« La tolérance se lie avec la tradition »

Tolerance combines with tradition
Gulf News (Dubaï)

[AUTEUR] Husain Haqqani est chercheur associé au Carnegie Endowment for International Peace. Il a été conseiller des Premiers ministres du Pakistan : Nawaz Sharif et Benazir Bhutto.

[RESUME] L’AKP, qui a gagné les élections en Turquie, est présenté par les médias comme un parti "islamiste modéré". En fait il n’est pas islamiste et il faudrait mieux le présenter comme un simple parti musulman. Sa victoire est une désillusion pour tous ceux qui aiment voir la laïcité dans les pays musulmans sous la forme de régimes anti-religieux.
La victoire de ce parti illustre le rejet par les électeurs turcs d’un système partisan inefficace et corrompu. Les élites traditionnelles de ce pays luttent contre ce nouvel adversaire en le stigmatisant comme islamiste. Pourtant l’arrivée au pouvoir de l’AKP est une chance de voir émerger enfin une laïcité normalisée en Turquie.
La laïcité se base sur l’absence de soutien de l’État à toute religion, sur un fonctionnement du système fondé sur la loi et non sur un texte sacré et par l’absence d’influence sur les comportements religieux privés. La forme de laïcité turque, fondée par Mustapha Kemal Ataturk en réaction à l’obscurantisme de l’empire ottoman, ne respectait pas ce dernier point. En effet, il est possible à une jeune musulmane d’aller voilée à l’école aux États-Unis mais pas en Turquie.
La victoire de l’AKP ouvre une alternative démocratique aux excès anti-religieux et à l’islamisme qui ont trop longtemps sévit dans les pays musulmans en se nourrissant l’un de l’autre. Elle ouvre la perspective de fonder un régime fondé à la fois sur la tolérance et sur la tradition.

« Un futur Proche-Orient intéressant à imaginer »

A Mideast future worth imagining
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Stanley A. Weiss est fondateur et président de Business Executives for National Security. Il est également membre du Rand’s Center for Middle East Public Policy et du Council on Foreign Relations. Il est ancien président de American Premier, une entreprise minière et chimique américaine.

[RESUME] On peut imaginer qu’un Irak démocratique s’allierait avec les deux seules démocraties du Proche-Orient : la Turquie et Israël. La Syrie et l’Iran seraient alors entourées par des démocraties et seraient obligées de cesser d’armer et de financer les groupes terroristes sous peine de représailles. Manquant de moyens pour financer ses activités terroristes, l’Autorité palestinienne devrait se réformer et deviendrait démocratique. Ce changement de régime permettrait à Israël de négocier avec les Palestiniens la création d’un État.
Cette nouvelle situation anéantirait la propagande grâce à laquelle tiennent les régimes dictatoriaux du Proche-Orient et des démocraties émergeraient partout dans la région. Une telle situation rassurerait les investisseurs et les touristes occidentaux qui iraient dépenser de l’argent dans ces pays, ce qui les sortirait de la misère.
C’est de ce futur dont rêve George W. Bush et il n’est pas aussi irréaliste qu’il en a l’air.
L’axe Ankara-Tel Aviv existe déjà. L’Irak, devenue une démocratie, s’alliera naturellement avec la Turquie pour éviter la création d’un État kurde et assurer la libre circulation du pétrole.
Un accord entre Bagdad et Tel Aviv sera plus difficile à obtenir mais Ahmed Chalabi de l’Iraqi National Congress a déjà rencontré des dirigeants israéliens. De plus, un Irak dépendant économiquement et militairement des États-Unis sera obligé de discuter avec Israël, comme ce fut le cas pour l’Egypte et la Jordanie par le passé. On pourrait même imaginer une coalition plus large, Israël pouvant également s’allier avec l’Inde, démocratie laïque également, afin de contenir le risque que représente le Pakistan.
L’axe Irak-Turquie-Israël est la base sur laquelle nous pouvons construire le Proche-Orient dont nous rêvons.

