Jean-Claude Paye
Sociologue. Dernier ouvrage publié en français : De Guantanamo à Tarnac . L’emprise de l’image (Éd. Yves Michel, 2011). Dernier ouvrage publié en anglais : Global War on Liberty (Telos Press, 2007).
129 articles


S’appuyant sur la Stratégie de sécurité nationale de Donald Trump, Jean-Claude Paye revient sur l’articulation des politiques économique et militaire de la Maison-Blanche. Il analyse l’opposition entre deux paradigmes économiques, l’un promouvant la mondialisation du capital (soutenu par le parti Démocrate) et l’autre l’industrialisation US (soutenu par Trump et une partie des Républicains). Si le premier conduisait à éliminer tout obstacle par la guerre, le second utilise la menace de la guerre pour rééquilibrer les échanges d’un point de vue national.

Face à la montée en puissance de l’économie chinoise, les Etats-Unis se doivent de réagir pour survivre. Le projet de réforme fiscale de Donald Trump, qui visait à encourager la production intérieure, a été rejeté par le Congrès, qui a préféré protéger les profits des multinationales. C’est pourquoi, la Maison-Blanche n’a plus d’autre choix que de saboter les investissements de Beijing pour la création de nouvelles voies de communication et l’exportation globale de ses produits.

Il est beaucoup trop tôt pour analyser la politique du président Macron qui n’est aux affaires que depuis un mois. Il est cependant possible d’observer la manière dont il ré-organise le système politique, les nominations auquel il procède, et de prendre en compte l’annonce de ses prochaines réformes pour évaluer son orientation : la France se dirige vers une dictature administrative au service de la Commission européenne.

La campagne électorale présidentielle française s’est transformée en un exercice de propagande. Les électeurs sont bombardés de messages abscons qu’ils n’ont pas le temps d’analyser, mais qui les imprègnent.
À titre d’exemple, lors de son meeting d’Amiens, Emmanuel Macron a accusé Marine Le Pen de s’être réfugiée auprès des Prussiens lors du siège de Paris… en 1870, puis d’avoir partagé l’idéologie destructrice de l’Allemagne… en 1914. Sur ce, il s’est exclamé avec exaltation : « Pas ça !, Pas ça !, Pas ça ! ». Bien sûr, vous n’avez pas écouté ce message, mais vous l’avez entendu : Marine Le Pen ne serait pas l’incarnation de la Nation qu’elle prétend être, mais de la Trahison. Vous devriez lui faire barrage et donc voter Macron.
Le sociologue Jean-Claude Paye nous explique pourquoi personne n’a réagit à ce délire soigneusement préparé et retransmis sans broncher par toutes les chaînes de (...)
« Il faut que tout change pour que rien ne change »
La fin du système des partispar
Jean-Claude Paye

La candidature d’Emmanuel Macron ne vise pas à constituer un nouveau parti, Les Démocrates, face aux Républicains, comme aux États-Unis. Il s’agit plutôt de créer un mouvementisme sans objet qui permette de préserver les intérêts de la classe dirigeante. « En marche ! » donc, vers la dissolution de la République française dans la globalisation consumériste.

Progressivement, la totalité des États membres de l’Union européenne adopte un état d’exception sous couvert de lutte contre le terrorisme. Jean-Claude Paye, qui a déjà démontré la totale inefficacité de ce dispositif face au but affiché, analyse ici la subjectivation du droit qui ne réprimera plus uniquement des faits, mais aussi des intentions supposées.

Depuis l’élection de Bush père, la fonction de président des États-Unis a considérablement évolué. Alors que jusque là, il s’agissait surtout de nommer 40 000 hauts-fonctionnaires, il s’agit désormais d’utiliser l’exécutif sans avoir à rendre de compte à quiconque. Lorsqu’il promulgue de nouvelles lois, le président a la possibilité d’en modifier le sens à son profit. En outre, la « théorie de l’exécutif unifié » décourage de Congrès de se mêler des décisions du « commandant en chef ». Le rôle du parlement se borne désormais à voter le budget.

