L’Asie du Sud-Est est, avec l’Asie du Sud-Ouest (principalement l’Afghanistan), une des deux premières régions productrices d’opium et d’héroïne dans le monde. Avec environ 2 500 tonnes d’opium (mais dont 500 t sont fumées localement dans les tribus) produites en 1995 et en 1996, la Birmanie occupe la première place dans la région. Les expéditions d’héroïne birmane transitent par le territoire des pays voisins : la Thaïlande, le Laos (et, à partir de ce dernier pays, jusqu’au Cambodge via le Mékong), le Vietnam et la Chine où elles sont parfois grossies des productions locales, laotiennes surtout. En Birmanie, depuis la reddition du grand trafiquant Khun Sa en 1996, devenu un "investisseur" protégé par le régime, le caractère de narco-Etat du pays est exposé au grand jour. Cela n’empêche pas la Chine, bien qu’elle affirme placer la lutte contre la drogue au premier rang de ses préoccupations, de soutenir sans état d’âme le gouvernement d’un pays qui revêt pour elle une grande importance géostratégique ; ni les pays de l’Association des nations du Sud-est asiatique (ANSEA) à l’admettre dans leur organisation. Pourtant, l’intense activité des réseaux de l’héroïne qui ont leur source en Birmanie, auxquels s’ajoutent en Thaïlande et au Cambodge ceux de la marijuana, est un accélérateur du processus de criminalisation dans toute la région, particulièrement en Chine du sud et au Cambodge. Quant au retour de Hong Kong dans le giron de la Chine, il ne mettra vraisemblablement pas fin aux opérations de blanchiment qui s’opèrent dans cette grande place financière. Le trafic de drogues a enfin d’importante retombées locales : d’ores et déjà, la Birmanie, la Thaïlande, le Vietnam et la Chine constituent, ensemble, le plus grand marché de l’héroïne dans le monde.