La deuxième phase concerne l’assassinat de 23 personnes, suivi de l’incendie de la ferme de La Rochette à Cheiry dans les circonstances suivantes :

1- La ferme de La Rochette située à Cheiry (can-ton de Fribourg) appartenait à la société FARC (Fer-me Agricole de Recherche et de Culture) depuis le 8 juin 1990. Il s’agissait d’une société proche de l’OTS représentée par Albert Giacobino, membre de l’OTS et un des deux grands pourvoyeurs de fonds.

Cette ferme était habitée de manière habituelle par cinq personnes : Albert Giacobino, Fabienne Renaud divorcée de Georges Noirjean, Joël Egger, sa femme et sa mère.

2- Le 4 octobre 1994 vers 23h55, des habitants de Cheiry constatent qu’un incendie s’est déclaré à la ferme. Ils alertent les pompiers.

Ceux-ci ne peuvent pas pénétrer immédiatement dans les lieux. Toutes les issues sont bloquées et l’incendie est trop violent.

3- Lorsque celui-ci sera apaisé, une fenêtre est défoncée. La fouille commence par les 4 chambres à coucher du premier étage. Dans l’une d’elles, soigneusement verrouillée, un cadavre est couché sur le lit, un sac de plastique sur la tête. Il sera identifié comme le corps d’Albert Giacobino, le maître des lieux. Il avait été asphyxié au moyen du sac de plastique qui lui enfermait la tête. Comme, depuis quelques temps, il réclamait le remboursement de sommes d’argent importantes et qu’il était décidé à quitter l’OTS, Di Mambro et Jouret le considéraient comme un traître !

La poursuite de la fouille des lieux a amené la découverte de 22 autres corps dans des " lieux secrets " : Sanctuaire, Chapelle, Salle du Seuil, Salle du Dépôt.

4- La liste des 23 personnes qui ont trouvé la mort à la ferme La Rochette appelle les remarques suivantes :

15. les victimes avaient dans l’organisme des traces d’une benzodiazépine à action rapide (rohypnol ou narcozep) sauf Marie Louise Rebaudo (n° 22).

16. A l’exception des n os 3, 16 et 23, les victimes ont été tuées d’une ou de plusieurs balles dans la tête. Les projectiles de calibre .22 LR de marque CCI étaient à tête creuse (Hollow Point). L’arme était un pistolet Smith et Wesson .22 LR, acheté par Joël Egger le 15 juin 1993 à l’armurerie Free-Sport à Granges-Paccot en Suisse. Cette arme a été retrouvée à Salvan. Elle était munie d’un silencieux de fabrication artisanale. La plupart de ces victimes tuées par balles ont été retrouvées avec un sac en plastique troué, par balles, sur la tête, sauf les 7, 9, 10, 13, 14, 15 et 21 es qui n’avaient pas de sac sur la tête.

17. La 3 e victime a été asphyxiée par un sac en plastique non troué qui lui enfermait la tête. Elle avait les poignets liés.

18. La 16 e victime n’a été tuée ni par un impact de balle ni par un sac en plastique qui lui recouvrait la tête. Grand argentier de la secte, très attaché à Luc Jouret, âgé de 68 ans et souffrant d’infarctus avec anévrisme, on a énoncé l’hypothèse que Camille Pilet avait participé à la cérémonie dans les locaux secrets et par sa seule présence, il avait contribué au massacre ; mais au cours de celui-ci, il se serait trouvé mal et aurait été asphyxié en lui appliquant contre le visage le sac de plastique trouvé à 50 cm de son cadavre.

19. La 23 e victime était Albert Giacobino dont il a déjà été fait mention.

5- Le cas de quelques victimes tuées par balle mérite d’être précisé.

20. Victime n° 1 : FALARDEAU Robert. Ce ressortissant canadien avait succédé à Luc Jouret en qualité de grand maître de l’OTS, pour remettre de la rigueur dans les finances dilapidées pen-dant 7 ans par Jouret. Il a d’abord été tué par balle dans le bureau attenant à la Salle des Agapes. Il a ensuite été traîné par les pieds jusqu’à la Salle du Seuil où la plupart des autres ont été exécutés.

21. Victime n° 21 : La femme en troisièmes noces du Belge Jean Léon PAULUS, tuée par balle comme son mari et trouvée enlacée par celui-ci, n’avait pas le visage recouvert d’un sac. Mais elle avait les poignets liés comme la victime n° 3.

22. Victime n° 22 : Elle a été retrouvée seule dans la Salle du Dépôt. Elle avait la tête recouverte d’un sac de plastique, 2 impacts de balles dans la tête, 2 dans les seins et un autre dans le bras comme si elle avait tenté de se protéger contre son exécuteur. Il est à rappeler que cette victime n’avait pas absorbé de soporifiques. Elle était l’amie de Albert Giacobino.

23. Victime n° 5 : Il semble avoir joué un rôle actif. Le dimanche après-midi il est allé chercher sa femme et, dans la soirée, ses deux enfants, pour les amener à La Rochette. Lors de la levée des corps, on a retrouvé 14 morceaux de corde sous la cape de son cadavre. Les mêmes cordes entravaient les poignets de deux autres victimes.

24. Victime n° 17 : Elle était seule à n’être couverte que d’un slip en dessous de sa cape.

6- Il semble raisonnable de dater les assassinats de la nuit du dimanche 2 au lundi 3 octobre. Toutes les victimes étaient mortes avant que les lieux soient incendiés. Cet incendie a été déclenché par un dispositif qui avait été acheté et installé par Joël Egger et Martin Germain (victimes de Salvan n os 7 et 4).

Ce dispositif était commandé par téléphone. Le contrôle du téléphone cellulaire de Joël Egger a établi que la mise à feu a été déclenchée de Salvan par ce téléphone à 23h42, à 00h11 et à 00h12 dans la nuit du 4 au 5 octobre.