Malgré les apparences, les stress tests organisés par l’Autorité bancaire européenne pour mesurer l’éventuelle vulnérabilité des banques européennes en cas de crise financière ne sont pas concluants. Leurs critères ne permettent pas d’anticiper sur la reproduction des situations que l’on a connues. Plus que jamais, après la baisse considérable des cotations des grandes banques, début 2016, la question de pose de la fragilité de l’ensemble du secteur.
France : installation d’un État policier 4/4
État d’urgence : une compulsion de répétitionpar
Jean-Claude Paye

Si pendant l’état d’urgence les policiers ont pu prévenir des attentats, aucune des modalités de l’état d’urgence ne les y a aidés. En termes de lutte anti-terroriste, ainsi que l’avaient affirmé à l’avance plusieurs magistrats spécialisés, ces dispositions ne servent à rien. Jean-Claude Paye observe par contre qu’elles érodent petit à petit les libertés. Dès lors, chaque attentat fournit un nouveau prétexte pour aller plus loin.
France : installation d’un État policier 3/4
Constitutionnaliser l’état d’urgence : quel enjeu ?par
Jean-Claude Paye

Après avoir annoncé, lors de son entretien télévision du 14 juillet, la prochaine levée de l’état d’urgence, le président François Hollande se contredisant l’a prolongée le lendemain de trois mois. Certes sur le court terme, il réagissait à un attentat commis à Nice, mais sur le long terme, il avançait un peu plus dans la transformation de l’État. Contrairement aux apparences, l’enjeu n’est pas de lutter contre le terrorisme, mais de passer d’un pouvoir issu du Peuple et placé sous son contrôle à un pouvoir discrétionnaire agissant pour le compte et au service des États-Unis.
France : installation d’un État policier 2/4
État d’exception avec état d’urgencepar
Jean-Claude Paye
France : installation d’un État policier 1/4
Procédure d’exception sans état d’urgencepar
Jean-Claude Paye

Dans le contexte des attentats revendiqués par Daesh, le gouvernement français procède à une série de réformes visant à accroître considérablement les pouvoirs de la police et de l’administration au détriment de la Justice. Étant entendu que ces réformes sont sans lien avec la prévention de ce type d’attentat qui nécessite d’abord des mesures politiques, la France se dirige vers un régime d’arbitraire.
Loi française sur le Renseignement
Société de surveillance ou société surmoïque ?par
Jean-Claude Paye

Les attentats du 13 novembre à Paris ont montré, si c’est encore nécessaire, que la loi sur le Renseignement n’a pas pour objet de prévoir les attentats terroristes, mais simplement de supprimer la vie privée des Français. Les déclarations du président Hollande, expliquant que les retards concernant les décrets d’application de la loi seraient à la base du « raté » des services, sont un déni du fait que cette législation ne fait qu’entériner des pratiques existantes.

Faut-il en rire ou en pleurer : depuis le 11 septembre 2001, il n’est pas d’attentat terroriste sans que les coupables, sensés se cacher, ne se fasse identifier en laissant derrière eux leurs papiers d’identité. Pour le sociologue Jean-Claude Paye, l’apparente stupidité répétitive des terroristes doit être interprétée comme un artifice rhétorique du Pouvoir pour sidérer les citoyens. C’est parce que le récit officiel est absurde qu’on ne peut pas, qu’on ne doit pas le contester.

L’expérience grecque est un cas d’école. Les États-Unis, qui ont imposé leur politique à la fois à Bruxelles, à Berlin et à Athènes, ont pu y tester la manière de paralyser une opposition populaire massive par l’emploi de la « double pensée ». Il reste maintenant à propager le sentiment d’impuissance obtenu dans le reste de l’Europe pour rendre possible le rattachement de la zone euro à la zone dollar dans un unique grand marché transatlantique.

Un internaute ne peut connaître à l’avance le contenu d’une page internet qu’il consulte. Il n’existe pas de définition neutre du « terrorisme ». Pourtant, en France, les nouvelles disposition législatives anti-terroristes criminalisent le fait de consulter des pages qu’un magistrat pourrait considérer comme faisant l’apologie du terrorisme.
Au-delà de la propagande : l’invraisemblance
Discours de la guerre et double pensée, l’exemple de la Syriepar
Jean-Claude Paye, Tülay Umay

Revenant sur l’accusation énoncée contre la République syrienne d’avoir utilisé des armes chimiques contre son propre peuple, les sociologues Jean-Claude Paye et Tülay Umay relèvent les contradictions volontaires du discours atlantiste : deux affirmations contradictoires sont lancées au même moment par la même source, tandis que les faits sont transformés en un degré de certitude. L’auditeur n’a alors plus aucun moyen de contester le discours officiel, sauf à se révolter contre la mauvaise foi de ses propres autorités.

