« Les balles qui ont engendré l’Intifada »

The bullets that sired the intifada
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] Shlomo Gazit est l’ancien chef de la sécurité militaire israélienne et directeur du Jerusalem Post.

[RESUME] En assassinant Yitzhak Rabin, Yigal Amir a tué plus qu’un homme, il a tué le processus de paix.
Dès la fin de la guerre des 6 jours qui en avait fait un héros en Israël, Rabin avait compris la nécessité de négocier avec les Palestiniens et l’avait fait savoir. Les conditions de ces négociations furent rassemblées lorsqu’il arriva au pouvoir en Israël, après la victoire des États-Unis en Irak et la chute de l’URSS.
Les successeurs de Rabin n’ont jamais su rassurer le peuple israélien sur les négociations dans le contexte des différents attentats, ni trouver la réponse adéquate face aux extrémistes palestiniens. D’ailleurs Rabin aurait probablement désapprouvé l’exécution de certains activistes.
Ce sont les échecs des successeurs de Rabin qui ont provoqué la frustration des Palestiniens et la seconde Intifada, dont Israël est victime.

« Tuer la solution des deux États en faisant d’une pierre deux coups »

Killing the two-state solution with one stone
Gulf News (Dubaï)

[AUTEUR] Mustapha Karkouti est l’ancien président de la Foreign Press Association à Londres.

[RESUME] Ariel Sharon est en train de détruire la possibilité d’une coexistence entre deux États, l’un israélien, l’autre palestinien, au Proche-Orient, en s’attaquant à l’autorité palestinienne. S’il persévère, Israël n’aura plus que deux possibilités : continuer à occuper militairement un territoire dominé par des seigneurs de guerre hostile à Israël ou chasser la population palestinienne en réalisant un "transfert".
C’est cette dernière solution qui semble privilégiée par l’aile droite du Likoud. Elle s’appuie sur la possibilité de la restauration en Irak d’une monarchie hachémite, comme en Jordanie, après la chute de Saddam Hussein et qui pourrait dès lors accueillir la population palestinienne transférée.
Cette politique va à l’encontre des déclarations de George W. Bush et de Tony Blair souhaitant la reprise des négociation et la création d’un État palestinien. Cela n’est pas possible aujourd’hui, car Ariel Sharon a rendu tout retour à la table des négociations impossible en envahissant les territoires occupés, en y bafouant les Droits de l’homme et, finalement, en en faisant le plus grand camp de concentration du monde.

« Le prix de la stabilité »

The Price of Stability
The New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Michael O’Hanlon est associé à la Brookings Institution.

[RESUME] Il existe un débat au sein du Pentagone sur ce qu’il convient de faire de l’Irak après avoir renversé Saddam Hussein. Si certains veulent une longue occupation du pays et un protectorat militaire pour installer progressivement une démocratie, d’autres souhaitent l’installation rapide d’un gouvernement irakien actuellement en exil et le retrait rapide des troupes engagées.
Richard Perle, le président du Defense Policy Board, un groupe de conseillers du secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, défend cette position et a expliqué que les États-Unis devaient avoir la même stratégie qu’avec la Roumanie de l’après Ceaucescu.
Il n’y a pourtant rien de comparable entre un pays composant une nation unifiée, comme la Roumanie, et l’Irak où coexistent de nombreux groupes ethniques et religieux. Si les militaires quittent rapidement l’Irak , une guerre civile éclatera immanquablement.
La meilleure solution est sans doute que l’Irak soit gérée par un administrateur désigné par l’ONU, pouvant s’appuyer sur une armée internationale dont feront partie les troupes des États-Unis. Le coût de leur maintien sera fonction de la durée de l’occupation et de la rapidité avec laquelle une nouvelle administration pourra faire régner l’ordre, soit selon les différentes estimations entre 5 et 10 milliards de dollars US.
Les États-Unis n’ont toujours pas tranché ces questions et cela démontre qu’ils n’ont toujours pas compris ce qu’impliquait le renversement de Saddam Hussein.

« Commençons à honorer les reconstructeurs de nations »

Start honoring the nation-builders
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] James P. Rubin était sous secrétaire d’Etat, auprès de Madeleine K. Albright, dans l’administration Clinton.

[RESUME] Les États-Unis retrouvent l’importance du rôle de "constructeurs de nations" qu’ils avaient longtemps délaissés après leurs échecs au Vietnam et en Somalie. Le président Bush a exprimé son souhait de les voir participer activement à la reconstruction de l’Afghanistan, puis de l’Irak.
Il est cependant crucial que cet élément soit incorporé dans la machinerie de la politique étrangère des États-Unis. En effet, au Kosovo, malgré l’excellent travail effectué par les citoyens américains, volontaires ou non, la reconnaissance et l’aide de l’État tardent à venir. En Afghanistan également, après l’installation du nouveau gouvernement, le reste de l’aide nécessaire tarde à venir.

