Un an après avoir été chassée d’Irak par le terrorisme, l’ONU est sur le point d’y revenir, mais a-t-elle retenu les leçons de son expérience passée ? Mark Malloch Brown, chef du programme de développement de l’ONU, a demandé à l’ONU de retrouver sa position de " neutralité " dans le monde mais malheureusement, la seule façon de retrouver une vraie position de neutralité serait d’être inactif.
Salim Lone a affirmé dans un texte paru dans The Guardian que l’ONU était devenue une cible car elle était devenue trop proche des États-Unis mais en affirmant cela il oublie de préciser un point essentiel : quelques jours avant l’attaque contre le quartier général de l’ONU, l’organisation avait demandé aux troupes de la coalition de cesser de protéger le bâtiment et c’est ce départ des troupes qui avaient permis aux assaillants de mener leur opération terroriste contre l’ONU. L’idée selon laquelle l’ONU, fondée à l’initiative des États-Unis, siégeant à New York et largement financée par les contribuables états-uniens devrait s’éloigner des États-Unis pour plaire aux Irakiens est une mauvaise idée pour trois raisons : elle postule que les terroristes représentent les Irakiens, que l’ONU doit rester neutre dans la lutte entre les forces de la coalition et les terroristes qui veulent saboter l’avenir de l’Irak, et qu’il faut que l’ONU reçoive moins de protection de la part des États-Unis que du régime de Saddam Hussein avant la guerre.
Ceux qui pensent que l’ONU devrait être neutre devraient relire la Charte des Nations Unies, un texte qui visait explicitement le combat contre le fascisme et le nazisme. Ce n’est que pendant la Guerre froide que la notion de neutralité de l’organisation est apparue pour permettre aux deux grandes puissances de continuer à dialoguer. Toutefois, cette neutralité n’est plus positive aujourd’hui, car dans la guerre au terrorisme elle empêche l’ONU d’intervenir. L’ONU aurait difficilement pu s’éloigner davantage des États-Unis qu’en refusant une protection, mais c’est à ce moment là qu’elle est devenue une cible. Il n’y a pas de place pour la neutralité en Irak aujourd’hui.

Source
International Herald Tribune (France)
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« [To do its job, the UN needs to take sides->http://www.iht.com/bin/print.php?file=535920.html », par Michael Soussan, International Herald Tribune, 27 août 2004.