« Un nouveau nouvel ordre mondial »

A new new world order
The Globe and mail (Canada)

[AUTEUR] Brian Mulroney est ancien Premier ministre du Canada (1984-1993). Cette tribune est adaptée d’un discours prononcé lundi soir à la George Bush Presidential Library Foundation de College Station au Texas.

[RESUME] Le monde a changé le 11 septembre 2001. Aujourd’hui, la politique états-unienne consiste à s’assurer que de tels attentats n’arriveront plus jamais. C’est pour faire face à cette nouvelle réalité qu’a été conçue la doctrine des frappes préventives : si les États-Unis ont les preuves qu’un pays prépare une attaque contre eux ou leurs alliés ou qu’il abrite des terroristes qui préparent une attaque contre eux ou leurs alliés, alors les États-Unis, avec ou sans le soutien de l’ONU agiront pour renverser le gouvernement de ce pays. Je ne suis pas choqué par cette doctrine, mais je pense que les États-Unis ne devraient pas prendre leurs décisions seuls et devrait plutôt établir un dialogue avec les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU pour délimiter les conditions d’application de cette doctrine.
L’Histoire démontre que l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU n’a jamais été une sacro-sainte pré-condition à l’action contre un État hostile (comme l’a prouvé l’attaque contre la Serbie). Déjà il y a 12 ans, j’avais affirmé qu’il faudrait redéfinir le principe de souveraineté nationale en le rendant inférieur à la défense des valeurs. Je ne suis cependant pas un partisan de l’unilatéralisme. Je crois qu’un monde unipolaire est instable. La situation actuelle en Irak montre que les États-Unis ont besoin d’alliés. Depuis l’effondrement de l’URSS, les États-Unis et leurs alliés se battent pour construire un nouvel ordre mondial. Les États-Unis ne peuvent pas tout faire tout seul et leurs alliés doivent relancer le partenariat international pour que nous nous attaquions ensemble au terrorisme.
Aujourd’hui, l’ONU est comme un shérif sans force de police et son système de prise de décision date d’un autre âge. Les États-Unis doivent donc initier la rédaction d’une nouvelle charte de San Francisco. Seuls les États-Unis et leurs alliés ont la puissance économique et militaire et la volonté d’assumer les tâches nécessaires à la défense de la liberté.

« N’envoyez pas de troupes turques en Irak »

Don’t send Turkish troops to Iraq
Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] David L. Phillips est directeur adjoint du Center for Preventive Action du Council on Foreign Relations à New York et conseiller au département d’État des États-Unis. Avant guerre, il a assisté le groupe de travail sur les principes démocratiques de l’opposition irakienne. Il est membre du Preventive Diplomacy Program du Center for Strategic and International Studies.

[RESUME] L’attentat à la bombe contre l’ambassade de Turquie à Bagdad souligne la virulente opposition des Irakiens au déploiement de troupes turques dans leur pays. Bien que le Pentagone diversifie ses forces de maintien de la paix, il doit réussir l’équilibre entre la nécessaire rotation des troupes en Irak et l’impératif de renforcer la gouvernance irakienne. Or, accepter des troupes turques malgré l’opposition unanime du Conseil de gouvernement irakien sape son autorité alors que les États-Unis ont besoin de restaurer la souveraineté de l’Irak.
Les Irakiens se méfient de l’héritier de l’empire ottoman et les Kurdes accusent Ankara de vouloir s’attaquer aux développement démocratique dans le nord de l’Irak. La Turquie craint en effet l’indépendance du Kurdistan irakien qui pourrait pousser le Kurdistan turc à s’engager sur cette voie. Les tensions se sont aggravées depuis la guerre et les États-Unis ont accusé Ankara de soutenir les milices turkmènes et ont arrêté 11 hommes des forces spéciales turques à Kirkuk, accusés de vouloir assassiner un haut responsable kurde.
Aujourd’hui, les États-Unis et la Turquie discutent du déploiement de 10 000 hommes en Irak. Le Pentagone pense qu’il suffit de ne pas déployer ces troupes au Kurdistan, mais au vu du passé, même les Irakiens du triangle sunnite ne font pas confiance aux Turcs. Ils ne croient pas qu’Ankara envoie des troupes pour sécuriser le pays. La présence de ces troupes ne peut donc qu’encourager le ressentiment.

« Révélation totale sur les fuites »

Full Disclosure on Leaks
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Robert Booth a été agent spécial du le département d’État pendant 29 ans. Il est en train d’écrire un livre sur les fuites et les révélations non autorisées.

