« Pourquoi la guerre est maintenant mise en veilleuse »

Why war is now on the back burner
The Guardian (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Dan Plesch est chercheur au Royal United Services Institute for Defence Studies et auteur de Sheriff and Outlaws in the Global Village.

[RESUME] George W. Bush veut que la guerre en Irak soit la plus proche possible de l’élection présidentielle états-unienne de 2004. Les observateurs se sont focalisés sur l’opposition entre le département d’État et le département de la Défense mais ont négligé l’influence des conseillers politiques de George W. Bush.
De même, ceux qui ont vu l’influence de Tony Blair dans l’ouverture de négociations entre les États-Unis et les autres membres du Conseil de sécurité pour obtenir une résolution sur l’Irak se sont trompés. C’est principalement la volonté de ne pas effrayer l’électorat états-unien par la possibilité d’une attaque unilatérale avant les élections de novembre qui a motivé Bush. C’est ce qu’ont bien compris beaucoup d’analystes du Parti démocrate et du Parti républicain qui estiment désormais que la guerre n’aura pas lieu tout de suite, alors que l’attaque aurait pu être entamée dès le triomphe des élections de mi-mandat obtenu.
Le processus des inspections prendra fin, en effet, à la mi-février, époque proche de la période où le climat ne permettra plus de faire la guerre. De plus, il est possible que le rapport aboutisse à une controverse durant laquelle le Royaume-Uni et les États-Unis n’auront pas le même avis que le reste du monde. Washington en profitera sans doute pour accroître la pression militaire sur l’Irak, voire occuper quelques bases irakiennes en tenant l’armée irakienne sous la menace de son aviation pour qu’elle ne bouge pas, mais Bush ne commencera pas la guerre et obtiendra un nouveau cycle d’inspection.
Quand on analyse la saga des inspections de l’ONU, il faut garder à l’esprit la devise de Ronald Reagan : il faut toujours avoir un méchant et si on a un problème, on change de sujet. Ainsi, la guerre au terrorisme est passée à la guerre en Irak et une prochaine attaque d’Al Qaïda pourrait servir de distraction des masses à l’invasion de l’Irak.

« Suivez l’argent saoudien »

Follow the Saudi Money
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] Daniel Pipes est directeur du Middle East Forum et auteur de Militant Islam Reaches America. Il a récemment fondé Campus Watch une organisation dont le but est de soutenir la vision néo-conservatrice du Proche-Orient dans les universités états-uniennes. Voir à ce sujet, la dernière investigation du Réseau Voltaire : Le Centre pour la politique de sécurité : « les marionnettistes de Washington ».

[RESUME] Les sénateurs états-uniens et l’administration Bush ont réagi très différemment à l’annonce que la princesse saoudienne Haïfa Al Faiçal avait donné plusieurs milliers de dollars à une personne en lien avec les kamikazes du 11 septembre. Cette différence de réaction illustre bien l’influence saoudienne dérivant de leur puissance financière.
Les sénateurs ont fait remarquer à juste titre que les Saoudiens finançaient depuis longtemps les fondamentalistes musulmans et que le FBI avait trop ménagé cet Etat. Pourtant les responsables de la Maison-Blanche ont, pour leur part, repris l’argumentation saoudienne selon laquelle Oussama Ben Laden a recruté des Saoudiens précisément pour semer le trouble entre les deux pays et que les dirigeants saoudiens ne financent pas le terrorisme.
L’attitude de l’exécutif états-unien n’est pas très étonnant quand on sait que l’épouse de Colin Powell et la mère de George W. Bush ont d’excellents rapports avec Haïfa Al Faiçal. De plus, depuis près de 60 ans, les responsables des administrations Républicaines ou Démocrates sont complaisants avec les dirigeants de Riyad et reçoivent en échange des sommes substantielles pendant et après qu’ils occupent leurs fonctions.
Fort heureusement, cette corruption n’atteint pas le Congrès, peut-être parce que les Saoudiens ne comprennent pas l’importance d’une assemblée élue et ne voient donc pas l’intérêt de l’acheter.
Face à cette situation, une lutte efficace contre le terrorisme passe par une nouvelle législation assurant que les anciens membres du gouvernement ne puissent pas recevoir de l’argent provenant de l’Arabie saoudite.

« Le Japon et l’Asie du Sud-Est ont besoin d’une nouvelle division des rôles »

Japan, Southeast Asia need a division of roles
Asahi Shimbun (Japon)

[AUTEUR] Hidenao Nakagawa a été secrétaire de cabinet de l’ancien Premier ministre japonais Yoshiro Mori. Il avait dû démissionner en raison de la découverte d’un adultère et de ses liens avec l’extrême droite.

[RESUME] Depuis le 11 septembre, l’administration Bush a affirmé que désormais les États-Unis seraient plus attentifs à leur intérêt national et à leurs alliances internationales. Cette nouvelle exigence a bien évidemment un impact sur le Japon, pays hôte des troupes américaines les plus nombreuses sur son sol en dehors des États-Unis. Il doit repenser son alliance avec les États-Unis en tenant compte de sa situation et de ses principes diplomatiques.
Le monde assiste aujourd’hui, au-delà des attentats du 11 septembre, à une recrudescence des attentats terroristes de Bali à Moscou. C’est pourquoi le Japon doit proposer, dans le cadre de son alliance avec Washington, de nouvelles alternatives pour organiser la sécurité de l’Asie du Sud-Est. Une stratégie régionale nécessite un redéploiement des troupes états-uniennes dans les différents pays de l’ASEAN avec l’aide financière du Japon. Pour l’instant, ces troupes sont trop centrées sur Okinawa pour pouvoir agir dans les différents Etats concernés.
Le Premier ministre Junichiro Koizumi doit organiser, avec le président Bush et les dirigeants des pays de l’Asie du Sud-Est un dialogue en ce sens.

« Le champ d’opportunité du Nigeria »

Nigeria’s window of opportunity
Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] Charles Adams Cogan est le spécialiste du Nigeria pour la section états-unienne d’Amnesty International.

[RESUME] Les violences inter religieuses au Nigeria qui ont suivi la publication d’un article d’une journaliste chrétienne affirmant que le prophète Mahomet aurait pu choisir une épouse parmi les participantes du concours Miss Monde éclairent dramatiquement les tensions sociales au Nigeria, pays fédéral dans lequel plusieurs Etats ont rétabli la sharia.
Le gouvernement du Nigeria a cependant la possibilité de démontrer le visage compatissant de l’Islam, sans pour autant revenir sur le droit de chaque État à promulguer ses propres lois. Le président Obasanjo peut respecter la sharia, tout en faisant respecter les traités internationaux qu’a signé son pays, en amorçant un dialogue avec les représentants modérés des tribunaux appliquant la loi coranique. En s’appuyant sur les exemples des pays musulmans qui ont réussi à concilier l’existence d’un gouvernement séculier, de l’application de la sharia et des traités internationaux, il peut montrer que cette coexistence est possible et qu’il ne cherche pas à attaquer le système judiciaire mis en place.
En effet, la loi coranique est complexe, offre un grand nombre d’options et beaucoup de ses tribunaux, plus tournés vers la compassion et la pitié, évitent de prononcer des peines de mort ou de lapidations, comme on en a vu au Nigeria contre des femmes ayant eu des enfants sans être mariées. En conservant le modèle de sharia le plus dur, les défenseur de ce système le présentent comme une justice ultra répressive et non comme un système compatible avec les traités internationaux et une gouvernement séculier, ce qu’il peut pourtant être.