Je m’étais rendu en Turquie en 1987 avec 150 rabbins pour assister à l’inauguration de la nouvelle synagogue Neveh Shalom, un an après que des Palestiniens y eurent tué 22 personnes. Nous avions été accueilli par l’armée turque, lourdement armée. Elle nous avait affirmé que nous étions les bienvenus dans un pays où les juifs étaient des citoyens comme les autres. Elle nous avait aussi distribué à tous un texte donnant la version turque de la question arménienne et niant la responsabilité d’Ankara dans le massacre d’un million d’Arméniens durant la Première Guerre mondiale.
Aujourd’hui, les attentats ont repris et frappé la même synagogue. J’ai vu que Lina Filiba, la vice-présidente de la communauté juive turque critiquait le traitement de ces attentats par le Jerusalem Post. Elle estimait que ce journal avait trop insisté sur les morts juives alors qu’en Turquie ces attentats sont considérés comme une tragédie nationale et que ce sont avant tout des Turcs qui ont été tués. Elle pensait qu’en présentant les attentats comme des attaques contre des juifs, plutôt que comme des attentats contre les Turcs, on nourrissait l’antisémitisme. En affirmant cela, cette responsable essaye de se rassurer elle-même. Les discours vantant la bonne intégration des populations juives dans le pays me rappellent toujours ceux entendus chez les juifs irakiens sous Saddam Hussein, en Iran ou en URSS, même si je sais que les juifs turcs sont bien traités par leurs hôtes.
Il ne faut cependant pas occulter que nous sommes devenus des cibles partout dans le monde parce que nous sommes juifs. C’est pourquoi le seul pays où nous sommes en sécurité, c’est Israël.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« Time to come home », par Stewart Weiss, Jerusalem Post, 10 décembre 2003.