Il s’agit d’une communauté regroupée autour de Georges Lethé, un avocat bruxellois. Les membres appartiennent aux classes sociales privilégiées (notamment des juristes). Le groupe compte également des membres du syndicat d’enseignants SEL et est présent dans beaucoup d’associations. Il semble que la communauté possède de nombreux biens immeubles tant en Belgique qu’à l’étranger et qu’il dispose de moyens financiers importants.

M. Lethé est le responsable spirituel de l’organisation et dirige les réunions du jeudi et du dimanche, consacrées à une lecture biblique symbolique de la Thora dans le texte. Les jeudis, cette lecture est suivie d’un débat concernant un sujet d’actualité généralement en rapport avec la lecture biblique du jour. Il semble que M. Lethé n’accepte aucune autre interprétation que la sienne ; il est interdit aux membres de la communauté de suivre d’autres cours en la matière.

La communauté est basée sur une structure hiérarchisée, pyramidale, très stricte, organisée en sous-groupes. Les décisions sont prises par un conseil restreint auquel les autres membres ne peuvent assister, structure de décision qui ne peut être révélée à l’extérieur.

Il s’agit d’une communauté très fermée, employant un langage codé.

M. Lethé exerce une emprise totale sur ses adeptes qui habitent tous dans un même quartier, de sorte qu’il peut les convoquer à toute heure, même la nuit. Un témoin fait état d’endoctrinement, de manipulation mentale. Les adeptes ne peuvent rien entreprendre sans avoir auparavant obtenu l’autorisation de leur leader ou en tout cas, du comité de décision. La correspondance est lue, les conversations téléphoniques écoutées.

Des sessions sont également organisées dans une maison de campagne à Gimnée. Les adeptes y séjournent le week-end et sont invités à remplir un certain nombre de tâches ménagères et au jardin, comme dans une communauté. Les tâches sont toutefois sans cesse interrompues et échangées, si bien que personne ne peut s’identifier au résultat d’une tâche précise, ce qui provoque une certaine dépossession de soi-même.

Des pressions se font de plus en plus fortes sur les membres de la famille réfractaires à l’organisation de la communauté : essais de déstabilisation (même par des moyens physiques), questionnements, reproches, culpabilisation.

Le fonctionnement du groupe induit également une rupture avec la famille, les amis et le monde extérieur. Il provoque la destruction des familles, lorsqu’un des conjoints refuse de se plier aux règles de la vie communautaire.

Par ailleurs, il semble que cette communauté se livre à des pratiques d’escroquerie et de faux et usage de faux : captation de biens (les adeptes sont piégés économiquement par le biais de sociétés coopératives), extorsion répétée d’argent qui disparaît dans la communauté, rédaction de faux procès-verbaux de réunions, etc.

Un témoin cite une dizaine de personnes qui pourraient confirmer ces faits.

La Communauté du Caillou tente de se donner une façade respectable et de gagner prestige et notoriété en organisant des actions sociales et humanitaires dans le Tiers-Monde (Nicaragua, Rwanda, ...) et dans certains pays de l’Est (Pologne, ...).

Au Nicaragua, ils adhèrent aux communautés de base. En 1984, ils ont participé à un projet organisé par une église locale pour la construction d’une cafétéria et d’une école de formation technique. Ils ont obtenu l’aide financière d’Oxfam en Belgique et ont aussi sollicité l’intervention d’autres organisations européennes.

En 1988, ils ont entamé un nouveau projet visant à permettre à des étudiants nicaraguayens (il s’agit généralement de gens mariés, ayant déjà exercé une activité professionnelle) de suivre une formation complémentaire (de type universitaire ou technique supérieur) en Belgique. Les étudiants sont accueillis par une famille de la communauté.

Plusieurs témoignages concordent quant aux pratiques de type sectaire (discipline totalisante) impo-sées à plusieurs étudiants :

 à leur arrivée, leurs papiers d’identité et leurs billets d’avion (retour) sont confisqués ;

 obligation d’assister aux réunions de la communauté ;

 obligation d’effectuer de nombreux travaux ménagers et de réaménagement de bâtiments au bénéfice exclusif du groupe, en échange de leur hébergement ; l’argent de poche qui leur est attribué est réduit, de manière à accroître leur dépendance ;

 organisation de leur temps libre et de leurs vacances par le groupe ;

 la communauté fixe également leur programme d’études, en collaboration avec les autorités académiques et contrôle leur horaire ;

 interdiction de quitter leur lieu de résidence sans autorisation ;

 coupure avec le monde extérieur : interdiction de prendre contact avec des gens extérieurs à la communauté ;

 ils sont tenus à l’écart des décisions prises par le comité restreint, même si ces décisions les concernent directement ; une obéissance stricte est exigée et les étudiants qui refusent de se plier aux règles de la communauté sont expulsés. S’ils tentent de rester en Belgique, ils sont alors dénoncés à la police des étrangers et parfois, des pressions sont exercées sur les autorités académiques pour qu’ils soient renvoyés.

Ce projet est financé en grande partie par des aides et des dons provenant de personnes extérieures au " Caillou ". La question se pose de savoir si ce type de projet n’est pas utilisé par le " Caillou " pour recruter de nouveaux adeptes, qui continueront à appliquer leurs idées une fois rentrés au pays.


Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be