Deux autres incendies ont été commandés de la même manière dans les premières minutes du 5 octobre (00h17 et 00h19). La seconde commande a mis le feu à l’appartement occupé par les Di Mambro à Territet (Montreux). L’autre concernait une villa d’Aubignan (France) appartenant à une société fondée par des membres de l’OTS et gérée par Odile DANCET ; le dispositif n’a pas fonctionné.

7- Un texte a été retrouvé sur l’ordinateur se trouvant dans l’appartement de Joseph Di Mambro. L’exemplaire manuscrit se trouvait dans le chalet n° 1 et est attribué à Jocelyne Duplessis, épouse Jo Di Mambro (victime n° 11 de Salvan).

Ce texte révèle le total désaccord de certains des Di Mambro sur les moyens utilisés à Cheiry. Voici ce texte :

" Suite au tragique Transit de Cheiry, nous tenons à préciser, au nom de la Rose + Croix, que nous déplorons et nous nous désolidarisons totalement du comportement barbare, incompétent et aberrant du docteur Luc Jouret. Prenant la décision d’agir de sa propre Autorité, à l’encontre de toutes nos règles, il a transgressé notre code d’honneur et est la cause d’un véritable carnage qui aurait dû être un Transit effectué dans l’Honneur, la Paix et la Lumière. Ce départ ne correspond pas à l’Ethique que nous représentons et défendons face à la postérité. "

Les adeptes tués à la ferme de Cheiry y ont été attirés spécialement par Nicole Giusti (victime de Cheiry n o 18). Ils semblaient être d’accord avec le principe du " Transit " vers un monde meilleur, mais sans passer immédiatement par une mort physique. On a souvent dit que ceux de Cheiry ne sa-vaient pas quand et comment le " Transit " aurait lieu.

8- Un document retrouvé dans un des chalets de Salvan décrit les missions à réaliser lors du " Transit ". Il y avait ceux qui restent à Salvan et ceux qui vont à Cheiry et en reviennent.

Dans le groupe de ceux qui restent à Salvan, on trouve :

Annie EGGER (victime de Salvan n o 6) ;

Josianne KESSELER (victime de Salvan n o 16) ;

Fabienne NOIRJEAN (victime de Salvan n o 10) ;

Maryse SEVERINO (victime de Salvan n o 13) ;

Jo DI MAMBRO (victime de Salvan n o 12) ;

Emmanuelle DI MAMBRO (victime de Salvan n o 14) ;

Aude SEVERINO (victime de Salvan n o 15) ;

Line BOD LHEUREUX (victime de Salvan n o 23) ;

Vanina BOD (victime de Salvan n o 22).

Dans le groupe de ceux qui vont à Cheiry pour procéder aux exécutions et en reviennent ensuite on trouve :

Martin et Céline GERMAIN (victimes de Salvan n os 4 et 5) ;

Jacques et Annie LEVY (victimes de Salvan n os 8 et 9) ;

Odile DANCET (victime de Salvan n o 1) ;

Jocelyne DI MAMBRO (victime de Salvan n o 11) ;

Dominique BELLATON probablement (victime de Salvan n o 17) ;

Luc JOURET (victime de Salvan n o 24) ;

Joël EGGER (victime de Salvan n o 7).

9- Liste des personnes assassinées à la ferme La Rochette :

* FALARDEAU Robert né en 1947 au Québec - C.N.

* CABRERA Gil Léopoldo né en 1955 en Espagne - C.N.

* PFAEHLER Renée née en 1914 en Indonésie - C.B.

* JATON Armelle née en 1978, fille de 5 et 6 —R. D.

* JATON Daniel né en 1945 à Neyruz - C.D.

* BERGER Madeleine née en 1947 à Payerne, épouse du n o 5 - C.D.

* JATON Lionel né en 1976 à Payerne, fils de 5 et 6 - R.D.

* REBMANN Françoise dite Claire née en 1939 à Genève, ép.v.s. de BELANGER - C.N.

* BERENGER Guy né en 1939 en France, époux en secondes noces de Madeleine de Brot (3 e victime de Salvan) - C.D.

* PECHOT Christian né en 1945 France - C.D.

* PECHOT Sébastien né en 1982, fils de 10 et 12 - C.D.

* MEYLAN Christine née en 1944 à Genève, épouse du n o 10 - R.B.

* GIROUX Jocelyne née en 1950 à Québec, épouse de AUDSLEY. Mieux connue sous son nom d’auteur qui est le nom de sa mère GRAND’MAISON - C.N.

* OSTIGUY Robert né en 1944 au Québec - C.N.

* ASSELIN Françoise née en 1947 au Québec, épouse du 14 e - C.R.

* PILET Camille né en 1926 à la Côte-aux-Fées, célibataire - C.N.

* VULLIEN Séverine née en 1971 en France - C.B.

* GIUSTI Nicole née en 1928 en France - Veuve de KOYMANS Jean et mère du n o 21 - C.V.

* PERTUE Marie Christine née en France en 1952, divorcée de Luc Jouret - R.D.

* PAULUS Jean Léon né en 1945 en Belgique, divorcé de KESSELER Josianne, époux du n o 21 - C.N.

* KOYMANS Fabienne née en 1956 en France, épouse du n o 20 - C.B.

* REBAUDO Marie-Louise née en 1937 en France - divorcée BONO - 0.

* GIACOBINO Albert né en 1932 à Genève - 0.

Index des vêtements de cérémonie portés par les victimes :

CN = cape noire CB = cape blanche

CD = cape dorée CR = cape rouge

CV = cape verte RB = robe blanche

RD = robe dorée 0 = sans uniforme


Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be