« Les gauchistes détournent le regard de la détresse des Irakiens »

Leftists Turn Blind Eye to Iraqis’ Plight
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Norah Vincent est écrivain et membre de la Foundation for the Defense of Democracies, un think tank néo-conservateur créé par James Woolsey après le 11 septembre.

[RESUME] Les États-Unis ne vont pas attaquer l’Irak pour des raisons humanitaires. Ils vont intervenir en raison de la possession d’armes de destruction massive par Bagdad et pour le pétrole. Dans une moindre mesure, le président George W. Bush veut également réparer l’erreur de son père.
Pour la gauche, ces raisons ne sont pas suffisante pour faire une guerre qui entraînera la mort de civils innocents. Malheureusement, ces pacifistes, pour pousser leur argumentation, vont jusqu’à nier les crimes commis par Saddam Hussein. Ainsi, pour protéger le peuple irakien, ils refusent l’usage du seul moyen de renverser son bourreau : la violence.
En effet, Saddam Hussein n’améliorera pas le sort de son peuple avec des pressions diplomatiques et la guerre est le seul moyen d’en finir avec les atrocités qu’il commet. Tout comme la gauche a refusé de voir les crimes de Joseph Staline, que Saddam admire, elle refuse de voir les vrais causes de la souffrance du peuple irakien.
Les pacifistes affirment que le peuple irakien soutient son dictateur malgré les preuves du contraire et que, secrètement, une part de la population soutient George W. Bush.

« Le renseignement aux États-Unis : voir que ce qu’on ne veut voir en Irak »

US intelligence : seeing what it wants to see in Iraq
Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] Pat M. Holt est ancien secrétaire général du Foreign Relations Committee du Sénat des États-Unis.

[RESUME] Donald Rumsfeld a décidé de créer une unité au sein du département de la Défense qui aura pour tâche d’analyser les informations données par la CIA et les autres agences de renseignements au sujet de l’Irak. Cette initiative est typique d’une administration qui n’apprécie pas que la CIA ne lui apporte pas les informations qu’elle veut entendre. Lyndon Johnson avait agi de la même façon au sujet du Vietnam.
Le gouvernement Bush a affirmé que l’Irak était en train de développer un programme nucléaire militaire et détenait des armes chimiques et biologiques. Toutefois, quand on lui a demandé les preuves de ces affirmations, il a été répondu qu’il n’était pas possible de les communiquer au grand public. Cela signifie que les agences de renseignements veulent protéger leurs sources ou que le gouvernement des États-Unis n’a aucune preuve.
Face à cette attitude, il est impossible pour le public de savoir si on ne le dupe pas. Les citoyens peuvent cependant se souvenir des affirmations des prédécesseurs de George W. Bush sur l’URSS et le Vietnam pendant la guerre froide et ce qui a été prouvé par la suite.

« Le capitalisme à la mode chinoise »

Capitalism with a Chinese flavor
Taipei Times (Taïwan)

[AUTEUR] Kenichi Ohmae, est l’un des stratèges économiques les plus respectés en Asie. Il est président de Ohmae & Associates et a conseillé de nombreux gouvernements au Japon.

[RESUME] Jiang Zemin va bientôt cesser d’être président de la Chine. Le congrès du parti communiste chinois devant désigner son successeur commence aujourd’hui. Sa dernière action sera de demander que des hommes d’affaires chinois intègrent la direction du parti communiste.
Cette requête peut paraître surprenante au pays de Mao. Mais on oublie que la Chine est aujourd’hui un paradis capitaliste pour ceux qui ont l’appui du gouvernement central. En Chine, la régulation étatique sur le marché du travail est beaucoup moins développée que celles existant en Europe ou au Japon et en Corée. La main d’œuvre est peu chère et, pour peu que l’entreprise soit dans une zone administrative spéciale, les firmes ne paient pas d’impôts.
Aujourd’hui, les entreprises chinoises se développent en suivant le modèle japonais des années 70, en ajoutant leur spécificité chinoise. Peut-être qu’un jour, ce seront les entreprises européennes ou américaines qui suivront le modèle chinois.