Ces derniers jours, Washington est parcouru par des rumeurs sur la possibilité d’une attaque états-unienne contre la Syrie et/ou l’Iran. Difficile de savoir cependant si ces rumeurs ne font pas partie d’un plan de guerre psychologique visant à isoler le champ de bataille irakien de ses voisins. Toutefois, selon une source de l’US National War College, une frappe contre la Syrie aurait pu avoir lieu, il y a un mois sans les objections de l’US Army.
Une future attaque prendrait sans doute la forme de frappes aériennes ou navales, mais pas terrestres. La Syrie est accusée d’aider l’insurrection en Irak et de soutenir le Hamas et le Hezbollah, l’Iran d’interagir en Irak et de développer un programme nucléaire. Les récentes déclarations sur des frappes peuvent aussi s’expliquer par les tensions entre agences états-uniennes. Les néo-conservateurs espèrent sans doute qu’en insistant sur des guerres contre ces pays, ils empêchent Condoleezza Rice de changer la politique dans la région une fois qu’elle sera entrée en fonction. La rhétorique qu’elle a employé devant le Sénat a dû les rassurer, mais pas les passages où elle affirme vouloir une relance du processus de paix israélo-palestinien (ce qui est vu comme une annonce de demande d’abandon de territoires par Israël) ou les rumeurs sur un souhait de rapprochement avec les Européens. Toutefois, les néo-conservateurs autour de Dick Cheney et Donald Rumsfeld sont restés en place malgré l’Irak et les think tank de droite de Washington gardent leur influence alors qu’ils vocifèrent leur propagande contre l’Iran et la Syrie. Jusqu’ici, on affirmait que les États-Unis étaient trop occupés en Irak pour mener de nouvelles guerres, aujourd’hui on affirme que la victoire en Irak passe par l’Iran et la Syrie.
Hormis un petit groupe de responsables à Téhéran, personne ne sait les intentions exactes de l’Iran concernant son programme nucléaire. Sa politique a la même opacité que celle d’Israël dans les années 60. L’Iran n’a aucune chance dans une guerre conventionnelle contre les Etats-Unis, mais une attaque contre ce pays pourrait provoquer une réaction de résistance dangereuse pour les États-Unis et Israël. Aujourd’hui, Douglas J. Feith étudie les cibles iraniennes avec les officiers israéliens et Israël et les États-Unis font pression sur la Russie pour qu’elle ne vende pas d’armes à la Syrie.
George W. Bush l’a affirmé lui même : les États-Unis ne quitteront pas l’Irak avant longtemps puisqu’il assimile son élection à un vote de confiance sur ce thème. Il continue avec ses slogans sur la guerre au terrorisme et la construction de la démocratie, formules simplistes qui prétendent empêcher un nouveau 11 septembre et assurer une domination états-uniennes à long terme sur le pétrole arabe.

Source
Gulf News (Émirats arabes unis)
Gulf News est le principal quotidien consacré à l’ensemble du Golfe arabo-persique, diffusé à plus de 90 000 exemplaires. Rédigé à Dubaï en langue anglaise, il est principalement lu par la trés importante communauté étrangère vivant dans la région.

« America on the war path with sights set on Syria and Iran », par Patrick Seale, Gulf News, 21 janvier 2005.
« Syria, Iran, everyone is in Bush’s crosshairs », Daily Star, 22 janvier 2005
« America on the War Path », Dar Al Hayat, 24 janvier 2005.