Moqtada al-Sadr est le dernier des dirigeants de faction irakienne à être présenté par Washington comme tentant de saper leurs efforts pour construire un Irak libéré et démocratique. Il suit ainsi Saddam Hussein et ses fils, des dirigeants d’Al Qaïda ou des « terroristes étrangers » dans la liste des opposants à la politique états-unienne en Irak. Ce dirigeant soi-disant « non représentatif » à la tête d’une petite faction chiite parvient à être actif dans les 18 gouvernorats et met à mal les 160 000 soldats hautement équipés et entraînés de la coalition.
Pour les aider, les soldats de la Coalition font eux aussi appel à des « combattants étrangers » : des mercenaires. Le Pentagone applique la tactique d’assassinats ciblés qui avait fait 41 000 morts au Vietnam et qu’Ariel Sharon mène aujourd’hui contre les Palestiniens. Cette tactique inclut la torture des prisonniers.
Les Irakiens s’opposaient à Saddam Hussein, mais ne voulaient pas de la tyrannie de l’occupant. L’invasion apparaît de plus en plus pour ce qu’elle est vraiment : une aventure coloniale. En réalité, la plupart des Irakiens étaient opposés à l’invasion, mais il a fallu 12 mois aux médias occidentaux pour s’en rendre compte. Les Irakiens se disent à présent que la voie pacifique pour chasser l’occupant ne mène nulle part. Ils ont bien noté que le texte constitutionnel adopté a laissé le pays aux mains des États-Unis. Même si les Irakiens n’apprécient pas le programme de Sadr vis-à-vis des femmes et des Kurdes, il devient de plus en plus populaire.

Source
The Age (Australie)

« Now for the truth about Iraq », par Sami Ramadani, The Age, 10 avril 2004.