John Ashcroft a récemment témoigné que George W. Bush n’avait donné aucun ordre direct autorisant les pratiques photographiées à Abu Ghraib. Ce discours a pour but de mettre le président hors de cause, mais il soulève une question : quelles sont les techniques d’interrogatoires autorisées par l’administration Bush ?
Ces dénégations en bloc ne permettent pas de savoir ce qui est permis. Une codification de la torture serait controversée, mais permettrait de préciser les comportements que l’administration Bush veut interdire et ceux qu’elle autorise. Israël est la seule démocratie au monde à avoir réalisé cette codification. Jusqu’en 1999, Israël niait l’utiliser, mais la pratiquait officieusement, comme beaucoup d’États. Cette année-là, les responsables israéliens ont décidé de codifier ce qui était permis et ce qui ne l’était pas. Les « pressions physiques modérées » furent alors autorisées dans les cas spécifiques, notamment celui de « bombes à retardement » où l’obtention d’information est essentiel. Toutefois, la même année, la Cour suprême israélienne a interdit ces pratiques même si elle laissa une petite marge, en cas d’urgence.
Cela a clarifié la situation en Israël et c’est également ce que devrait faire la Cour suprême des États-Unis. Cette clarification doit être effectuée en gardant à l’esprit que le cinquième amendement et le huitième amendement n’interdisent pas formellement la torture. Nous avons besoin d’un vrai débat sur la torture.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Stop Winking at Torture and Codify It », par Alan M. Dershowitz, Los Angeles Times, 13 juin 2004.