Comme dans d’autres pays producteurs ou de transit, les profits générés au Chili par les exportations s’ajoutent à ceux qui proviennent de la vente de drogues destinée à la consommation locale. Mais le blackout imposé par la loi sur les enqu : tes concernant le blanchiment, emp : che d’avoir une vision précise de ce phénomène. Les statistiques concernant les neuf premiers mois de l’année confirment que le Chili est un important pays de consommation et de transit de cocaïne bolivienne et péruvienne. Alors que l 066 kilos de base de cocaïne (essentiellement destinés au marché interne) avaient été saisis en l994, on en était déjà à 2 040 kilos en septembre 1995. M : me observation en ce qui concerne le chlorhydrate, en transit ou consommé dans les milieux aisés, dont les saisies sont passées, durant la m : me période, de 160 kilos à 291 kilos. Selon le service de la police spécialisé dans la lutte antidrogues, l’OS - 7, le marché interne absorberait annuellement de 8 à 9 tonnes de cocaïne. En ce qui concerne les exportations "en gros", plusieurs saisies ont été effectuées dans le monde sur des cargos exportant des denrées alimentaires chiliennes. Mais il existe également un trafic de fourmi, dont une nouvelle variante a été découverte en l995 à l’échange de cocaïne contre de l’héroïne par des trafiquants nigérians. Toujours selon l’OS - 7, il n’existe pas de "cartel" au Chili qui contrôlerait l’ensemble des opérations entre la transformation et la commercialisation. En effet, comme on peut acheter au Pérou ou en Bolivie de la base à 600 dollars le kilo et du chlorhydrate (à 90 % de pureté) à 1 500 dollars le kilo, il n’est pas très intéressant, même si certains d’entre eux ont été découverts, d’installer des laboratoires de transformation au Chili. Selon Nelson Mery, le directeur de la police d’investigation, la revente au détail de 1 250 kilos de base saisis en l994 aurait rapportée 256 millions de dollars, plus que les bénéfices de Copec, la plus grande entreprise multisectorielle du pays. Ce chiffre devrait donc être théoriquement multiplié par les huit ou neuf tonnes de consommation estimée et être grossi des profits du chlorhydrate. Même si les chiffres de la police sont exagérées, le marché intérieur chilien génère des profits représentant au moins un milliard de dollars. Il n’a pas été possible au correspondant de l’OGD d’obtenir des renseignements sur les opérations auxquelles donne lieu le blanchiment de ces gains. Les autorités ont bien voulu reconnaître qu’une dizaine d’enquêtes sont en cours sur "l’origine illicite de certains capitaux". Mais la loi 19. 366, qui sanctionne les activités de blanchiment, interdit toute publicité à leur égard car elle "pourrait porter atteinte au secret bancaire et à la confiance des investisseurs étrangers. " Des sanctions pénales très lourdes visent tous ceux, en particulier les journalistes, qui donneraient des informations sur ces enquêtes. Ce manque de transparence est évidemment une porte ouverte à toutes les tentatives d’enterrement des procédures (correspondant de l’OGD au Chili).

(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 51