Plus les grands rêves de la seule superpuissance mondiale s’effritent, plus cet empire en déclin et ses laquais donnent de la voix.
Les USA ont subi de graves défaites en une seule semaine :
• Vladimir Poutine, le président russe s’est prononcé catégoriquement, lors de sa visite en Allemagne, pour une solution négociée dans les questions litigieuses concernant le programme nucléaire de l’Iran et pour que cessent les tentatives d’exercer une pression sur ce pays, tout cela n’ayant pas de sens. Ainsi, il prit le contre-pied de la chancelière allemande Angela Merkel, qui se soumet entièrement à la ligne américaine et exigeait de renforcer les sanctions si l’Iran ne cédait pas.
• Le président russe a rendu visite à l’Iran et s’est comporté envers ce pays comme il sied dans le cadre de la communauté des Etats : avec respect et la volonté d’établir de bonnes relations de voisinage. Il a reconnu officiellement le droit de l’Iran d’utiliser l’énergie nucléaire dans des projets pacifiques.
• Les Etats limitrophes de la mer Caspienne – la Russie, l’Iran, le Kazakhstan, le Turkmenistan et l’Azerbaïdjan – ont adopté une déclaration commune dans laquelle ils assurent refuser à tout pays le droit d’utiliser leur sol comme base d’agression contre l’un d’eux. Seuls les pays limitrophes ont le droit d’exploiter les ressources de la mer Caspienne. Ils ont accordé à l’Iran, membre du Traité de non-prolifération nucléaire, le droit de mener des études nucléaires, de produire de l’énergie atomique et de l’utiliser dans des buts pacifiques, le pays ne devant pas être, de ce fait, victime de discriminations au sein de l’Agence internationale de l’énergie atomique, ni dans le cadre de ce traité.
• Le gouvernement de l’Inde a mis le traité nucléaire prévu avec les Etats-Unis dans un tiroir. C’est le résultat d’une protestation grandissante en Inde même et d’une dispute sérieuse concernant ce traité qui aurait lié les mains de l’Inde au profit des intérêts américains. Un protocole additionnel voulait même imposer à l’Inde de se soumettre entièrement à Washington dans sa politique envers l’Iran.

La chancelière allemande Merkel et les médias soumis à la ligne politique américaine montrent dans cette situation quels sont leurs maîtres. Tous leurs efforts de double-language ne servent à rien. Le site internet du gouvernement allemand continue de parler « d’un partenariat stratégique » avec la Russie. Selon les médias la chancelière s’efforcerait sans compter de poursuivre dans la voie d’une bonne relation avec la Russie. Mais la projection de la conférence de presse commune avec le président russe le 15 octobre donne une autre image : on y voit devant les pupitres et les microphones une chancelière allemande glaciale et un président russe à la mine fatiguée qui tente depuis des mois avec persévérance d’éviter une autre guerre peut-être désastreuse, mais en même temps marque une opposition et cherche des alliés de par le monde – mais se heurte au front du refus des officiels du monde occidental et tout particulièrement de l’Allemagne.

De plus, il doit se battre contre une campagne hargneuse et les tentatives de déstabilisation de ceux qui fomentent une révolte dans son propre pays.
Le quotidien britannique « Daily Mail » a rapporté le 10 octobre les dires du directeur du service secret intérieur russe, Nikolaï Patrushev, accusant le service secret britannique MI6 de vouloir influencer les élections parlementaires russes à venir : « Les agents de ce service ne se contentent pas de réunir des informations secrètes à grande échelle, mais tentent encore d’influencer le développement politique du pays ». Participeraient à ces actions aussi des agents polonais, des Etats baltes, de Géorgie, de Turquie et du Pakistan, au service de la CIA ». À cela s’ajoutent différentes ONG qui prépareraient en Russie une « révolution » comme celle d’Ukraine en 2004.

Les affirmations de Patrushev rejoignent les analyses de certains auteurs occidentaux, tel Peter Scholl-Latour qui en parle dans son livre « Russland im Zangengriff » (pour qui lit l’allemand : ISBN 3-549-07265-1), mettant les lecteurs avisés au courant.
Lors de la visite du président russe en Allemagne, les médias de masse allemands s’en sont pris à la Russie et particulièrement au président de ce pays, fait qui fut souligné par les participants du « Dialogue de Saint-Pétersbourg », forum de discussion germano-russe, qui s’est tenu, cette année, à Wiesbaden. Les participants russes ont dénoncé la « remilitarisation de la politique européenne ». Selon l’ancien président russe, Gorbatschow, l’Europe et la Russie se distancent de plus en plus, résultat de reportages tendancieux. L’un des participants a même parlé de « désinformation ciblée ».

