Le FN entend utiliser les élections législatives pour étendre son influence idéologique, sans illusion de victoire électorale ni intention de se trouver trop maigrement représenté au Palais Bourbon pour pouvoir y jouer un rôle significatif. Au contraire, il espère profiter du scrutin de liste aux élections régionales pour y gagner de nombreux sièges. Ses efforts seront concentrés sur la région Île-de-France (où il escompte augmenter le nombre de ses élus de 37 à 70, sur 209), ainsi que sur la région PACA, dont il espère prendre le contrôle.

Concernant les législatives, les analystes mettent en évidence la possibilité de triangulaires, FN-droite-gauche, dans près d’un tiers des circonscriptions et la possibilité de victoires isolées du FN dans les cas où les républicains de droite et de gauche se maintiendraient au second tour. Dès lors, l’objectif que s’assigne la direction du parti n’est pas d’entrer à l’Assemblée nationale pour s’y trouver marginalisée, mais de développer un discours qui permette de capitaliser le succès d’humeur du premier tour. La direction du Front vise à acculer les candidats de la droite classique à se faire battre par la gauche ou à gagner en adoptant le rhétorique frontiste et, à terme, en ralliant individuellement le FN. Bruno Mégret explique ainsi : " Notre succès de Vitrolles aurait dû constituer un grave avertissement pour l’Établissement. Il est le signe évident que la guerre totale que l’on nous mène, loin de nous abattre, nous renforce. (...) Plus ils nous attaquent, plus les partis de la droite libérale se coupent de leur base (...) D’ailleurs, loin de se réduire, notre crédit auprès des électeurs de droite ne cesse de croître. C’est pourquoi, face à l’hystérie anti-FN de l’Établissement, nous ne devons en aucun cas céder à la tentation du repli sur soi ou de la crispation. En nous attaquant violemment, nos adversaires espèrent nous voir adopter une mentalité d’assiégés. Or une telle attitude serait en complète contradiction avec notre progression dans l’opinion (...) Plus que jamais nous devons aller vers les autres" (Français d’Abord, 16/03/97).