Aujourd’hui, il semble probable que l’élection en Irak sera reportée ou discréditée ou les deux ! On peut toutefois éviter cela en organisant un compromis : repousser les élections générales, mais organiser dès que possible celles pour les gouvernements de province.
La guerre fait rage dans les régions sunnites et il est peu crédible d’organiser des élections. Certains ont suggéré l’organisation d’élections partout ailleurs, mais comme le vote est proportionnel, cela ne fonctionnera pas. En outre, comme l’assemblée élue ne fera pas que nommer un gouvernement, mais rédigera une constitution, il serait grave d’en exclure les sunnites. Repousser les élections n’est pas non plus souhaitable car cela renforcerait les insurgés et rendrait furieux les chiites.
L’administration Bush répond à ce dilemme par la force militaire et des subterfuges (en affirmant par exemple que comme il y a aura des candidats sunnites, il n’est pas très grave que les électeurs sunnites ne puissent pas voter), mais cela ne fonctionnera pas. Il faut une nouvelle approche en cessant de centrer la politique états-unienne en Irak sur Bagdad. Il faut que les Irakiens se sentent bien représentés dans les provinces grâce à l’organisation des élections locales et en faisant négocier un report des élections par l’ONU. Il faudra surtout convaincre les chiites. Un pouvoir irakien reconnu est vital, mais aujourd’hui impossible à mettre en place.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Think Small in Iraq », par Robert Malley et Joost Hiltermann, New York Times, 30 novembre 2004.