Une personne bien informée avait, il y a déjà quelques semaines, prétendu qu’une campagne agressive de l’occident contre le président Poutine était prévue pour l’automne. N’est-ce pas ce qui se passe ? Le journal Internet Spiegel Online en a présenté un exemple le 18 octobre sur plus de trois pages. Sous le titre de « Feindschaft reloaded » (les hostilités réapparaissent) on relance les attaques dès le début du texte. On y lit : « Le président américain s’est trompé : après les attaques de septembre, Poutine passait pour un ami. Mais depuis des années, il poursuit sans désemparer une politique de puissance russe – sans tenir compte des liens personnels. On en est maintenant à redouter que cette amitié qui s’effiloche ne tourne en hostilité ouverte ». Le candidat républicain à la présidence, John McCain, aurait dit qu’il voyait dans les yeux du président russe « trois lettres : K.G.B. » La directrice du bureau moscovite de la fondation Carnegie aurait dit, selon Spiegel Online : « la relation [entre les USA et la Russie] est vraiment ébranlée ». Quelqu’un de « Hoover Institute à l’Université de Stanford » a estimé que « Bush a mal évalué Poutine. Il le prenait pour quelqu’un de bien. » Spiegel Online écrit de son côté : « Le conflit s’enfle depuis des mois ». Et ce serait Poutine et ses « provocations » qui en seraient la cause. Et le bonhomme de Stanford en rajoute : « La recherche d’un nouvel ennemi juré a changé les relations russo-américaines ». Finalement, on trouve encore un passage du président américain : « Il est particulièrement difficile de modifier l’ADN russe qui s’oriente encore vers une puissance étatique centralisée ».

Simultanément, il est question que le président américain aurait lancé un avertissement contre « une troisième guerre mondiale » si l’on n’empêchait pas l’Iran de se fournir en armes atomiques – une polémique contre les résultats de la visite du président russe en Iran !

Il y a quelques jours, un jeune Allemand désignait la chancelière Merkel comme « un laquais des Américains », après avoir suivi à la télévision, le 15 octobre, des extraits de la conférence de presse de cette dernière avec Poutine et au cours de laquelle elle s’était exprimée sur l’Iran. Il n’est pas le seul à penser ainsi.

La Russie et son président se défendent contre la volonté des Etats-Unis de dominer le monde – et ils ont de plus en plus de succès. C’est naturellement mal vu et provoque des réactions. Mais on peut prendre position dans la mesure où l’on en prend conscience et contribuer à la paix mondiale en remettant les choses en place et la prétendue puissance mondiale dans des limites raisonnables. •

Pour un résultat obtenu en commun

« Pendant les réunions avec le gouvernement iranien, nous allons certes aussi discuter du programme nucléaire iranien et à cet égard, je voudrais dire ceci : J’espère que nombreux sont ceux qui pensent comme moi qu’il y a, pour régler ce problème par des moyens pacifiques, des exemples que nous pourrons suivre. Récemment, nous avons eu, comme vous vous en souvenez certainement, des discussions très émotionnelles sur le programme nucléaire de la Corée du Nord, et aujourd’hui, on voit des évolutions positives dans la péninsule coréenne. Nous avons fait montre là-bas de patience et avons cherché graduellement des solutions. Il semble que nous soyons en train de les trouver. Nous estimons qu’il faut faire de même en ce qui concerne le programme nucléaire iranien. Faire peur aux dirigeants iraniens ou au peuple iranien, c’est sans perspective. Ils n’ont pas peur. Croyez-moi, on peut et on doit faire montre de patience, chercher une issue. Cela peut et doit marcher. Est-ce que nous pourrons faire cela sans engager le dialogue avec le peuple iranien ou son gouvernement ? Je pense que ce sera impossible ou du moins invraisemblable. Si nous avons l’occasion de continuer à établir de tels contacts directs, nous le ferons, dans l’espoir d’un résultat positif obtenu en commun et j’insiste, obtenu en commun. C’est pour ces raisons que la Russie a coopéré avec ses partenaires américains et européens et continuera à le faire pour atteindre un but commun. »

Source : Vladimir Poutine lors de la conférence de presse commune avec la Chancelière allemande Angela Merkel le 15 octobre 2007

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Une coopération multilatérale

