En 1977, Jimmy Carter demanda aux Africains d’abandonner leur peur irraisonnée du communisme qui les poussait à soutenir tout dictateur qui nous rejoignait dans cette peur. Toute la gauche et tous les mouvements de libération nationales n’étaient pas communistes et il fallait que les conservateurs comprennent que tous les mouvements de gauche ne représentaient pas un danger pour les États-Unis. Dans le même temps, il fallait aussi que les démocrates comprennent que certains mouvements de gauche qui ne se présentaient pas comme communistes pouvaient quand même avoir des liens avec l’URSS ou Cuba.
Cette approche prudente et mesurée doit également être appliquée aux chiites irakiens qui sont accusés d’être des partisans de l’Iran. Depuis la victoire d’une liste chiite en Irak, les quotidiens états-uniens se demandent pourquoi nous avons dépensé une fortune pour faire élire un gouvernement soutenant Téhéran. Il faut rejeter ces analyses simplistes qui sont bien souvent l’œuvre d’Irakiens ayant perdu les élections et qui veulent limiter l’influence des chiites. Il ne faut pas que Washington adopte la paranoïa des Arabes sunnites. En effet, les chiites irakiens ont régulièrement affirmé qu’ils ne voyaient pas l’Iran comme un modèle et la liste victorieuse devra de toute façon composer avec les Kurdes et les sunnites et aussi avec les éléments laïques de sa propre liste.
Les chiites irakiens ont bien des liens avec l’Iran, mais Sistani a sans doute plus d’influence en Iran que l’Iran n’en a en Irak. Il faut faire preuve de discernement et de patience.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Shiites and Stereotypes », par Robert Kagan, Washington Post, 18 février 2005.