« L’administration américaine est un animal sauvage sanguinaire »

The American administration is a bloodthirsty wild animal
The Daily Telegraph (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Harold Pinter est un acteur, réalisateur, metteur en scène et écrivain britannique renommé. Il s’est engagé contre l’impérialisme états-unien. Cet article est extrait d’un discours lu lors de la remise d’un titre honorifique à l’université de Turin.

[RESUME] Le monde vit dans le cauchemar d’une Amérique hystérique, ignorante, arrogante, stupide et belliqueuse qui est entrée en guerre contre le reste du monde. L’Amérique développe des armes de destruction massive, est prête à les utiliser et bafoue les traités internationaux sur les armes chimiques et bactériologiques tout en reprochant hypocritement à d’autres pays de faire de même. Elle croit que les 3000 morts états-uniens du 11 septembre sont les seuls morts qui comptent et elle les instrumentalise pour justifier son attitude internationale. En revanche, elle a oublié les 200 000 morts du Timor et les 500 000 morts d’Amérique latine qu’elle a inspiré, ainsi que les millions de morts du Vietnam, du Laos et du Cambodge qu’elle a directement provoqué. Le reste du monde, lui, n’oublie pas ces morts et les attentats de New York étaient une revanche prévisible contre le terrorisme d’État systématique des États-Unis.
Aujourd’hui, on demande à la population britannique d’être vigilante face à la menace d’une attaque terroriste, comme si la vigilance d’une population pouvait changer quoi que ce soit. Ces menaces terroristes contre notre pays sont la conséquence logique de la soumission honteuse de Tony Blair à l’Amérique et si une telle attaque doit avoir lieu, le Premier ministre en portera l’entière responsabilité. La guerre en Irak est, en fait, un plan prémédité d’assassinat de milliers d’Irakien pour soi-disant les sauver de leur dictateur.
Cette guerre n’aura pas pour seule raison le contrôle du pétrole irakien mais également le fait que l’Amérique est désormais un animal sanguinaire ayant les bombardement comme seul langage. Beaucoup d’Américains commencent à le comprendre.
Aujourd’hui, seule l’Europe a l’intelligence, le courage et la solidarité nécessaire pour s’opposer à l’Amérique et elle doit tout mettre en œuvre pour lui résister.

« Ce n’est pas de la paranoïa, soyez vraiment effrayés »

It’s Not Paranoia : Be Very Afraid
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Norah Vincent est écrivain et membre de la Foundation for the Defense of Democracies, un think tank néo-conservateur créé par James Woolsey après le 11 septembre.

[RESUME] Certains intellectuels américains et vedettes d’Hollywood pensent que la guerre au terrorisme est une ruse permettant de maintenir la population dans la peur afin que le gouvernement puisse agir à sa guise et se maintenir au pouvoir. Ils pensent que le traitement de ce sujet par le film Bowling for Columbine du provocateur Michael Moore était juste.
La question « Pourquoi avons nous peur ? » est pourtant stupide. Si nous avons peur, c’est parce qu’il y a à peine plus d’un an, des terroristes nous ont attaqué sur notre propre sol en causant une catastrophe.
Le terrorisme islamiste est une combinaison mortelle d’objectif génocidaire et d’actions qu’on ne peut prévenir. Al Qaïda veut annihiler les « Occidentaux infidèles » et est très proche d’en avoir les moyens puisqu’on sait qu’ils testent des gaz meurtriers et qu’ils cherchent à obtenir du matériel nucléaire. De plus Al Qaïda est une structure dispersée, par conséquent quasiment impossible à traquer et qu’on ne pourra peut-être pas arrêter. Le danger que ce réseau représente est apocalyptique et la diaspora terroriste est partout, autour et parmi nous.
Nous ne sommes plus dans la Guerre froide, nous sommes dans une situation pire encore. Pourtant, les gauchistes continuent d’être aussi insouciants vis-à-vis de cette menace qu’ils le furent face au danger des espions communistes.

[CONTEXTE] Le 10 décembre, une centaine de personnalités holywoodiennes, coordonnées par Mike Farrell et Martin Sheen sous l’étiquette « Les artistes associés pour vaincre sans la guerre », ont publié une lettre ouverte à George W. Bush contre la guerre en Irak. Susan Sarandon, Kim Basinger, Matt Damon, Helen Hunt, David Duchovny et Gillian Anderson figurent parmi les premiers signataires. L’amiral Eugene Carroll Jr et l’ancien ambassadeur états-unien en Irak, Edward Peck se sont joints à eux.

« Kissinger, l’investigateur »

Kissinger, the investigator
Al-Ahram Weekly (Égypte)

[AUTEUR] Ayman El-Amir est ancien correspondant d’Al-Ahram à Washington. Il a été directeur de la radio-télévision de l’ONU à New York.

