Le 8 décembre 1793, la charette emporte la comtesse du Barry à travers Paris vers la place où se dresse la guillotine. « La du Barry » ne veut pas mourir et le fait savoir. La Gazette écrit : « Elle criait si fort, dénoncait l’injustice de son sort avec tant d’ardeur, suppliait la foule horrible qui entourait l’échafaud avec des paroles si enflammées que le peuple se mit à gronder, à s’émouvoir... Le bourreau dut se dépêcher de faire son office, de peur qu’une révolte n’éclate ». Tant le tchéquiste Béria que le nazi Heydrich s’inspireront de cette anecdote pour recommander que les exécutions se fassent dans la discrétion, loin des regards et afin d’éviter les « tentations théâtrales de la victime ». « Pour qu’une exécution publique ait l’impact voulu sur les esprits des spectateurs, écrit Heydrich, il faut que la victime soit abjecte et brisée, sinon elle risque de se prendre pour Danton ou la Du Barry et de retourner l’opinion ». Béria complète l’analyse : « Un disparu, sans cadavre, sans sépulture connue, n’a aucune chance de devenir un martyr ».