L’assassinat de Rafic Hariri a donné une nouvelle vie à une vieille idée : utiliser la question de l’indépendance libanaise pour saper la position stratégique de la Syrie. George W. Bush parle désormais du « régime syrien » quand il est question du retrait du personnel militaire et des services de renseignement syriens du Liban.
Rumsfeld et Abrams croient que cela permettra l’établissement d’un régime pro-occidental au Liban, complaisant avec Israël et prêt à aider à la projection de la puissance américaine dans la région. Ils pensent également que ce sera le premier pas vers l’effondrement de la Syrie. Pourtant, cette stratégie comprend de grands risques. Pour commencer, toute tentative d’installation d’un gouvernement pro-occidental à Beyrouth provoquera une réaction du Hezbollah et face à cette résistance, les efforts d’installation d’un gouvernement pourrait échouer. L’administration Bush comprend-elle que quand elle affirme qu’un gouvernement libanais doit reconnaître la diversité du pays, cela suppose forcément une place importante pour le Hezbollah ? Or, pour ce groupe, la Syrie est un élément modérateur.
En outre, un départ du président Assad de Syrie entraînera le chaos dans ce pays aussi divers dans sa composition ethnico-religieuse que l’Irak ou le Liban. Le meilleur moyen de promouvoir la réforme est de discuter avec Bachar El Assad au lieu de l’isoler ou de le renverser. Bush doit abandonner son attachement idéologique à une domination maronite du Liban. Quand nous avons suivi cette voie, nous avons eu des morts et des otages. La dernière déclaration de Bachar El Assad montre qu’il est possible de négocier avec lui une échéance pour le retrait syrien. Toutefois, l’administration états-unienne doit reconnaître que ce retrait s’étendra sur des années, pas des mois. Il faut utiliser la tactique de la carotte et du bâton avec Damas.

Source
International Herald Tribune (France)
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New York Times (États-Unis)
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« Don’t Rush on the Road to Damascus », par Flynt Leverett, New York Times, 2 mars 2005.
« Don’t rush it with Syria », International Herald Tribune, 3 mars 2005.