[RESUME] La nomination d’Henry Kissinger à la tête d’une commission d’enquête sur les erreurs commises par les agences gouvernementales états-uniennes pour prévenir les attentats du 11 septembre a fait couler beaucoup d’encre en raison du passé de ce personnage, expert en mensonges et en manipulations.
Cette commission d’enquête aura accès à tous les documents et pourra interroger tous les responsables politiques actuels et passés, y compris George W. Bush et Bill Clinton. Avec un mandat aussi puissant, Kissinger a la possibilité de couronner sa carrière par un rapport dont les conclusions peuvent transformer la direction et la conduite de la politique étrangère américaine.
En effet, la commission devra inévitablement tenter d’apporter une réponse à la question « Pourquoi nous détestent-ils ? » et donc se pencher sur les conséquences de la domination états-unienne sur le monde. S’interroger sur les raisons du terrorisme pourrait rendre la politique étrangère états-unienne plus morale ce qui, à long terme, pourrait être plus utile contre le terrorisme qu’un nouveau département à la Sécurité de la Patrie.
Mais pour arriver à un tel résultat, il faudrait que la commission Kissinger soit aussi indépendante et agressive que l’ancien conseiller de sécurité nationale ne le laisse entendre, ce dont même les Américains doutent. Se penchera-t-elle sur les liens entre la CIA et les mouvement islamistes d’Afghanistan dont sont issus Al Qaïda ? sur l’occupation israélienne de la Palestine qui a généré tant de terroristes ?
C’est un lieu commun de dire que quand les vieux dirigeants politiques sont arrivés au sommet de leur carrière, ils pensent à la place qu’ils laisseront dans l’histoire. Kissinger a aujourd’hui la possibilité d’éclairer différemment une carrière très controversée, la saisira-t-il ?

[CONTEXTE] Le Réseau Voltaire a consacré un article à la nomination d’Henry Kissinger à la tête de la commission d’enquête sur le 11 septembre : « Le retour d’Henry Kissinger »

« La Turquie dans l’Union européenne, résolument »

La Turquie dans l’Union européenne, résolument
Le Monde (France)

[AUTEUR] Abdullah Gül est Premier ministre de la Turquie.

[RESUME] Au sommet de Copenhague, les 12 et 13 décembre, sera fixée une date définitive et imminente pour l’ouverture des négociations entre l’UE et la Turquie venant pérenniser des relations de plus de 40 ans.
La Turquie a déployé tous les efforts nécessaires pour garantir son processus d’adaptation aux normes de l’UE avec pour priorité les réformes politiques. De profondes transformations législatives garantissent désormais la liberté d’expression, de la presse et la fin de la torture dans notre pays. Les réformes économiques ont mis en place les fondations capables de soutenir l’adaptation et la croissance.
Le gouvernement que je dirige est un gouvernement de réforme et va encore accentuer les transformations du pays ce qui, à terme, lui permettra même de dépasser les normes en vigueur dans certains pays de l’UE. C’est pourquoi, une date ferme pour l’ouverture des négociations aura des implications positives sur un large éventail de domaines pour la Turquie et l’Union en marquant un soutien à la politique de réforme.
L’adhésion est soutenue par une large majorité de la population turque. Toutes autres solutions adoptées à Copenhague que de proposer à la Turquie une date ferme d’ouverture des négociations ne satisferaient pas les attentes de mon gouvernement ou de mon peuple. Mon pays agit et réagit en Européen et contribue depuis plus de 50 ans à la sécurité du continent en tant que membre de l’OTAN. En intégrant la Turquie, l’Union fera valoir la crédibilité de ses valeurs et jouera un plus grand rôle dans la résolution des conflits régionaux, devenant ainsi une véritable puissance globale.

« Contre-révolution en Turquie »

Contre-révolution en Turquie
Libération (France)

[AUTEUR] Erol Ozkoray est journaliste et ancien éditeur de la revue Idea politika.