[RESUME] Le gouvernement fédéral produit chaque jour des secrets. Quand ils sont révélés, on parle de fuites, même si ce terme recoupe des révélations très différentes selon leurs motifs et leurs conséquences. Il faut tout d’abord noter que quand un employé gouvernemental a accès à des informations en lien avec la sécurité nationale, il doit promettre de ne jamais les révéler sous peine d’être jugé. Cela n’empêche toutefois pas les fuites d’être constantes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Il existe différents type de fuite :
 Les fuites autorisées et mises en scène par le gouvernement. Elle ont pour but de communiquer la position du gouvernement sur un certain nombre de question sans avoir à faire de communiqué officiel et d’influencer l’opinion publique.
 Les fuites non-autorisées par un individu à l’intérieur de l’administration qui fait des révélations en lien avec des éléments sensibles, mais n’ayant pas de liens avec la sécurité nationale. D’après Stuart Eizenstat, ancien sous-secrétaire d’État et vice secrétaire au Trésor, ce type de révélation a mis à mal les négociations entre les États-Unis, l’Allemagne et la Suisse sur les compensations pour les juifs victimes des nazis.
 Les fuites non-autorisées en lien avec la sécurité nationale. C’est la plus grave des révélations et l’éditorial de Robert Novak sur l’appartenance de la femme de Joseph C. Wilson à la CIA en fait partie.
Ce type de fuite a pour but de saper le travail du gouvernement ou de faire taire une critique. Toute révélation non autorisée est faite par des gens qui veulent influencer les évènements ou les opinions. On ignore encore ce que cet éditorial fera comme dommage, mais on sait en revanche qu’il y aura toujours des fuites et que les personnes qui substituent leur jugement personnel à leur serment entraînent les États-Unis sur une mauvaise pente.

« Le Hamas obtient un Fulbright »

Hamas gets a Fulbright
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEURS] [Daniel Pipes] est membre de l’US Institute of Peace. Il est directeur du Middle East Forum et auteur de Militant Islam Reaches America. Il est collaborateur de Benador Associates et a fondé Campus Watch, une organisation dont le but est de soutenir la vision néo-conservatrice du Proche-Orient dans les universités états-uniennes. Voir à ce sujet, l’investigation du Réseau Voltaire : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ». Il a récemment participé au sommet de Jerusalem. Asaf Romirowsky est ancien officier de liaison international dans l’armée israélienne et ancien officier de liaison réserviste avec la Jordanie. Il est chercheur au Middle East Forum.

[RESUME] Le meurtre de trois Américains par des terroristes Palestiniens dans les territoires a quelque chose d’ironique : ils étaient tous trois membres du service de sécurité d’un comité universitaire qui venait de rencontrer des Palestiniens bénéficiant du programme Fulbright, un programme d’échange universitaire financé par le gouvernement états-unien. Les trois ont donc été tués par des Palestiniens alors qu’ils étaient venus aider des Palestiniens. L’ironie est encore plus criante quand on sait qu’un des bénéficiaires du programme, Mustafa Abus Sway est un universitaire reconnu, mais aussi un activiste du Hamas selon Israël. Comment a-t-il pu être intégré au programme et comment les contribuables américains ont-ils été trompés ? Le programme Fulbright, du nom d’un sénateur démocrate de l’Arkansas, a pour but de soutenir la connaissance, la raison et la compassion pour parvenir à la paix entre nations, alors que le Hamas a pour but la destruction d’Israël.
Avec ce programme, le département d’État a donc financé un homme appartenant à une organisation qu’il a lui-même classé comme terroriste et la Florida Atlantic University l’a engagé. Ces deux institution doivent faire face au problème, comprendre d’où vient l’erreur et mener une politique qui empêchera que cela se reproduise. En effet, ce n’est malheureusement pas un cas isolé et cela pointe un autre problème : la tolérance vis-à-vis des liens avec les terroristes dans le champ des études moyen-orientales.

« En finir avec les diamants qui tuent »

Cutting out the diamonds that kill
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Wilfred Mlay dirige les opérations africaines pour World Vision, une organisation humanitaire chrétienne.

[RESUME] La réunion internationale de Sun City en Afrique du Sud va se concentrer sur le commerce des « diamants sanglants », ou « diamants de conflits », des joyaux utilisés pour financer des guerres civiles brutales dans les pays les plus pauvres d’Afrique. Il s’agit d’une question sur laquelle les États-Unis peuvent jouer un rôle central.
Après trois ans de campagne d’une coalition regroupant des groupes de défense des droits de l’homme, des associations religieuses et humanitaires, le Congrès états-unien a enfin adopté une loi interdisant l’importation des diamants de conflits. Cette interdiction met les États-Unis en conformité avec le Kimberly Process, un accord international signé par 70 pays afin de s’assurer que les diamants importés sont légalement extraits et commercialisés. Cela nécessitera qu’aux États-Unis plusieurs départements coopèrent et cela nécessitera également une coopération internationale.
Ce sera complexe, mais nécessaire quand on voit l’impact de ces ventes au Liberia, en Sierra Leone, en Angola et surtout au Congo où les guerres financées par ces ventes ont fait 3,3 millions de morts en cinq ans. Dans tous ces pays, des groupes rebelles recrutent de forces les jeunes garçons dans leurs armées et forcent les petites filles à servir de « femmes à soldats ».
Les Américains achètent 70 % des diamants dans le monde. Si ce joyau est synonyme d’amour en Occident, il est un symbole de mort et de terreur en Afrique. C’est pourquoi, du 29 au 31 octobre, les nations devront former une coordination visant à empêcher ses ventes.