Il convient de rappeler qu’en milieu scolaire les infirmières ont essentiellement un rôle de prévention individuelle et collective qui s’inscrit dans une démarche éducative. Néanmoins des situations d’urgence et de détresse peuvent se présenter et l’infirmière doit pouvoir y répondre selon les modalités suivantes :

1 - Entretien avec l’adolescente

Un dialogue doit être engagé avec l’élève pour la mettre en confiance et lui faire préciser les points suivants :

— quelle est sa demande ?

— a-t-elle eu un rapport sexuel non protégé ? quand ?

— a-t-elle subi un rapport forcé ?

— a-t-elle une contraception ? laquelle ? s’agit-il d’un oubli de pilule ?

— quelle est la date des dernières règles ?

— a-t-elle prévenu ses parents ?

— est-elle suivie par un médecin, un gynécologue ou un centre de planification familiale ?

— quels sont les antécédents médicaux (salpingite, grossesse extra-utérine) car Norlévo est déconseillé chez les jeunes filles présentant un risque de grossesse ectopique ?

2 - Décision pour la mise en place d’une éventuelle contraception d’urgence

Deux éventualités peuvent se présenter :

2.1 L’adolescente mineure

2.l.1 L’infirmière recherche les modalités les plus appropriées en fonction de l’âge et de la personnalité de l’élève pour entrer en contact avec l’un de ses parents (téléphone, rendez-vous) aux fins d’informer celui-ci des différentes possibilités de contraception d’urgence, de lui indiquer les structures existantes pour se procurer de tels médicaments (pharmacie, médecin, centre de planification familiale), et de l’aider ainsi à trouver la solution adéquate.

2.l.2 Si l’élève refuse catégoriquement que la famille soit associée à sa démarche, l’infirmière prend rendez-vous en urgence auprès du centre de planification, et si besoin est, l’accompagne dans ce centre.

2.l.3 Si l’une de ces structures n’est pas immédiatement accessible, et s’il existe une situation de détresse caractérisée, l’infirmière pourra à titre exceptionnel et dans le cas où le rapport sexuel remonte à moins de 72 heures, délivrer le Norlévo à l’élève concernée, aux fins de permettre d’éviter par la contraception d’urgence une grossesse non désirée à un âge précoce.

2.l.4 Il conviendra dans ce cas de s’assurer de la prise effective par l’élève du 1er puis du 2ème comprimés le jour suivant.

2.2 L’adolescente majeure

2.2.1 L’infirmière adresse l’élève au centre de planification familiale ou aux urgences hospitalières en l’aidant à prendre rapidement un rendez-vous ; elle lui propose d’entrer en contact avec sa famille.

2.2.2 En cas d’inaccessibilité de ces structures, il sera indiqué à la jeune fille la possibilité de se procurer le Norlévo en pharmacie.

2.2.3 À titre exceptionnel, notamment en cas d’éloignement géographique, et si le rapport sexuel remonte à moins de 72 heures, l’infirmière pourra délivrer le Norlévo à l’élève majeure.

3 - Cet acte doit faire l’objet de la part de l’infirmière d’un compte-rendu écrit, daté et signé (tenue du cahier de l’infirmière), que l’adolescente soit mineure ou majeure

— dans tous les cas de figure, il sera indiqué à l’élève que la contraception d’urgence ne constitue pas une méthode habituelle de contraception, qu’elle n’est efficace qu’à 80%, et qu’enfin ce médicament ne saurait lui être délivré à répétition ;

— au-delà du délai de 72 heures, l’adolescente sera informée qu’il n’y a plus d’indication possible pour la contraception d’urgence et devra impérativement être orientée vers un centre de planification, l’hôpital ou un médecin généraliste ou gynécologue en cas de retard de règles.

4 - Suivi et accompagnement de l’adolescente

L’infirmière a un rôle de médiation entre l’adolescente et la famille. Dans tous les cas, il appartient à l’infirmière :

— de s’assurer de l’accompagnement psychologique de l’élève, et de veiller à la mise en oeuvre d’un suivi médical par un centre de planification, ou un médecin traitant ou un médecin spécialiste ;

— de s’assurer de l’efficacité de la contraception d’urgence, notamment en conseillant un test de grossesse lorsqu’il est constaté un retard de règles ;

— de prévenir les maladies sexuellement transmissibles et le sida ;

— d’entamer le cas échéant une contraception relais.

L’infirmière prendra si nécessaire les conseils du médecin de l’éducation nationale.

Il doit être précisé aux élèves que la contraception d’urgence ne peut en aucun cas remplacer la contraception habituelle et qu’elle est réservée aux situations d’urgence et de détresse, qu’une prise répétée du Norlévo peut entraîner des complications et que, dans ces conditions, son usage ne saurait être banalisé.