[RESUME] La victoire des islamistes en Turquie est la plus grande menace qu’ait connu l’État turc depuis sa création en 1923 puisque le programme contre-révolutionnaire de l’AKP met en cause les trois pilier du pays : la république, la laïcité et le kémalisme. Cette victoire électorale a été rendue possible par le déficit démocratique de la Turquie, l’omniprésence de l’armée dans la vie politique, la faillite économique et la bipolarisation voulue par l’ancienne majorité. Ce parti espère ainsi pouvoir réaliser son programme : transformer le pays en une république islamique ennemie de l’Occident et du monde chrétien.
La population turque et européenne néglige ce risque de dérive en raison de la désinformation qui sévit et qui laisse penser que l’AKP est un parti modéré qui peut évoluer en parti musulman démocrate, sur le modèle des partis chrétiens démocrates européens. Malheureusement, l’islam n’est pas le christianisme et son adaptation au système politique entraîne nécessairement la création d’un régime totalitaire.
Toutefois, l’AKP n’a le pouvoir que nominalement et, c’est encore l’armée qui détient les rennes. L’interdiction du parti par la Cour constitutionnelle est d’ailleurs probable. Nous nous acheminons donc doucement vers un « coup d’État post-moderne », comme en 1997, qui renverserait ce parti doublement illégitime. En effet, premièrement il n’a recueilli que 34 % des voix lors d’une élection durant laquelle, malgré l’obligation de vote, 12 des 40 millions d’électeurs turcs se sont abstenus, en signe de protestation contre le système des partis. Deuxièmement, il professe une philosophie politique en contradiction avec les valeurs de la Turquie et de la grande majorité de sa population. En élisant l’AKP, le peuple turc s’est trompé comme les Allemands avant eux en 1933.
Aujourd’hui, l’Union Européenne, qui est instrumentalisée par les islamistes afin d’éviter l’interdiction du parti, ne doit pas se laisser faire. Ce n’est pas cette Turquie-là, autoritaire, oligarchique et, aujourd’hui, islamiste qui mérite d’obtenir une date d’ouverture des négociations d’adhésion à Copenhague. Il faut d’abord démocratiser le pays et ce n’est qu’ensuite que la Turquie pourra entrer dans l’Union. Fixer une date maintenant, ce serait soutenir l’action des Khomeyni à la turque.

« Afrique : un chaos désespérant »

Afrique : un chaos désespérant
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Jean-Paul Ngoupande est ancien Premier ministre centrafricain et ancien ambassadeur en Côte d’Ivoire. Il est l’auteur de L’Afrique sans la France (Albin Michel, Paris, 2002).

[RESUME] Après la Somalie, le Rwanda, la république démocratique du Congo, le Congo Brazzaville, le Burundi, la Sierra Leone et l’Angola, nous pensions, nous Africains et partenaires extérieurs, que le pire était derrière nous. Pourtant, aujourd’hui, le cauchemar recommence en Côte d’Ivoire : ce pays moteur de l’Afrique se disloque. Dans le même temps, la Centrafrique a replongé dans ses convulsions désormais coutumières. Le président Ange-Félix Patassé, ne disposant plus de soutien à l’intérieur du pays, a fait appel à des soudards venus de la République démocratique du Congo pour conserver le pouvoir. Ces hommes ont commis des atrocités dans le pays, et notamment des viols de masse de petites filles de 8 ou 10 ans.
La responsabilité des dirigeants africains dans les drames connus par le continent est immense. La plupart se comportent comme des chefs de clans ou d’ethnies plutôt que comme des chefs d’État. Ils sont prêts à tous les crimes pour accéder au pouvoir ou le conserver. Ils ont perdu les idéaux des pères de l’indépendance africaines qu’étaient N’Krumah, Houphouët, Boganda, Senghor ou tant d’autres. Tous les dirigeants africains n’ont, certes, pas perdu de vu l’intérêt national, mais les seigneurs de guerre ont encore de beaux jours devant eux grâce à leur instrumentalisation du fait ethnique pour pervertir les processus démocratiques.
Quand les Balkans ont connu des dérives similaires à celles que connait l’Afrique, l’Union Européenne et les États-Unis ont pris le taureau par les cornes et imposé une pax europeana, puissamment soutenu par une pax americana à vocation planétaire. L’Afrique n’a pas le privilège de bénéficier d’une pax franca : elle n’est pas un enjeu qui en vaille la peine.

« Mieux vous êtes informé, plus vos chances de succès sont grandes »

The better informed you are, the greater our chances of success
The Independant (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Kofi Annan est secrétaire général de l’ONU. Cette tribune est extraite de son discours prononcé lors du 70ième anniversaire du BBC World Service.

[RESUME] Dans les dernières années, nous avons vu des gouvernements, de grandes entreprises et d’autres lieux de pouvoir contraints de reculer et de repenser leurs politiques sous la pression de la société civile. C’est grâce à cela que, de par le monde, l’environnement a été moins dégradé et la dette de certains pays pauvres a été annulés ou recalculés. Rien de cela n’est possible sans la lutte commune de milliers et de milliers de personnes travaillant de concert et c’est de ce genre de mouvements dont nous avons besoin à l’ONU pour atteindre nos Objectifs pour le millénaire.
Ces actions ne sont pas possibles sans la connaissance. Car le savoir, c’est le pouvoir. L’ONU veut donner aux peuples du monde plus de pouvoir et mieux vous serez informés plus vous aurez de chances d’atteindre vos buts. Ceux qui nous fournissent une information claire et honnête sont nos meilleurs alliés.