« Les périls d’un monde dominé par une seule superpuissance »

Perils of a one-superpower world
The Age (Australie)

[AUTEUR] Richard Butler est ancien président exécutif de la commission spéciale des Nations Unies sur le désarmement de l’Irak. Il est ancien ambassadeur australien à l’ONU.

[RESUME] Selon le droit international, un État ne peut en attaquer un autre qu’en légitime défense. Le principe des frappes préventives va donc à l’encontre du droit international. Néanmoins les États-Unis veulent imposer leur nouvelle doctrine à l’ONU au seul motif qu’ils sont la première puissance mondiale.
Si cette doctrine était acceptée, le monde entier serait déstabilisé. En effet, comment pourrait-on fonder un ordre international en se basant sur le seul bon vouloir d’un État ? Aujourd’hui, les USA déclarent la guerre à une nation en utilisant des arguments qu’ils n’appliquent ni aux autres, ni à eux-mêmes, selon leurs intérêts. Ainsi, l’État qui détient le plus d’armes de destruction massive au monde et qui prétend lutter contre leur prolifération va attaquer l’Irak, qui possède peut-être ce type d’arme, puis il va négocier avec la Corée du Nord qui a confirmé en détenir.
Les États-Unis affirment lutter contre le terrorisme. Or, face aux terroristes qui ne sont pas liés à des États et qui ne respectent pas le droit international, il faut précisément renforcer les structures inter étatiques sur une base légale, au contraire de ce que font les États-Unis.

« Construire des défenses pour la paix »

Building defenses of peace
The Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] Larry Seaquist est un ancien capitaine de vaisseau de l’US Navy et stratège au Pentagone. Il a été conseiller sur les approches créatives à la prévention des conflits du directeur général de l’UNESCO (1995-1999). Il est président du Strategy Group.

[RESUME] La stratégie de George W. Bush vis-à-vis de l’ONU consiste à faire valider une attaque des États-Unis contre l’Irak quand ils en auront envie. Si l’ONU n’accepte pas, les États-Unis attaqueront quand même.
Cette stratégie montre que les États-Unis n’ont pas compris le nouveau rôle de l’ONU. Aujourd’hui, les guerres n’opposent plus des armées sur des champs de bataille, mais des hommes à leurs voisins à l’intérieur d’un même État. Elles se fondent sur des oppositions entre de petits groupes armés ou sur une opposition entre une population civile et des armées. Elles ne peuvent avoir de solution militaire, uniquement des solutions diplomatiques.
L’ONU s’est concentrée sur ces questions et a apporté de nombreuses réponses grâce à ses différents organes. Elle travaille également sur la prévention de ces guerres par des initiatives diplomatiques ou des programmes éducatifs, tel l’UNESCO.
Le président Bush peut faire la guerre s’il le veut et quand il le veut, mais qu’il ne détourne pas l’ONU de la prévention des conflits en la replongeant dans la gestion d’une guerre.

« Nous avons besoin d’une stratégie politique »

We Need A Political Strategy
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Fareed Zakaria est rédacteur en chef de Newsweek International.

[RESUME] Depuis le 11 septembre 2001, Al Quaïda n’a plus attaqué d’intérêt américain, mais continue à sévir en s’en prenant à un pétrolier français au Yemen ou en posant une bombe dans une discothèque de Bali. En agissant ainsi, Ben Laden a ouvert la voie à une coopération entre les États-Unis, la France, l’Australie et l’Indonésie pour lutter contre le terrorisme. Malheureusement, si l’administration Bush a une politique militaire cohérente contre le terrorisme, elle n’a pas encore de stratégie politique internationale.
Les États-Unis ont une politique si arrogante qui irrite tant de populations de par le monde que de nombreux gouvernements refusent de l’aider par peur de déplaire à leur opinion publique

« Une nouvelle Corée du Nord ? »

A New North Korea ?
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Susan Shirk est directrice de recherche à l’University of California Institute on Global Conflict and Cooperation à San Diego.

[RESUME] La Corée du Nord est en train d’amorcer une profonde transformation économique et ne peut y parvenir sans aide extérieure. Elle réorganise son agriculture et crée des zones d’administration spéciale selon le modèle chinois.
Toutefois, la Corée du Nord n’a pas les richesses naturelles et le marché intérieur de son voisin. Elle a donc besoin de plus d’aide extérieure que la Chine.
Il faut prendre en compte ces éléments dans le traitement de la question de la menace nucléaire nord-coréenne. Les États-Unis doivent négocier un échange entre aide économique et désarmement.