La CIA rend un rapport prospectif sur l’état du Proche-Orient en 2020

Un rapport de la CIA publié cette semaine prédit que la mort du président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, pourrait provoquer une succession d’événements dont le point culminant serait un accord de paix final entre Israéliens Palestiniens.
Les estimations de l’agence de renseignement mettent en doute la probabilité que se matérialise un accord de paix avant 2020. Néanmoins, si un accord israélo-palestinien autour d’une « paix froide » venait à rencontrer un soutien d’une majorité de Palestiniens, cela constituerait l’évolution la plus significative dans la région depuis l’établissement de l’État d’Israël en 1948, améliorerait l’attitude du monde arabe vis-à-vis des États-Unis et éliminerait un prétexte auquel ont recours les pays arabes pour éviter d’appliquer des réformes politiques.
Ce rapport a été élaboré par le National Intelligence Council, qui opère sous la direction du directeur de la CIA, George Tenet. Le président de l’Intelligence Council, l’ambassadeur Robert Hutchings, participe également aux discussions du Conseil de sécurité nationale. Cet organisme fournit les évaluations stratégiques à court et moyen terme pour les États-Unis, et a récemment travaillé sur les développements possibles dans différentes régions du monde d’ici à 2020. Dans la section du rapport consacrée au Proche-Orient, les rédacteurs mettent en garde contre la possibilité d’une guerre entre Israël et la Syrie, ou un autre État arabe. Dans un tel conflit, des armes non-conventionnelles (biologiques, chimiques ou même nucléaires) pourraient être utilisées. Il aurait pour conséquence d’éradiquer l’assouplissement de la position arabe vis-à-vis des États-Unis et ferait dérailler le processus de paix israélo-palestinien. Une nouvelle déroute arabe face à Tsahal pourrait également provoquer une remise en cause par les populations arabes de la viabilité de leurs régimes politiques.
Le rapport mentionne singulièrement le cas de l’Arabie saoudite et de l’Égypte. Selon les auteurs, l’établissement d’un régime radical au Caire pourrait nuire gravement aux relations pacifiques que le pays entretient avec Israël. Les groupes politiques islamistes devraient en effet dépasser par leur ampleur les mouvements séculaires que furent le nassérisme et le marxisme. Il est néanmoins déraisonnable d’envisager que le régime islamique d’un pays comme l’Arabie saoudite puisse durer : quels que soient les difficultés pour prévoir ce que pourrait devenir ce pays, les experts de la CIA estiment plausible qu’un changement intervienne. L’Iran devrait également changer de manière significative d’ici à 2020, devenant plus libéral et plus démocratique.
L’une des conséquences de ces modifications réside dans le fait que le recours au terrorisme deviendra de plus en plus dirigé vers des cibles intérieures, dans les pays arabes.