Aujourd’hui, nous assistons au deuxième tour de l’élection présidentielle iranienne. Les Iraniens savent bien que, quel que soit le résultat, il est improbable que leurs votes soient comptabilisés correctement. C’est ce qu’a affirmé le ministère de l’Intérieur lui-même. De toute façon, quel que soit la personne « élue », c’est le pouvoir théocratique qui décidera. Le Guide suprême continuera à incarner la souveraineté. Le prédécesseur du prochain président n’a rien réformé malgré ses promesses et on se demande en vertu de quoi la théocratie changerait. A quoi bon voter dans ces conditions ?
Les partisans de Rafsandjani affirment que si la participation n’est pas élevée, le pays se trouverait en face d’un religieux fasciste qui bâillonnerait les libertés et enflammerait les tensions internationales par un soutien plus actif encore au terrorisme. Là où le bat blesse c’est quand Rafsandjani se présente comme le recours. Il est vrai que Rafsanjani a besoin de convaincre le Guide suprême qu’il est l’homme de la situation, celui qui sera capable de contenir la colère grandissante de l’Occident. Pourquoi ? N’est-ce pas lui qui préconisa d’utiliser l’arme nucléaire contre Israël ? Qui fut condamné par un tribunal allemand pour ? En quoi est-ce un modéré ?
Aujourd’hui, l’Iran est mûr pour le changement. Une nouvelle génération d’iranien émerge, c’est elle qui rendra sa grandeur au pays. J’espère que cette nouvelle génération considèrera la France comme un ami crédible et fiable. Pour cela, la France doit introduire au cœur des négociations avec le régime islamique la question des Droits de l’homme. La France, après avoir passé plus d’un an et demi dans des négociations infructueuses avec un régime corrompu devrait être en mesure de déduire que la perspective d’une admission prochaine au sein de l’OMC ne fera pas reculer ceux qui s’enrichissent dans l’opacité des échanges. Le système iranien ne serait pas non plus mis à mal par les menaces du Conseil de sécurité des Nations unies du fait de ses liens avec la Chine et la Russie. Dans un tel contexte, seule une pression forte sur le dossier des droits de l’homme et de la démocratie en Iran est à même de faire plier les instances sécuritaires du régime islamique, c’est son talon d’Achille.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Le fils du dernier chah en appelle à la France », par Reza Pahlavi, Le Figaro 24 juin 2005.