« Nos discussions nucléaires nous mettent gravement en péril »

Our Nuclear Talk Gravely Imperils Us
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Edward M. Kennedy, frère de l’ancien président John F. Kennedy, est sénateur Démocrate du Massachusetts.

[RESUME] Les rapports selon lesquels l’administration Bush étudie la possibilité d’utiliser l’arme atomique en Irak sont alarmants. Cette guerre n’est plus seulement la mauvaise guerre au mauvais moment, elle porte désormais en elle le risque que tout contrôle de la situation soit perdu. L’usage catastrophique de frappes nucléaires est malheureusement en adéquation avec les vues que George W. Bush a exposées l’année dernière et avec le dédain de l’administration pour les normes internationales.
Le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld a demandé à l’US Strategic Command d’étudier les plans pour l’usage d’armes nucléaires dans de nouvelles missions, y compris en Irak, pour détruire des bunkers souterrains. L’utilisation de telles armes annihilerait la limite tracée entre les armes conventionnelles et les armes nucléaires en raison de son utilisation contre une nation non-nucléaire. Par leur potentiel destructeur, ces armes sont uniques et c’est pourquoi elles ont été différenciées de l’armement conventionnel et des autres alternatives militaires. Elles ne doivent être utilisées que si l’existence de la Nation elle-même est en jeu. Notre armée est la plus puissante du monde et nous avons de nombreuses armes conventionnelles sophistiquées dont l’utilisation est suffisante pour gagner la guerre.
En étudiant l’utilisation d’une arme nucléaire contre l’Irak, l’administration Bush renforce sa réputation unilatéraliste, fait croître l’anti-américanisme, ce qui est la dernière chose dont nous avons besoin dans la guerre au terrorisme, et encourage la prolifération nucléaire.

« Reprendre l’ONU »

Take back the U.N.
Washington Times

[AUTEUR] Nancy E. Soderberg est membre du groupe de travail indépendant Enhancing U.S. Leadership at the United Nations (télécharger leur rapport) co-fondé par le Council on Foreign Relations et la Freedom House. Elle a été ambassadrice états-unienne à l’ONU (1997-2001).

[RESUME] L’ONU, en élisant la Libye à la tête de la commission des Droits de l’homme, a fait preuve une fois de plus de son irresponsabilité. Depuis la fin de la guerre froide, l’importance des régimes dictatoriaux ou ne respectant pas les Droits de l’homme n’a cessé de croître à l’ONU. Ainsi, l’Assemblée générale des Nations Unies a souvent voté des textes condamnant Israël, mais pas des régimes plus brutaux.
Le groupe de travail Enhancing U.S. Leadership at the United Nations travaille pour trouver des solutions et des modes de fonctionnement au bénéfice des États-Unis et de l’ONU. Il estime que la situation actuelle est en partie dûe au système de nomination tournante à la tête des commissions par groupes géographiques, ce qui favorise beaucoup trop les dictatures.
De plus, l’action d’obstruction de l’anachronique groupe des pays non-alignés a un effet souvent profitable aux dictatures. Il faut donc, pour faire contrepoids, créer un groupe des démocraties à l’ONU qui aura pour but de faire avancer les principes démocratiques, les Droits de l’homme et combattra le terrorisme.
Si ce groupe avait été créé plus tôt la guerre au terrorisme et le désarmement de l’Irak auraient avancés plus vite. Avec une direction forte et visionnaire, ces démocraties peuvent permettre à l’ONU de répondre aux grands enjeux d’aujourd’hui.

« Les Cowboys sont les bienvenus au Kurdistan »

Cowboys Welcome in Kurdistan
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Mary Ann Smothers Bruni est pédiatre.
Elle est l’auteur de Journey Through Kurdistan et vit actuellement au Kurdistan irakien où elle écrit un livre sur le développement de cette région depuis 1991.