« Nous considérons l’expansion de l’OTAN vers l’Est de façon très négative. Nous sommes d’avis que les menaces actuelles, et principalement le terrorisme international, ne peuvent pas être combattues en élargissant une organisation militaro-politique fondée pour s’opposer au Pacte de Varsovie et à l’Union sowiétique. Aujourd’hui, il n’y a plus d’Union soviétique ni de Pacte de Varsovie et pourtant non seulement l’OTAN existe encore mais elle est en expansion. Jusqu’ici, nous n’avons observé aucun indice de changement dans la doctrine de l’OTAN. Il y a eu beaucoup de rumeurs de changement mais nous n’avons pas constaté de vrais changements. Nous sommes tout particulièrement préoccupés par le fait que les infrastructures militaires se rapprochent de plus en plus de nos frontières. Nous croyons que c’est dommageable et que cela ne contribue pas à établir un climat de confiance en Europe et dans le monde. Les menaces modernes comme le terrorisme, le trafic de drogue ou le crime organisé ne peuvent pas être combattues par de telles organisations [l’OTAN, etc.]. Nous ne pouvons les combattre qu’avec des moyens modernes, par la confiance et la coopération sur une base multilatérale et non pas en formant des blocs. »

Source : Vladimir Poutine lors d’une interview accordée à l’agence de presse iranienne IRNA le 16 octobre 2007

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Déclaration finale des pays riverains de la Caspienne

« Les cinq parties coopèrent ensemble pour faire de la région de la mer Caspienne une zone de stabilité, de développement, de croissance économique durable, de bon voisinage et d’égalité des droits, pour promouvoir une coopération internationale exemplaire dans la mer Caspienne. Les cinq parties sont déterminées à développer de façon bilatérale et multilatérale leurs relations politiques, diplomatiques, commerciales, économiques scientifiques, techniques, culturelles, sociales, etc. […]
Les cinq pays riverains de la mer Caspienne se sont mis d’accord sur l’usage uniquement pacifique de la mer, et à régler tous les problèmes qui peuvent survenir dans ce domaine, uniquement par les pays limitrophes.
Les cinq parties se sont mises également d’accord sur la nécessité du renforcement de la confiance mutuelle, de la sécurité régionale, de la stabilité, et d’éviter l’usage, sous toutes ses formes, de la force militaire dans la région de la mer Caspienne.
Les cinq parties se sont engagées à ne jamais utiliser leurs forces militaires pour attaquer un autre pays limitrophe de la mer Caspienne.
Les cinq pays riverains de la mer Caspienne se sont engagés à ne jamais permettre à un pays tiers d’utiliser leur territoire pour mener des opérations militaires contre un autre pays limitrophe de la mer Caspienne. […]
Les cinq parties considèrent que le Traité de non-prolifération des armes nucléaires est l’un des piliers de la sécurité et de la stabilité à l’échelle internationale. Les cinq parties reconnaissent également le droit de tous les pays membres de ce traité à mener des activités nucléaires pacifiques, dans le cadre des mécanismes de l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA).
Les cinq parties respectent le choix des autres pays limitrophes pour leur processus de développement durable, en respectant les valeurs historiques, sociales et culturelles de chacun de ces pays, et s’opposant à l’intervention des puissances étrangères dans les affaires intérieures de chacun des pays limitrophes de la mer Caspienne.
Les cinq parties croient que conformément à la Charte des Nations Unies, la sécurité, la stabilité, la paix et le dialogue sont les conditions nécessaires des relations des pays limitrophes. »

Source : Extraits de la Déclaration finale des pays riverains de la Caspienne de Téhéran du 16/10/07.
www.voltairenet.org/article152253.html

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Le droit au nucléaire pacifique

« L’Iran et la Russie ont une très longue histoire de relations bilatérales. Notre volume des échanges commerciaux s’accroît progressivement et a atteint la barre des 2 milliards de dollars. Nous avons des domaines de coopération très intéressants et prometteurs, dont l’espace, l’aéronautique – en premier lieu l’aviation civile – l’énergie, secteur où nous sommes sans aucun doute leader mondial. Tout cela, et, bien sûr, le programme nucléaire iranien. La Russie est le seul pays à aider l’Iran à réaliser son programme nucléaire civil. En outre, le président iranien a déjà signalé que la déclaration que nous avons signée hier relève le fait que les pays riverains de la Caspienne ont adhéré au Traité de non-prolifération nucléaire à la condition expresse que tous nos pays aient le droit de poursuivre leurs programmes nucléaires pacifiques sans restrictions. »

Source : Vladimir Poutine, lors d’une conférence de presse après le deuxième Sommet des pays riverains de la Caspienne le 16 octobre 2007 à Téhéran