Mikhail Khodorkovsky, dans une tribune publiée en russe par Viedomosti et en anglais par le Moscow Times, bat sa coulpe. Il observe que les partis libéraux qu’il a soutenus ne sont pas crédibles, que les oligarques dont il a fait partie ont vécu dans un luxe provoquant et, qu’en définitive, Vladimir V. Poutine est encore le moins mauvais des défenseurs des libertés. On objectera que ce long article a été écrit au fond d’une cellule du centre de détention provisoire n°4 et qu’il n’est donc pas forcément la manifestation d’une expression libre. D’autant que les avocats suisses de Mikhail Khodorkovsky nous ont invités à une conférence de presse impromptue à Genève pour dénoncer les pressions exercées sur leur client.
Autre publication étrange : le colonel Mohammed el-Ghanam brocarde une fois de plus le régime d’Hosni Moubarak. Il assure dans l’International Herald Tribune que les abus de la dictature égyptienne sont la source locale du terrorisme et se félicite donc du projet états-unien de démocratisation du « grand Moyen-Orient ». Le lecteur s’interrogera cependant avec perplexité sur la dénonciation des arrestations arbitraires et de la torture par un officier qui était encore, il y a cinq ans, ministre de l’Intérieur et à ce titre coresponsable des crimes qu’il atteste.

François Crémieux déplore dans Le Monde les dernières violences aux Kosovo. Il en impute la responsabilité aux Albanais et aux Serbes qu’il renvoie dos-à-dos. Selon lui, la seule solution est de transférer le pouvoir aux Albanais, qui sont ultra-majoritaires, comme souhaitait le faire le docteur Kouchner. Un point de vue qui revient à préconiser une « démocratie ethnique ».
Borut Grgic du CSIS considère, quand à lui, que le problème du Kosovo ne peut être réglé qu’en prenant en compte le contexte général des Balkans, sans pour autant globaliser la solution. Chaque État et chaque province mérite une solution appropriée, souligne-t-il dans Gulf News. Un point de vue qui, implicitement, ouvre la voie à une modification des frontières, qu’il s’agisse de l’indépendance du Kosovo ou de son rattachement à l’Albanie.

Le sociologue Amitai Etzioni remarque que les populations des pays libérés sont bien incapables d’assumer leurs nouvelles libertés. Certains s’enfoncent dans des comportements déviants et antisociaux, tandis que d’autres, par réaction, en viennent à regretter les anciennes dictatures. La libération doit donc s’accompagner d’un contrôle social accru lequel ne peut être mis en œuvre que par les Églises, poursuit-il dans le Christian Science Monitor. C’est pourquoi, il ne faut surtout pas déparer les Églises de l’État dans ces pays. Cette analyse cynique a le mérite de la clarté : elle assimile sans détour les Églises à des polices du comportement.

Enfin, l’ancien ministre de l’Environnement Yves Cochet alerte les lecteurs français sur les conséquences de la réduction prévisible de l’offre pétrolière. Dans Le Monde, il souligne que seule une internationalisation de la gestion des ressources pétrolières peut éviter la multiplication de conflits armés et l’effondrement des économies des pays qui seront exclus les premiers de l’accès à l’énergie.