Mme Paulis a été membre des Assemblées de Dieu de Verviers de 1976 à 1987. Selon le témoin, cette secte présente des similitudes avec les Témoins de Jéhovah.

En instance de divorce, seule avec trois enfants, elle est venue habiter à Wegnez, à côté d’adeptes de ce mouvement. Elle se trouvait dans le désarroi et s’est immédiatement retrouvée sous leur tutelle.

Le pasteur était un véritable dictateur, qui manipulait les gens par un fort sentiment de culpabilité basé sur les écrits bibliques. Il dictait tous les actes des adeptes, interdisant, par exemple, le remariage.

Chaque mois, le témoin versait une dîme : 10 % de son salaire, ainsi que 10 % de ses allocations familiales et de la pension alimentaire versée par son ex-époux pour les enfants.

Cette dîme servait, entre autres, à payer la loca-tion de la salle de réunion. Selon le témoin, une part allait également à l’église-mère de Belgique. Il existe également des Assemblées de Dieu aux Etats-Unis.

Comme Mme Paulis ne recevait pas l’assistance spirituelle qu’elle attendait, elle a suivi M. Philippe Angot, ex-adepte des Assemblées de Dieu, qui avait décidé de créer sa propre église dans les Ardennes : l’Action Evangélique de Pentecôte (AEP).

Il a persuadé le témoin de vendre sa maison pour en acheter une autre à Malmédy, dans un état vétuste. Un montant de 340 000 francs remis par le témoin (prélevé sur le montant du préavis versé par son employeur), ainsi que d’autres dons (dont un million de francs versés par un Suisse) ont permis au gourou de s’acheter à son tour une maison.

Mme Paulis déclare avoir perdu tout bon sens au contact de la secte. Angot lui proposait de l’aide, la flattait, la manipulait. Il possédait un pouvoir de séduction très fort. La famille du témoin ne comptait plus du tout à ses yeux. Elle n’avait plus aucun contact avec ses amis, ses collègues. Son langage était devenu totalement différent.

En outre, suite à son transfert d’Heusy à Malmédy, le témoin a perdu 14 heures de travail par semaine. Depuis les modifications apportées à la législation sociale, elle ne peut plus toucher d’allocation de chômage pour temps partiel et se retrouve donc dans de graves difficultés financières.

Mme Paulis fut nommée diaconesse au sein de la secte et fut amenée à faire du recrutement dans la rue (distribution de prospectus, chants, ...). Elle n’était toutefois pas rémunérée et continuait à verser sa dîme.

Lorsqu’il lui semblait que le gourou n’agissait pas de manière logique ou n’appliquait pas sa propre doctrine, le témoin condamnait automatiquement son propre jugement. Le gourou ne peut en effet pas faire l’objet de critiques. Il est le chef absolu. Les adeptes ne peuvent même pas discuter entre eux de ses agissements. C’est un véritable enfermement.

Le monde extérieur est représenté comme le monde de Satan. Les membres de la secte sont les enfants de Dieu. Eux seuls possèdent la vérité, la lumière.

La secte comptait une vingtaine d’adeptes.

Le plus jeune de ses fils a également été embrigadé. Angot, qui venait souvent au domicile du témoin, a, entre autres, réussi à le persuader de donner son matériel hi-fi, d’une valeur de 100 000 francs, au mouvement. Le gourou déterminait pour une grande part leur vie ; ils n’avaient quasi plus aucune liberté.

Son fils s’est rendu compte qu’il était manipulé ; il n’a pu que très difficilement récupérer son matériel.

Le témoin constate que ses enfants ont été victimes de la secte, en étant coupés de leur école, de leurs copains. L’un d’eux a dû arrêter ses études, faute de moyens financiers.

En 1992, Mme Paulis a finalement décidé de porter plainte contre Angot, qui vit actuellement en France. Elle lui réclame la somme de 340 000 francs, sans compter les nombreuses autres offrandes. Ces dons servaient à payer le loyer du gourou, ses notes de téléphone, l’achat d’une voiture, ...

Le témoin insiste sur le fait que les petites sectes font parfois autant de dégâts qu’une grande.

Le gourou l’a relancée à plusieurs reprises par téléphone à son bureau. Il proférait des menaces, disant que quiconque quittait la secte connaîtrait des malheurs, des accidents. Le témoin déclare qu’il est très difficile de se dégager totalement de l’emprise du gourou. Même plusieurs années plus tard, lorsqu’un de ses fils a eu un accident, elle n’a pu s’empêcher de se demander si ce n’était pas une conséquence des événements passés.


Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be