C’est avec une grande hypocrisie que les gouvernements européens prétendent avoir donné un mandat à la Commission européenne pour négocier le Partenariat transatlantique avec Washington dans le respect du droit européen. En réalité, comme lors des précédents de Swift, des données relatives aux passagers aériens et de la lutte contre la fraude fiscale, la Commission a instruction de suspendre les lois européennes dans les relations avec les États-Unis. Dès lors, la négociation revient à déterminer les domaines dans lesquels les Européens ne seront plus protégés par leurs États.
Loi de programmation militaire
L’État français est-il en guerre contre les Français ?par
Jean-Claude Paye

La loi de programmation militaire française étend les pouvoirs des Armées à la « la prévention de la criminalité ». Ce faisant, elle abroge, sur le modèle de ce qu’ont fait les États-Unis après le 11-Septembre, la distinction classique entre défense et sécurité intérieure, entre armée et police. Du coup, elle soumet les citoyens français à un régime de surveillance autrefois réservé à des agents d’une puissance étrangère.
Prévention ou surveillance ?
Une nouvelle loi antiterroriste comme réminiscence de l’affaire Merahpar
Jean-Claude Paye

Le législateur français marcherait-il de plus en plus vite sur les traces de ses homologues états-uniens en matière de limitation des libertés, et même de surveillance généralisée des comportements jugés « non conventionnels » ? Le sociologue Jean-Claude Paye analyse ici le projet de loi sur la sécurité et le terrorisme adopté par l’Assemblée nationale le 12 décembre 2012, sous proposition du ministre socialiste Manuel Valls.
Suspension des Droits fondamentaux
Bush, Obama : le changement dans la continuitépar
Jean-Claude Paye

Loin d’avoir opéré une rupture avec son prédécesseur républicain, le président démocrate Barack Obama a renforcé les lois d’exception qu’il avait critiqué lorsqu’il était sénateur. Il est désormais possible de priver un citoyen états-unien de ses droits fondamentaux parce qu’il a pris part à une action armée contre son pays, mais aussi lorsqu’il a pris une position politique favorable à ceux qui résistent militairement à l’Empire. Pire : Barack Obama a fait inscrire dans la loi la « théorie de l’Exécutif unifié » de John Yoo qui met fin aux principes de séparation des pouvoirs énoncés par Montesquieu. Désormais la politique sécuritaire du président des États-Unis échappe à tout contrôle.
L’affaire Merah (4/4)
Le changement en se taisant : la parole confisquéepar
Jean-Claude Paye, Tülay Umay

Dans le quatrième et dernier volet de leur étude sur l’affaire Mohammed Merah, les sociologues Jean-Claude Paye et Tülay Umay décrivent la manière dont l’État interdit de questionner l’incohérence de sa version. Ils montrent également comment, dans un retournement du sens, l’État parvient à utiliser ses propres incohérences pour justifier de nouvelles restrictions des libertés publiques. Au delà du cas d’espèce, le lecteur trouvera dans cette analyse des outils critiques et une méthode applicables à bien d’autres affaires politico-médiatiques.
L’affaire Merah (3/4)
Donner du sens au non sens : le discours des « petits maîtres »par
Jean-Claude Paye, Tülay Umay

Les différents commentateurs, que se soit pour appuyer directement le discours officiel ou pour communiquer leur malaise à propos de ce qui était signifié, n’ont pas parlé de l’affaire elle-même, mais seulement de la personne de Merah, de son intentionnalité supposée. A aucun moment, il n’a été question d’analyser ou de questionner le non-sens de ce qui était exhibé. Au contraire, la responsabilité de l’accusé s’est imposée comme une évidence. Ils ont exposé l’intentionnalité de l’accusé, le sens déjà donné, sans expliquer les faits.
Nous sommes ainsi placés dans un discours de re-sacralisation qui n’intègre aucune négativité. Cette procédure langagière, propre à la post-modernité, annule toute parole en lui substituant un fétiche. Elle supprime toute opposition au profit d’une simple concurrence entre les différents protagonistes, d’une rivalité dans (...)
L’affaire Merah (2/4)
Un effet de sidération : de la donation de sens au non senspar
Jean-Claude Paye, Tülay Umay

Si les attentats du 11 septembre sont une donation de sens -celui de la guerre des civilisations- les attentats de Toulouse et de Mautaubant donnent à voir un pas-de-sens. La stupeur que provoque cette affaire réside moins dans le caractère violent de l’évènement que dans la manifestation de toute puissance du pouvoir, celle de tout faire et de le montrer. C’est cette spécificité que les commentaires interdisent d’analyser en produisant du sacré, en donnant la primauté au sens, celui de la guerre du bien contre le mal. Tout ce qui pose un questionnement est traité comme profanation des victimes et comme « complotiste », c’est à dire comme profanation du pouvoir.

