Le mois dernier à Bagdad, le directeur du ministère irakien des Sciences et Technologies et un de ses fonctionnaires ont été abattus alors qu’ils se rendaient à leur travail. Comme ce type de meurtre advient tous les jours, la presse en parle peu, mais pour la communauté scientifique, ces meurtres sont significatifs. Une attaque contre la science est une guerre dans la guerre pour le futur de l’Irak.
Depuis la chute de Bagdad, il y a 19 mois, les scientifiques et les ingénieurs ont été visés par des assassins avec régularité. Le département d’État a lancé un programme prometteur pour transformer les scientifiques du programme d’armement irakien en agent du renouveau, mais face aux violences, ce programme semblé négligé. Saddam Hussein avait bien compris l’importance des scientifiques et il avait beaucoup investi pour cultiver leur loyauté ou frapper ceux qui s’opposaient à lui. Il est impossible de dire combien de ces scientifiques sont restés loyaux à Saddam Hussein ou ont sympathisé avec l’insurrection, mais il est probable que des centaines de scientifiques hésitent à travailler avec les États-Unis car ils ne sont pas certains que Washington est un partenaire fiable.
Les États-Unis ne se consacrent pas assez aux scientifiques irakiens et il n’y a pas non plus assez d’experts scientifiques dans la délégation diplomatique en Irak. La science est un bastion de rationalité et d’éthique dans la société, elle peut servir de contrepoids aux extrémistes et d’éléments de stabilisation.

Source
The Boston Globe (États-Unis)

« Saving science in Iraq », par Alan I. Leshner, Boston Globe, 16 novembre 2004.
« Iraqi science : The war within the war », Daily Star, 23 novembre 2004.