Bien que George W. Bush, Iyad Allaoui et les dirigeants chiites insistent pour que les élections nationales irakiennes aient bien lieu le 30 janvier, il y a de bonnes raisons de les repousser. Tout d’abord, la plupart des dirigeants arabes sunnites demandent à leurs partisans de les boycotter et les insurgés sunnites, même après avoir perdu à Fallouja, peuvent toujours organiser des attaques partout dans le triangle sunnite pour perturber les élections. Or, si beaucoup s’abstiennent, cela minera la légitimité du nouveau gouvernement irakien. En privé, peu à Washington et Bagdad pensent que les élections pourront avoir lieu dans deux mois. Repousser les élections seraient mauvais, mais les organiser en l’état serait pire.
Le but de cette élection est de choisir une assemblée nationale pour écrire une constitution permanente et établir un gouvernement avec une légitimité, mais le système électoral mis en place par l’ONU exige une participation équivalente de tous les groupes de la population sous peine d’entraîner une sous-représentation d’un groupe donné. Dans la configuration actuelle, les chiites seraient sur-représentés, ce que refuseront les sunnites et les Kurdes (ces derniers étant tournés vers l’Occident quand les chiites sont tournés vers l’Iran). En fait, les chiites auront l’autorité démocratique, mais seront incapables de l’appliquer hors de leur région.
L’Irak n’est pas une nation et la seule façon de faire est de mettre en place une confédération. Il faut repousser les élections nationales et organiser des élections locales là où ce sera possible.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Why Jan. 30 Won’t Work », par Peter W. Galbraith et Leslie H. Gelb, Los Angeles Times, 3 décembre 2004.