Aujourd’hui, près de 40 millions d’hommes et de femmes sont séropositifs dans le monde et 25 millions sont déjà morts du sida. Le monde semble avoir enfin pris la mesure de cette crise, mais pourtant 14 000 personnes sont infectées tous les jours. La moitié sont des enfants ou des jeunes, de plus en plus souvent d’Europe de l’Est ou d’Asie.
Alors que le sida est évitable, il devient un lent séisme si on y laisse cours et il menace la stabilité des économies et des sociétés. Depuis la création d’Onusida en 1996, l’investissement mondial pour la lutte contre le sida a été multiplié par 15. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la Banque mondiale ont accrus leurs contributions, tant bilatérales que multilatérales. Récemment, le plan d’urgence du président Bush a offert 15 millions de dollars sur cinq ans à cette lutte. Cette aide est bienvenue, mais il faut faire davantage. C’est pourquoi Tony Blair a appelé à une meilleure coordination.
Aujourd’hui, nous avons les compétences et la science pour arrêter le sida. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une volonté politique et d’une unité. Nous venons d’organiser à Washington un rassemblement des pays donateurs avec des ministres des pays en voie de développement sur le thème de la lutte contre le sida. Nous nous sommes mis d’accord sur trois principes qui s’appuient sur les enseignements tirés de deux décennies de guerre au sida. Pour combattre efficacement le sida, nous devons diminuer la place de la bureaucratie dans les organisme luttant contre la maladie afin de libérer les énergies. À Washington, nous avons mis en place une stratégie simple qui ne doit pas devenir un approche unique et doit s’adapter aux différents pays. Il faut joindre nos efforts.

Source
Le Monde (France)

« Sida, la bataille que nous n’avons pas le droit de perdre », par Peter Piot, Hilary Benn et Randall Tobias, Le Monde, 6 mai 2004.