Le public russe a bien compris le message que lui ont adressé implicitement ses dirigeants. Jeudi 11 septembre 2008, les téléspectateurs qui regardaient le journal télévisé de la première chaîne ont vu le Premier ministre Vladimir Poutine expliquer qu’il y aurait un avant et un après guerre d’Ossètie ; que cet événement mettait fin à la collaboration russo-états-unienne dans la Guerre globale au terrorisme et ouvrait une ère nouvelle d’affirmation des intérêts russes.

Le lendemain 12 septembre, le journal télévisé présentait le président Dmitry Medvedev intervenant devant un panel d’experts de politique étrangère. Développant les propos de la veille, il soulignait que le 8 août (date de l’invasion géorgienne de l’Ossètie du Sud) était pour le peuple russe l’équivalent du 11 septembre pour le peuple états-unien. Puis, il rappelait les mensonges de la propagande US sur l’Ossètie et laissait à ses interlocuteurs le soin de poursuivre le parallèle à propos de la version US des attentats du 11 septembre 2001.

Pour ceux qui n’auraient pas compris l’allusion, le journal télévisé était suivi d’une soirée spéciale au cours de laquelle furent présentés et débattus les principaux mensonges de l’administration Bush sur les attentats de New York et de Washington. Avec une évidente gourmandise, le présentateur ne manqua pas de souligner que les télévisions occidentales n’avaient pas eu la liberté de diffuser le documentaire de l’eurodéputé Giulietto Chiesa —projeté ce soir là en prime-time—, ni de programmer des débats avec le dissident Thierry Meyssan, non seulement interdit d’antenne, mais contraint à l’exil.

Parmi les différentes interventions, certaines sonnaient comme des avertissements destinés aux Etats-Unis. Ainsi, ce cosmonaute présent dans la station spatiale internationale lors des attentats, qui relata avoir pris de nombreux clichés depuis l’espace et les avoir transmis, selon la procédure, à la fois à Houston et à Moscou où il furent « étudiés en détail ».