La situation interne de l’Azerbaïdjan est tendue en ce moment en raison de l’approche des élections législatives. On a l’impression que les différentes forces politiques du pays sont en train de se jauger pour voir qui est le plus fort. La pression des organisations internationales sur le pouvoir continue comme avant, la différence c’est qu’elles ne fermeront pas les yeux comme auparavant. Elles ne veulent plus des caprices du pouvoir. Le monde a changé et l’Azerbaïdjan ne peut pas rester étranger au processus de démocratisation. La marche vers la démocratie a commencé sous le patronage des États-Unis. Les histoires de stabilité invoquées par le pouvoir azéri depuis des années ne suffiront plus, Condoleezza Rice a insisté sur le fait que les États-Unis ne sont plus prêts à échanger la stabilité contre la démocratie. Les États-Unis mettent actuellement en place un système global de sécurité et sans démocratie, ce système ne verra pas le jour. Je ne pense pas que le pouvoir azéri soit assez stupide pour ne pas saisir la gravité de la situation dans le monde. Je me rendrai bientôt aux Etats-unis pour éclaircir cette situation.
Tout va dépendre de l’attitude du pouvoir pendant ces élections. Si une situation révolutionnaire se crée, je serai à nouveau du côté du peuple. Cela est évitable si les élections ont lieu normalement. Je pense que les précédents échecs en Azerbaïdjan étaient dus à l’absence d’opposition au sein même de l’élite dirigeante. Il y a des gens dans cette élite qui jugent que les réformes sont indispensables. Tant qu’ils se contentent de parler on ne fait pas attention à eux, mais s’ils montrent les dents, alors on leur accordera de l’intérêt. Sans division au sein des élites, il n’y aurait pas eu de révolution de velours en Géorgie ni en Ukraine. J’ai entendu dire que le ministre du développement économique Farkhad Aliev voulait endosser le maillot de démocrate et d’opposant et rééditer l’exploit de Yushchenko et Saakashvili. Je ne sais pas si c’est vrai mais un homme qui a raté les privatisations et qui est impliqué dans la corruption ne peut pas être à la tête du peuple.
J’ai choisi le bloc « Yes » car il est représentatif de toutes les couches de la société. Je suis toujours d’avis que toutes les forces d’opposition du pays doivent s’unir pour les législatives. La commission électorale est à l’origine des fraudes qui ont eu lieu lors des précédentes élections, elle doit être remplacée. Malheureusement le pouvoir ne veut faire aucun compromis dans ce domaine.
Je pronostique un soulèvement dans le pays. Nous sommes pour le respect de la loi par toutes les parties. Nous devons rester dans le cadre constitutionnel, c’est une responsabilité envers le pays et le peuple. Je pense que le chef du gouvernement ne contrôle ni la situation ni dans le pays ni dans son équipe, chacun de ses ministres se prend pour le président. Si le président prend ses fonctions au sérieux, il doit commencer des réformes et se séparer de membres corrompus de son entourage. Je ne vois rien de tel pour l’instant.

Source
Gazeta SNG (Fédération de Russie)
Gazeta SNG est un quotidien en ligne russophone.

« Пока не произойдет разделение внутри самой правящей элиты, шансы на приход к власти с улицы ничтожно малы », par Etibar Mamedov,Gazeta SNG, 24 juin 23005. Ce texte est adapté d’une interview.