Les sociologues Tülay Umay et Jean-Claude Paye se penchent ici sur deux affaires symptomatiques du mode de contrôle des opinions en système post-démocratique. Du 11 septembre à l’affaire Merah, en passant par le traitement médiatique de la guerre contre la Syrie, les populations des pays occidentaux sont sommées d’adhérer sans réserve à la version des événements voulue par la classe dominante. Les images se bousculent, les experts se succèdent, les articles s’accumulent, alors il faut croire et consentir. Parce que le pouvoir réside dans la capacité à imposer les mensonges qui nous arrangent, les morts médiatiques de Ben Laden et de Mohamed Merah ne sont pas tant des opérations d’influence que de brutales démonstrations de puissance, des injonctions à se soumettre.

Anders Behring Breivik, l’auteur des attentats d’Oslo, ne présente pas les symptômes d’une soudaine folie ou d’une pathologie extraordinaire. Probablement comme Mohamed Merah, l’auteur des tueries de Montauban et Toulouse, il n’a pas succombé à un trouble mental, mais a simplement pris au sérieux le discours politico-médiatique du « clash des civilisations ». Tous deux ont cru ce qu’on leur disait, se sont positionnés dans ce conflit imaginaire, et ont voulu avec courage y prendre leur place. Pour Jean-Claude Paye, ce n’est pas tant le tueur de masse post-moderne qui est malade, c’est la société qui a validé la rhétorique néoconservatrice à travers les guerres impériales et les lois sécuritaires qui doit d’abord retrouver la raison.
Le lynchage de Kadhafi
L’image du sacrifice humain et le retour à la barbariepar
Jean-Claude Paye, Tülay Umay

L’exhibition des images du lynchage de Mouammar Kadhafi rend nos sociétés transparentes. Elles pétrifient et nous demandent de déposer les armes. Ce sacrifice traduit un retour vers une société matriarcale, vers un « état de nature ». En nous fixant dans une violence sacralisée, ces images nous révèlent que l’Empire étasunien constitue une régression inédite dans l’histoire de l’humanité. Elles attestent que l’objectif de cette guerre n’est pas seulement la conquête d’un objet, le pillage du pétrole ou des avoirs libyens, mais aussi, comme dans les croisades, la destruction d’un ordre symbolique, au profit d’une pure machine de jouissance, d’un capitalisme déchaîné.

La dernière loi psychiatrique française, le rapport de l’Assemblée nationale sur la prostitution, tout comme le développement des suicides dans l’entreprise, dévoilent l’existence d’un pouvoir maternant avec lequel les individus entretiennent une relation fusionnelle. Nous ne sommes plus dans un société de surveillance. Il ne s’agit plus de contrôler et de modeler les corps, afin de les rendre aptes à la machine économique, mais de s’attaquer à leur être même en fixant les modalités de jouissance des individus.

L’extradition par la France d’une de ses ressortissantes, la militante basque Aurore Martin, dépasse largement le cadre de la solidarité des autorités françaises avec la lutte de leurs homologues espagnoles contre le nationalisme basque. Il s’agit d’une attaque frontale contre les libertés politiques de l’ensemble des citoyens français. La manière dont ce mandat d’arrêt est rédigé fait que la France pourrait remettre, à la justice d’un autre pays membre de l’UE, tout ressortissant français dont l’activité politique légale pourrait déplaire au gouvernement européen concerné.

La « guerre humanitaire », telle que nous la voyons se développer du Kosovo à la Libye, s’accompagne d’une rhétorique toujours plus sophistiquée selon laquelle l’OTAN agirait au nom de victimes qui ne peuvent elles-mêmes agir. Selon les sociologues Jean-Claude Paye et Tülay Umay, ce discours correspond à une évolution profonde des mentalités européennes pour qui le culte de la souffrance l’emporte sur la compréhension de la réalité politique. Il en résulte une forme de droit, national ou international, qui ne cherche plus à stopper la spirale de la violence, mais qui au contraire la nourrit.
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