’opposition)
Un diplomate arabe a révélé que lors de son entretien, mercredi, avec la ministre israélienne des Affaires étrangères, la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice a appelé au téléphone son homologue égyptien, Ahmed Aboul Gheit, pour s’informer du rapprochement entre le Caire et Téhéran. Elle a exprimé sa désapprobation d’un tel rapprochement, lui précisant que l’Egypte se place dans l’Axe du Mal, si elle décide d’améliorer ses relations avec l’Iran. Mme Rice a transmis à Aboul Gheit, la colère de Tel-Aviv qui estime que le réchauffement des relations égypto-iraniennes ferait perdre un membre à l’axe des Etats modérés. La secrétaire d’Etat a demandé à l’Egypte de ne pas briser l’isolement de Téhéran avant qu’il n’accepte de démanteler son programme nucléaire. Un programme, qui, selon elle, renforce l’islam chiite qui a commencé à envahir la région arabe.

Audiovisuel international

Al Alam (Chaine iranienne arabophone)
Emission « Avec l’événement »
 Oussama Hamdane, représentant du Hamas au Moyen-Orient
La décision d’Israël de décréter Gaza « entité hostile » a plusieurs dimensions. Mais c’est avant tout une déclaration de guerre contre le peuple palestinien.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a offert à Israël la justification nécessaire à une telle décision en condamnant les attentas-suicides et les tirs de roquettes.
En invoquant une prétendue relation entre le Hamas et al-Qaëda, Abbas a fourni à Israël un prétexte en or.

Tendances et événements au Liban

Les accusations lancées contre la Syrie après l’attentat contre le député phalangiste Antoine Ghanem semblent s’inscrire dans le cadre d’un plan en exécution au Liban depuis des années. Elles visent à accentuer les pressions sur la Syrie, et illustrent la tutelle états-unienne sur le Liban.
Sur les plans juridique et politique, ces accusations n’ont aucune crédibilité. Elles sont lancées par les mêmes forces et personnalités, qui, après chaque attentat ou événement sécuritaire, désignent immédiatement la Syrie comme responsable. _ Ces mêmes milieux avaient lancé une campagne orchestrée accusant la Syrie de soutenir les intégristes sunnites de Fatah al-Islam, qui ont combattu l’Armée libanaise pendant trois mois, dans le camp palestinien de Nahr el-Bared, au Nord du pays. Les faits, les preuves et les indices, sont venus démentir ces accusations. Et l’armée a confirmé avoir reçu une précieuse aide syrienne, qui lui a permis de venir à bout de Fatah al-Islam. La Syrie a livré à l’armée des munitions, du carburant pour les hélicoptères et des pièces de rechange pour les blindés.
Les campagnes d’accusation contre la Syrie s’accompagnaient d’une exploitation politique des crimes commis, dans un sens servant toujours les intérêts du camp pro-US. D’ailleurs, au lendemain de chaque assassinat, les alliés des Etat-Unis enregistraient un acquis politique. C’est ainsi qu’après l’assassinat de Gebrane Tuéni, le 12 décembre 2005, le Conseil des ministres a adressé une lettre au Conseil de sécurité lui demandant de former un tribunal international, sans en discuter des modalités avec les autres forces politiques. Après l’assassinat du député Walid Eido, le 13 juin 2007, le gouvernement a demandé au Conseil de sécurité de voter les statuts du tribunal sous le Chapitre VII. Le sang du député Antoine Ghanem n’avait pas encore séché, mercredi dernier, que la coalition du 14 mars réclamait l’internationalisation de l’échéance présidentielle libanaise. En d’autre terme, elle veut que le Conseil de sécurité cautionne un chef de l’Etat élu en violation des dispositions de la Constitution, car elle ne dispose pas du quorum requis des deux tiers.
A cela s’ajoute l’affaire des quatre généraux en prison depuis plus de deux ans à cause de faux témoignages. Selon The Observer, le chef de la commission d’enquête internationale, Serge Brammertz, va révéler dans son prochain rapport les détails de l’achat de ces faux témoins par la famille Hariri. Et pour empêcher leur libération, le clan Hariri a fait limoger le juge d’instruction libanais Elias Eid.
C’est dire que le Liban se trouve au cœur d’un vaste complot où assassinats et manipulations sont utilisés en abondance dans un seul but : faire basculer le Liban dans le camp états-unien même si l’écrasante majorité de la population reste attachée aux constantes nationales, en tête desquelles figure la Résistance à Israël.

Articles relatifs au Liban

An-Nahar (Proche du 14-mars)
Après les funérailles d’Antoine Ghanem, la majorité reste déterminée à aboutir à une entente. Le président George Bush doit recevoir Saad Hariri, début octobre. Par ailleurs, la rencontre qui était prévue ce mois-ci entre le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et son homologue syrien, Walid Moallem, en marge de l’Assemblée générale de l’Onu, n’est plus d’actualité.

Al-Akhbar (Proche de l’opposition)
Le commandement de l’Armée va décréter lundi la région du Parlement zone militaire, Celle-ci s’étendra du campement de l’opposition jusqu’au bord de mer. L’Armée assurera la protection et les déplacements des députés qui vont participer à la séance de l’élection présidentielle.
Par ailleurs, les services de sécurité ont arrêté « par hasard » un israélien détenteur d’un passeport allemand. Daniel Moussa Sharon a visité le Liban 11 fois ces deux dernières années. Il a appris l’Arabe dans un pays du Golfe.

As-Safir (independant. Sensible aux theses de l’opposition)
Bernard Kouchner a révélé que la France avait reçu une demande libanaise pour envoyer une police internationale pour protéger les députés libanais. La séance du 25 septembre pour l’élection présidentielle sera soit une occasion pour renouveler l’initiative de Nabih Berri, soit le début d’une grande discorde.

Audiovisuel libanais

Al Manar (Hezbollah)
Émission « La discussion de l’heure »
 Invité : Mohsen Bilal, ministre syrien de l’Information
Nous rejetons les accusations lancées contre la Syrie par le 14 mars, une coalition impliquée dans un complot étranger dirigé contre notre pays.
Ces accusations sont infondées et ne reposent sur aucune preuve.
Le seul candidat de la Syrie à la présidentielle libanaise c’est l’entente nationale et l’unanimité du peuple autour d’un président qui représente et parle au nom de tous les Libanais.
La Syrie est sérieuse dans sa volonté de voir le Liban recouvrer sa force. Car un Liban fort est un atout pour Damas.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.