L’UNICEF fait l’éloge du "bon sens iraquien" qui pousse à reprendre le chemin de l’école

Les enfants iraquiens doivent pouvoir retourner à l’école sans attendre, a dit aujourd’hui la Directrice générale de l’UNICEF, Mme Carol Bellamy.

La Directrice générale de l’UNICEF a apprécié ce qu’elle a qualifié de « sagesse innée » de la part des parents et des enseignants iraquiens, qui demandent une réouverture rapide des écoles partout en Iraq. Ils doivent être « soutenus, encouragés, félicités et suivis » pour la rapidité avec laquelle les enfants ont déjà commencé à revenir en classe dans tout le pays.

Mme Carol Bellamy a déclaré que l’école constituait un indicateur essentiel de l’aptitude d’une société à fonctionner, en particulier dans le cadre du relèvement d’un pays à la suite d’un conflit et de l’effort de reconstruction.

« Je ne saurais trop insister sur l’importance de remettre en place et de renforcer le système éducatif dans les plus brefs délais, » a dit Mme Carol Bellamy. « Les écoles jouent un rôle essentiel dans l’effort de redressement, non seulement en raison de leur fonction pédagogique, mais aussi en tant que centres autour desquels les communautés peuvent commencer à cicatriser leurs plaies. Ce sont aussi des lieux permettant d’intervenir notamment en matière d’éducation sanitaire, de soutien psychosocial et d’assistance nutritionnelle. »

Mme Carol Bellamy a fait part de sa préoccupation devant l’absence de retour à l’école à Bagdad, en dépit de la réouverture des écoles dans le nord et le sud du pays.

« Actuellement, les choses sont imprévisibles en Iraq, » a dit Mme Carol Bellamy. "Où les parents souhaitent-ils voir leurs enfants durant la journée ? Assis derrière un pupitre d’écolier, ou dans les manifestations politiques et idéologiques ? Il existe de vastes zones urbaines envahies par des armes, et on fait état chaque jour d’enfants laissés sans surveillance qui sont blessés et tués. La reprise de l’école à présent relève du bon sens pour les enfants, les parents et les enseignants. C’est pourquoi nous constatons que des écoles ouvrent spontanément."

Ces derniers jours, l’UNICEF a été approché par de hauts responsables du ministère de l’Education, des enseignants et des parents, qui souhaitent très vivement que les écoles ouvrent immédiatement à Bagdad. Mme Carol Bellamy a indiqué que les questions liées à la réforme du programme ne devaient pas peser sur le droit fondamental de l’enfant à l’éducation, ni servir de motif permettant de retarder la rentrée des classes.

"Aujourd’hui, l’école représente bien davantage que des manuels scolaires," a déclaré Mme Carol Bellamy. "Pour les parents, les enfants et la société tout entière, c’est un critère familier de stabilité. L’école représente aussi un environnement sûr et bienveillant pour les enfants. En outre, ce qui est important, elle constitue une voie pour la distribution de l’aide, si bien que nous pouvons être certains que les enfants, les plus vulnérables dans les conflits, reçoivent l’aide qui leur est destinée. Les programmes scolaires n’ont pas été mis à jour depuis vingt ans et ils doivent donc être revus."

L’UNICEF pense que les défis qu’implique le retour à l’école en Iraq sont impressionnants. Trois guerres au cours des deux dernières décennies, douze années de sanctions, ainsi qu’une mauvaise gouvernance ont laissé en lambeaux un système éducatif qui était autrefois envié par le monde arabe. Il n’y a pas eu de nouvelles écoles construites depuis 1985, en dépit d’une population qui a augmenté de plus de la moitié, et d’une expansion rapide des villes.

"Oui, les défis sont énormes," a déclaré Mme Carol Bellamy. "Mais il est 9 heures du matin en Iraq et les enfants retournent à l’école. L’Iraq reprend le cours de ses activités. Il nous faut soutenir ce mouvement."

L’UNICEF va soutenir cette rentrée des classes des enfants iraquiens grâce à des fournitures scolaires d’urgence pour les enfants et les enseignants, la réparation d’urgence de points d’eau et de sanitaires, ainsi que des équipements sportifs. Les programmes psychosociaux destinés aux enfants seront basés sur un contexte de salle de classe. En outre, l’UNICEF et ses partenaires vont aider à l’orientation à court et moyen terme des enseignants, parallèlement à des évaluations, effectuées dans le but de restaurer un système éducatif de qualité.

Notes sur l’Education

* 5 000 écoles nouvelles doivent être construites dans le seul but d’accueillir le supplément de population des 20 dernières années.

* De 6 000 à 7 000 écoles doivent être réhabilitées. De nombreuses écoles n’ont pas de vitres à leurs fenêtres ni d’électricité. Les sanitaires sont souvent hors d’usage.

* Les enseignants ont des classes dont les effectifs peuvent aller jusqu’à 70 élèves.

* L’enseignement est souvent dispensé aux enfants par roulement afin de diminuer les effectifs pléthoriques dans les salles de classes.

* La détérioration du système éducatif a découragé les enseignants (dont la rémunération moyenne s’élève à 5 dollars EU par mois) et les élèves.

* Avant la guerre du Golfe, 92% des enfants en âge scolaire étaient scolarisés. En début 2003, ce pourcentage n’était plus que de 76,4%. Pratiquement 1 enfant sur 4 n’est plus scolarisé. Il s’agit en général de filles. 31% des filles ne vont pas à l’école primaire, contre 17,5% des garçons.

* Le conflit a eu pour conséquence le pillage de nombreuses écoles ; les pillards ont volé du mobilier, des livres et du matériel pédagogique. Ils ont également endommagé des bâtiments. D’autres écoles ont été utilisées par les forces armées iraquiennes pour entreposer leurs munitions, alors que les forces américaines se servaient d’écoles dans le Nord pour s’abriter. Certaines écoles ont été bombardées.