[RESUME] Le Kurdistan irakien, contrairement à l’Europe, souhaite l’arrivée des « cowboys » en Irak et la grande peur de la population est que l’Amérique renonce à la guerre.
En 12 ans de liberté, les Kurdes, Turkmens et Assyriens de la zone d’exclusion aérienne du Nord de l’Irak ont reconstruit ensemble la quasi-totalité des 4000 villages rasés par Saddam Hussein et ont commencé à installer une démocratie. Ils ont également, grâce au programme pétrole contre nourriture de l’ONU, réussi à améliorer sensiblement le sort des populations locales. Tout ceci est malheureusement fragile et cet équilibre est menacé par les troupes turques au Nord, celles de Saddam Hussein au Sud et, à l’intérieur de la zone, par les mouvements islamistes du groupe Halabaja. C’est pourquoi la population espère une intervention rapide, comme le prouvent les spéculations sur le dinar local.
Aujourd’hui, les Kurdes ne craignent que deux choses : les armes chimiques irakiennes, contre lesquelles ils ont peu de moyens de lutter, et que l’Amérique les utilise puis les abandonne.

« Les résultats sont tombés et la paix perdue »

The Results Are in, and Peace Lost
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Gadi Taub est l’auteur de A Dispirited Rebellion : Essays on Contemporary Israel Culture et donne des cours de communication à l’Hebrew University de Jérusalem.

[RESUME] La défaite de Mitzna hier en Israël est la défaite de la paix et la victoire conjointe d’Ariel Sharon et de Yasser Arafat, deux hommes qui ont empêché leur peuple d’atteindre leurs objectifs pacifiques.
Mitzna, en proposant le retrait des troupes israéliennes unilatéralement et en défendant la création d’un État palestinien, avait bien compris qu’il ne s’agissait pas là d’une concession, mais d’une nécessité pour la survie d’Israël. Sans la solution des deux États, les juifs deviendront minoritaires en Israël et ce pays disparaîtra. Yasser Arafat a bien compris cela également et c’est pourquoi il adopte un discours si ambigu vis-à-vis du terrorisme afin de favoriser Sharon.
Sharon a lui aussi un double langage. Il parle de paix pour rassurer l’électorat centriste et les États-Unis, mais dans le même temps il encourage le développement de colonies et agite la menace terroriste pour cacher ses erreurs politique. Ainsi, Ariel Sharon n’a toujours pas appliqué la mesure simple qui limiterait les attaques terroristes en Israël : la construction d’une barrière autour des territoires palestiniens en Cisjordanie. Si Sharon refuse cette construction, c’est parce qu’il sait que cette barrière pourrait devenir une frontière et que les colonies de l’autre côté devraient être abandonnées.
La création d’un État palestinien est pourtant la condition obligatoire à la survie d’Israël en tant qu’État juif et démocratique, situation qui exige que les juifs soient majoritaires. Si Israël n’abandonne pas les territoires palestiniens, soit il cessera d’être une démocratie pour devenir un régime d’apartheid, soit il cessera d’être un État juif, dans les deux cas, le sionisme mourra.
Espérant tous deux vaincre l’autre, Sharon et Arafat refusent donc une solution fondée sur les frontières d’avant 1967. Pourtant sans la partition, ni les Palestiniens ni les Israéliens n’auront leur propre État.

« Parole de soldat »

Parole de soldat
le Figaro (France)

[AUTEUR] Kofi Yamgnane est ancien secrétaire d’État à l’intégration (1991-1993) et ancien député du Finistère.

[RESUME] En juillet 1999, le général Eyadéma avait déclaré devant le président Chirac et moi-même : « En 2003, à la fin de mon mandat, j’irai me reposer au village. Non seulement la Constitution ne sera pas révisée, mais mieux, je la respecterai : on ne fait pas une loi à la taille d’un homme. Parole de soldat ! ».
Aujourd’hui, malgré sa promesse, le président togolais, rêvant peut-être du pouvoir à vie dans son pays, espère modifier la Constitution pour rester au pouvoir. Il veut également empêcher ses principaux concurrents de solliciter les suffrages du peuple togolais suivant un modèle mis en place par le trio Bédié-Gbagbo-Gueï pour empêcher Ouattara de se présenter en Côte d’Ivoire, avec les conséquences que l’on sait. On connaît pourtant le bilan de 36 ans de règne d’Eyadéma : accélération du sous-développement, libertés fondamentales individuelles et collectives bafouées, inexistence de la démocratie et de l’État de droit… En trahissant sa parole, le président togolais trahit aussi sa culture tant la dimension orale et le respect des anciens est grand en Afrique.
Il faut qu’Eyadéma renonce à ses projets et rétablisse l’accord-cadre de Lomé. C’est le seul moyen d’éviter la déstabilisation du Togo et Jacques Chirac, par son influence sur le président du Togo peut le persuader de respecter la loi afin d’éviter un scénario à l’ivoirienne.