Le quasi-monopole de la gauche sur la fabrication de l’opinion et de l’information subit un coup d’arrêt liés à trois changements majeurs qui ont injecté les idées conservatrices au cœur des discussions.
Le premier événement a été l’émergence des télévisions câblées et principalement Fox News de Rupert Murdoch, une chaîne dont l’audience n’a cessé de croître depuis 1996 avant de monter en flèche le 11 septembre et d’être mise sur orbite par la Guerre d’Irak. Cette station d’information au discours conservateur est la première source d’information de 22 % des Américains, dont 32 % de centristes et 18 % de libéraux. Dans le même temps, on a vu se développer des émissions satiriques, comme « South Park », dont la vulgarité heurte les conservateurs mais dont la première cible sont les libéraux. Ces séries sont regardées par des jeunes, génération où l’on compte plus de soutien à la politique de l’administration Bush que chez leurs aînés, qui détestent le politiquement correct et soutiennent la politique étrangère actuelle.
L’autre bouleversement est le développement des sites Internet d’information qui ont contribué à casser le monopole des libéraux sur l’information. Parmi ces sites, les sites conservateurs ont une large audience et touchent surtout de jeunes lecteurs. Ces sites parviennent à déclencher des mouvements d’opinions qui sont, notamment, parvenus à faire annuler la diffusion d’une mini-série sur Ronald Reagan que les conservateurs jugeaient injuste avec l’ancien président.
Le troisième bouleversement vient du monde de l’édition où les conservateurs n’ont plus les difficultés qu’ils rencontraient à se faire éditer. Beaucoup pensent q’il s’agit d’une conséquence du 11 septembre mais cela est surtout une résultante des succès en librairie des ouvrages soutenus par les télévisions et les radios conservatrices. On assiste donc à l’émergence d’une sphère d’information non-libérale et cela va rendre les États-Unis plus conservateurs.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Culture Clash », par Brian C. Anderson, Los Angeles Times, 23 novembre 2003.