Deux ans après le conseil Russie-OTAN qui avait pour but de construire un « pont de sécurité en Europe », 47 % des Russes considèrent encore que l’OTAN est une menace pour leur sécurité nationale. Tant que le partenariat entre la Russie et l’OTAN en reste au stade des déclarations et des consultations, nous raterons les occasions pour refonder la sécurité dans toute l’Eurasie.
L’objectif premier de l’OTAN est d’empêcher tout pays, y compris la Russie, d’utiliser la force pour dominer ses voisins, mais la tâche de l’OTAN n’est pas de faire disparaître la Russie en tant que puissance économique. Si les États-Unis veulent étendre une zone de paix et de sécurité en Eurasie, l’OTAN ne peut être vue comme un moyen de mettre la Russie sur la touche. Le « Grand Jeu » pour le contrôle de l’Eurasie est terminé. La Russie n’a pas réussi à monopoliser tous les moyens de transport de matières énergétiques de la région, mais le gaz continue de passer par son territoire et elle a les moyens de ruiner tous les plans occidentaux qui ne tiendraient pas compte de ses intérêts dans la région.
La Russie continue à disposer du plus efficace des réseaux de relation. Pourquoi ne pas travailler ensemble dans la région et lier les capacités de renseignement humain des Russes à la technologie des États-Unis ? Les évènements en Géorgie montrent combien le manque de coopération peut causer de sérieuses incompréhensions alors que les États-Unis et la Russie ont tout deux intérêt à ce que la nouvelle administration parvienne à vaincre le crime organisé et les mouvements radicaux dans ce pays. C’est également ce qui se passe au Kyrgyzistan, où les Russes et les États-uniens ont des bases tous les deux alors qu’ils pourraient unifier leurs bases. L’unification des bases est un modèle qui pourrait être étendu à tous les pays de la région. Cela stabiliserait la région.

Source
International Herald Tribune (France)
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« NATO : Why not really make Russia a partner ? », par Ian Bremmer et Nikolas Gvosdev, International Herald Tribune, 22 juin 2004.